Les explosions, qui ont fait au moins 84 morts, se sont produites alors que l’Iran et ses alliés chiites célébraient la mémoire du général Qassem Soleimani, tué en janvier 2020 à Bagdad dans une attaque de drone américain. Le pays a décrété jeudi une journée de deuil après cet attentat.
EXPLOSIONS – Quelque 84 personnes ont été tuées et 284 autres blessées dans une double explosion mercredi près de la tombe du général iranien Qassem Soleimani, qui était l’architecte des opérations militaires iraniennes au Moyen-Orient et dont l’Iran célèbre le quatrième anniversaire de la mort, a rapporté un média d’État. Les faits se sont déroulés près de la mosquée Saheb al-Zaman, où se trouve la tombe du général Soleimani, à Kerman, dans le sud de l’Iran. Une foule compacte composée de représentants du régime et d’anonymes y était rassemblée pour une cérémonie commémorative.
«Réponse sévère»
L’attaque, non revendiquée dans l’immédiat, a été rapidement qualifiée d’acte «terroriste» par Rahman Jalali, adjoint au gouverneur de la province de Kerman, dans le sud de l’Iran. Une journée de deuil aura lieu jeudi, a indiqué la télévision d’État.
«Les ennemis diaboliques et criminels de la nation iranienne ont une nouvelle fois provoqué un désastre et transformé en martyrs un grand nombre de personnes de notre peuple à Kerman», a déclaré dans un communiqué le guide suprême de la Révolution islamique, Ali Khamenei : «Cette catastrophe connaîtra une réponse sévère, si Dieu le veut».
Un conseiller de la présidence iranienne a de son côté accusé Israël et Washington mercredi soir. «Washington affirme que les États-Unis et Israël n’ont joué aucun rôle dans l’attentat terroriste de Kerman, en Iran. Vraiment ? Un renard ne sent pas sa propre odeur», a écrit Mohammad Jamshidi sur X (ex-Twitter). «La responsabilité de ce crime incombe aux régimes américain et sioniste, et le terrorisme n’est qu’un outil», a-t-il affirmé.
Qassem Soleimani avait été tué en janvier 2020, à l’âge de 62 ans, lors d’une attaque de drone américain en Irak. Homme clé du régime iranien, il était également l’une des personnalités publiques les plus populaires du pays. Dans un message envoyé à son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, et à l’ayatollah Ali Khamenei, Vladimir Poutine a condamné un attentat «choquant par sa cruauté», ajoutant que «l’assassinat de personnes pacifiques visitant un cimetière est choquant par sa cruauté et son cynisme».
Bombe télécommandée
Selon l’agence locale Tasnim, qui cite des sources bien informées, les explosions ont été provoquées par des «bombes dissimulées dans deux sacs». «Les auteurs des faits ont apparemment activé les bombes via une télécommande», selon la même source. L’agence Isna, qui cite le maire de Kerman, Said Tabrizi, explique que les explosions se sont produites à dix minutes d’intervalle.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des participants tentant désespérément de quitter le site alors que le personnel de sécurité bouclait la zone. Sur d’autres vidéos, on peut voir des personnes courantes, paniquées et désorientées. Peu après les explosions, des secouristes étaient à pied d’œuvre sur place. De nombreuses ambulances étaient également sur les lieux.
«Martyr vivant»
Qassem Soleimani dirigeait la Force Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran, supervisant les opérations militaires dans l’ensemble du Moyen-Orient. Déclaré «martyr vivant» par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, alors qu’il était encore en vie, Soleimani était considéré comme un héros pour son rôle dans la défaite du groupe djihadiste État islamique en Irak et en Syrie. Aux yeux de nombreux Iraniens, ses prouesses militaires et stratégiques ont permis d’éviter la désintégration multiethnique de pays voisins tels que l’Afghanistan, la Syrie et l’Irak.
Longtemps considéré comme un ennemi juré par les États-Unis et leurs alliés, Soleimani a été l’un des plus importants fondés de pouvoir de la région, fixant l’agenda politique et militaire de l’Iran en Syrie, en Irak et au Yémen, selon des observateurs.
Maderpost / Le Figaro