« Le drapeau canadien a 60 ans aujourd’hui ! De la Coline du Parlement à Ottawa aux rues dynamiques de Dakar, ce puissant symbole de paix, de diversité et d’unité continue de raconter l’histoire du Canada. A notre drapeau ! », écrit ce samedi 15 février 2025 sur sa page Facebook l’ambassade du Canada au Sénégal. Retour sur l’histoire de l’unifolié.
CANADA – C’est le symbole du Canada mais connaissez-vous son histoire? Notre drapeau a été hissé pour la première fois sur la Colline du Parlement le 15 février 1965, il y a 60 ans. Le coup d’envoi des célébrations a été donné ce vendredi (14 février) matin sur la patinoire du Canal Rideau à Ottawa, en compagnie d’athlètes olympiques et paralympiques. Entrevue avec Stéphanie Milligan, gestionnaire de Cérémonial d’État et protocole à Patrimoine Canadien.
Il flotte au sommet de la Tour de la Paix sur la Colline du Parlement et au-dessus des maisons, des entreprises et des immeubles fédéraux du pays. Les cargos et les navires de la Garde côtière le hissent en mer. Des générations de voyageurs canadiens l’ont cousu à leur sac à dos, proclamant ainsi leur fierté nationale au reste du monde.

Reconnaissable entre tous, l’unifolié canadien célèbre son 60e anniversaire le 15 février 2025 avec une illumination de la Tour de la Paix de l’édifice du Centre et de l’édifice du Sénat du Canada, ainsi que le lancement d’une nouvelle exposition d’œuvres d’art dans ce dernier.
Difficile d’imaginer autre chose que l’unifolié comme emblème du Canada. Pourtant, pendant plus d’un siècle, ce sont l’Union Jack et le Red Ensign qui ont servi de drapeau à notre pays.
Dans les années 1950, tandis que le Canada s’imposait de plus en plus comme une force diplomatique sur la scène internationale, la crise du canal de Suez a soudainement fait du drapeau adoptif du Canada un enjeu international.
En 1956, l’Égypte a pris le contrôle du canal de Suez, une voie de navigation essentielle qui relie la mer Méditerranée à l’océan Indien. Les actionnaires du projet – la Grande-Bretagne et la France – ainsi qu’Israël, ont réagi en envahissant le pays.
Le secrétaire d’État aux Affaires extérieures du Canada, Lester B. Pearson, réussit à négocier un accord de paix, accord qui lui vaudra le prix Nobel de la paix plus tard. Il a proposé qu’une force de maintien de la paix des Nations Unies – la première de l’histoire – soit déployée entre les armées opposées.
Le seul problème, c’est que l’Égypte s’oppose à la présence des troupes canadiennes, car elle associe le Red Ensign de leur uniforme à la force d’occupation britannique.
Bref, le pays qui avait inventé les missions de maintien de la paix n’était pas le bienvenu uniquement en raison de son drapeau.
Le Red Ensign devenait également un problème dans le pays.
Les sondages montrent que les Canadiens se rallient de plus en plus à l’idée d’avoir un drapeau proprement canadien.
Et quel meilleur symbole que la feuille d’érable pour faire l’unanimité? Célébrée dans la chanson patriotique The Maple Leaf Forever (version anglaise) en 1867, la modeste fronde faisait partie des armoiries du Québec et de l’Ontario depuis 1868, et de celles du Canada depuis 1921.
Alors chef de l’opposition, Lester B. Pearson fait campagne en 1963 en promettant de trouver une solution à la question du drapeau à temps pour les célébrations du centenaire du pays, en 1967.
Une fois au pouvoir, il ramène ce dossier à l’avant-plan et un comité parlementaire a été créé pour étudier les alternatives possibles.
Le comité reçoit plus de 3 500 propositions. Du nombre, il retient trois finalistes.
Le favori du Premier ministre, que l’on surnomme « le fanion de Pearson », compte trois feuilles d’érable flanquées de barres bleues.
La proposition de George Stanley, qui est alors doyen des arts du Collège militaire royal de Kingston, en Ontario, s’ajoute à la dernière minute. S’inspirant du drapeau du Collège, M. Stanley propose une seule feuille d’érable rouge sur fond blanc, flanquée de barres rouges.
Le 22 octobre 1964, le comité adopte le concept de M. Stanley à l’unanimité. Mais pour le drapeau, l’aventure ne fait que commencer.
C’est ici qu’entre en scène l’artiste graphique Jacques St-Cyr, qui travaille alors à la commission des expositions du gouvernement fédéral. M. St-Cyr soumet le drapeau à des essais en soufflerie afin de voir s’il garde bonne apparence même de loin. Il raffine alors le concept d’origine en remplaçant la feuille d’érable à 13 pointes par celle à 11 pointes que nous utilisons encore aujourd’hui.
Le drapeau révisé est soumis à la Chambre des communes, ce qui donne lieu à une nouvelle série de débats animés et parfois enflammés. Certains députés tiennent à ce qu’on garde les symboles évoquant les origines britanniques et françaises du Canada, alors que d’autres sont favorables à un symbole uniquement canadien.
Le 15 décembre 1964, après quelque 250 discours, le gouvernement Pearson met fin de force au débat. Les députés adoptent l’unifolié à 163 voix contre 78.
La question est renvoyée au Sénat dès le lendemain, mais là aussi, les opinions sont divisées.
« Non seulement supprime-t-il tout ce qui commémore l’apport britannique », a déclaré le sénateur Grattan O’Leary à propos de l’unifolié, « mais il supprime aussi les exploits glorieux des découvreurs et des fondateurs français de notre pays. »
D’autres y voient au contraire un avantage
« Le Canada n’est le vassal d’aucun autre pays », a dit le sénateur Léon Mercier Gouin. « Mais aussi longtemps que nous arborons l’Union Jack ou le Red Ensign, l’étranger en conclut que nous ne sommes pas encore émancipés de la tutelle impériale de Londres. »
Le 17 décembre 1964, les sénateurs se prononcent à 38 voix contre 23 en faveur du nouveau drapeau, et le 28 janvier 1965, une proclamation royale signée de la main de la reine
Elizabeth II rend le tout officiel
L’unifolié est déployé pour la première fois 18 jours plus tard. Des milliers de personnes se massent sur la Colline du Parlement pour assister au retrait du Red Ensign canadien et pour voir, sur le coup de midi, l’unifolié flotter pour la première fois.
Le 15 février est aujourd’hui considéré comme le Jour du drapeau national du Canada.
« La feuille d’érable offre un symbole simple et digne », a déclaré le sénateur David Croll. « Elle présente au monde une image nouvelle et pourtant bien familière d’une nation. »
« Il est de bon augure pour l’avenir du Canada. »
Maderpost / Sencanada