Le rappeur DMX est mort à l’âge de 50 ans. Il avait été hospitalisé le 2 avril à la suite d’une crise cardiaque. Sa carrière a été traversée de triomphes historiques et de démons intérieurs contre lesquels il n’a jamais cessé de lutter.
NECROLOGIE – Le rappeur DMX, figure du hip-hop des années 2000, est mort à l’âge de 50 ans, comme l’annonce sa famille ce vendredi dans un communiqué. Il avait été hospitalisé le 2 avril à l’hôpital de White Plains, banlieue new-yorkaise où il résidait, à la suite d’une crise cardiaque.
“Nous sommes profondément attristés d’annoncer aujourd’hui que notre cher DMX, né Earl Simmons, (…) s’en est allé à 50 ans à l’hôpital de White Plains avec sa famille à ses côtés, après avoir été maintenu en vie ces derniers jours”, indique le communiqué. “Earl était un guerrier qui s’est battu jusqu’au bout.”
“La musique de Earl a inspiré un nombre incalculable de fans à travers le monde, et son héritage iconique lui survivra pour toujours”, poursuit sa famille, ajoutant que les détails concernant les hommages qui lui seront rendus seront communiqués ultérieurement.
DMX s’est imposé sur la scène populaire dans les années 1990. Le rap est alors un genre en pleine expansion, alors que le public voit émerger des figures telles que Snoop Dogg ou Notorious B.I.G. Elevé au rang d’icône, il a vu sa carrière pavée de succès et de problèmes judiciaires. Il a bénéficié d’un succès retentissant jusqu’au milieu des années 2000, avant de connaître une résonance plus discrète.
Enfance difficile
Né Earl Simmons à Baltimore le 18 décembre 1970, DMX passe son enfance dans la ville de Yonkers, dans l’Etat de New York. Seul garçon d’une fratrie de cinq, il a évoqué à plusieurs reprises avoir été maltraité par sa mère. En 2019, il a notamment confié à GQ qu’elle “lui a cassé deux dents avec un balais” lorsqu’il avait 6 ans.
“J’aime ma mère”, assurait-il. “Elle avait 20 ans quand elle m’a eu. Peut-être qu’elle ne savait pas quoi faire de moi (…) Je travaille dur pour pardonner mes parents. Mais tant que vous n’apprenez pas à pardonner les autres, vous ne pouvez pas vous pardonner vous-même.”
Dans la même interview, il confiait avoir été arrêté pour la première fois à l’âge de 10 ans; d’abord pour incendie volontaire, puis pour agression.
Remarqué pour ses talents de beatboxer au début des années 1990, il se consacre à l’écriture de ses propres textes. Après la sortie de premiers singles qui ne rencontrent pas le public, il entre dans la bande des jeunes rappeurs à suivre en 1995 en posant sa voix sur le morceau Time to Build de Mic Geronimo, aux côtés de Jay-Z et Ja Rule.
Carton historique
Le triomphe arrive en 1998 avec le titre Get At Me Dog, certifié disque d’or. La même année, il sort son premier album, It’s Dark and Hell Is Hot, qui se hisse à la première place du classement de Billboard, avec un deuxième hit, Ruff Ryders’ Anthem.
Le succès ne se démentira pas pendant plusieurs années. Il est à ce jour le seul rappeur dont les cinq premiers albums sont arrivés en tête du prestigieux classement: Flesh of My Flesh Blood of My Blood, And Then There Was X, The Great Depression et Grand Champ, sortis entre 1998 et 2003, ont tous réalisé l’exploit. And Then There Was X, son troisième opus, était porté par le single Party Up, qui reste l’un de ses morceaux les plus emblématiques. Dans ses disques, DMX expose sa part d’ombre et ses démons intérieurs, faisant de lui l’une des figures les plus sombres du hip-hop.
Ses sorties suivantes connaissent un succès moindre, mais les fans restent fidèles : hormis son tout dernier album, Redemption of the Beast sorti en 2015, tous ses disques sont entrés dans le top 200 des ventes aux Etats-Unis. En parallèle, DMX apparaît à plusieurs reprises au cinéma, notamment en 2000 dans Roméo Doit Mourir aux côtés de Jet Li et Aaliyah et en 2003 dans En sursis, réalisés par Andrzej Bartkowiak.
La part d’ombre
Toute sa vie, son succès aura été entaché par ses deux démons : les addictions et ses démêlés avec la justice. D’après TMZ, DMX est entré en cure de désintoxication en 2019. En novembre 2020, il s’était confié avec émotion sur les débuts de son addiction au crack, à l’âge de 14 ans, lorsque son mentor a partagé un joint sans lui dire ce qu’il contenait. “C’était comme un grand frère pour moi. Il rappait, et je faisais du beat box (…) Il m’a fait découvrir ce qui allait devenir la plus belle partie de ma vie, le rap”, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il lui avait aussi transmis une “malédiction“:“J’avais appris que je devais gérer les choses qui me faisaient du mal. Je n’avais personne à qui me confier… dans le ghetto, personne ne veut entendre ça. Parler de ses problèmes, c’est perçu comme un signe de faiblesse alors que c’est la chose la plus courageuse que l’on puisse faire (…) Il m’a passé le joint, je l’ai fumé. Plus tard, j’ai découvert qu’il avait coupé le joint au crack… Pourquoi faire ça à un enfant? Il avait 30 ans, il savait que je l’admirais.”
GQ rapporte qu’il a connu la prison une trentaine de fois, avec des inculpations pour possession de stupéfiants, cruauté envers les animaux, conduite dangereuse, non-paiement de pension alimentaire, ou encore s’être fait passer pour un agent fédéral.
Le rappeur a demandé plusieurs fois à la justice de le déclarer en faillite personnelle, la dernière fois en décembre 2016, en vain. Ces demandes étaient essentiellement liées à des pensions alimentaires non versées. Selon la presse américaine, DMX serait le père de 15 enfants, nés de neuf femmes différentes.
Une icône du rap
En 2018, il a été condamné à un an d’emprisonnement pour fraude fiscale. Il avait reconnu avoir organisé son insolvabilité entre 2010 et 2015 pour ne pas avoir à honorer une ardoise de 1,7 million de dollars d’impôts. Durant son séjour, il passe 90 jours à l’isolement:”Si vous n’y entrez pas avec un esprit solide, ça vous démonte”, expliquait-il à GQ. Je ne suis pas du tout sorti de ma cellule. Vous essayez de dormir autant que vous pouvez. De lire des livres. Parce qu’il faut que vous pensiez à des choses qui feront passer le temps.”
Mais rien n’aura entaché le statut d’icône qu’il s’est fabriqué au fil des ans. En témoigne la mobilisation du public et du milieu artistique après son hospitalisation. Mariah Carey, Chance The Rapper, Missy Elliott, Ja Rule, LL Cool J, SZA ou encore Kehlani: de nombreuses figures du rap et du R&B, toutes générations confondues, lui ont adressé leur soutien sur les réseaux sociaux. En outre, des centaines de fans s’étaient réunis lundi devant l’hôpital où il avait été placé sous respirateur artificiel, pour une veillée de prières.
Maderpost / Igfm