Le monde la musique, plus particulièrement Youssou Ndour et les musiciens du Super Etoile se sont levés groggy mercredi 12 février 2025, pleurant la mort de Jimmy Mbaye survenue dans la nuit à la clinique des Madeleines à l’âge de 67 ans.
NECROLOGIE – Le choc est rude. Jimmy Mbaye du Super Etoile n’est plus. La longue silhouette aux doigts sillonnés par le grattage millimétré de sa guitare a quitté définitivement la scène et les mélomanes, après avoir montré l’étendue son génie dans la chanson de la super star Youssou Ndour « Birima », l’un de ses plus grands titres.
Jimmy Mbaye aurait eu 68 ans le 2 octobre prochain, 24 heures après le roi du Malax et son jumeau et chef d’orchestre, Mbaye Dièye Faye plus jeunes de deux hivernages. Apollon en a décidé autrement. Phoebes le brillant ne verra la bougie de plus, allant rejoindre de son pas chaloupé les gloires du Super Etoile l’ayant devancé dans l’au-delà.
Ainsi en-est-il de la vie d’ici-bas qui s’achève inévitablement pour chacun et pour tous.
Mis en terre mercredi après-midi au cimetière musulman de Yoff, le talentueux Jimmy Mbaye au sourire immaculé laisse derrière lui un groupe désemparé, sans voix, scotché comme le fut celui de son idole, l’Américain Jimi Hendrix parti le 18 septembre 1950, 55 ans plus tôt.
C’est de ce même Hendrix, virtuose de la guitare, que s’inspire Mamadou Mbaye, pour donner 50 ans de sa vie à la musique sénégalaise dont plus de 40 à Youssou Ndour, avec qui il fera le tour du monde, gratifiant les scènes et méga concerts de son savoir-faire, son touché hors pair.
Assurément, Jimmy Mbaye qui était sur la scène du monumental Grand Bal le 4 janvier 2025, manquera au Super Etoile. « Je viens de perdre mon frère, ami et compagnon de plus de 40 ans. Priez pour lui ! Firdawsi Incha’Allah, Maestro », dira Youssou Ndour. Des mots aussi simples que forts claquant telle une timbale.
Paroles de blooze dans une soul douloureuse. La star sait qu’une page du Super Etoile se tourne avec la disparition, quasiment coup sur coup, d’abord de son tour manager l’énormissime et irremplaçable Gaston Etienne Madeira partie le 12 septembre 2024 à Dakar et Jimmy Mbaye l’acolyte.
Les voilà de l’autre côté de la rive, retrouvant un certain Habib Faye qui a quitté la scène 7 ans plus tôt, le 25 avril 2018 à Paris, des suites d’une maladie pulmonaire l’ayant écarté de sa basse pendant plusieurs mois.
Il n’y a pas que Youssou Ndour et le Super Etoile qui pleurent Jimmy Mbaye. La République qui sait ce que vaut le solfège à la paix des masses populaires, mesure la gravité de l’heure et la place de Jimmy Mbaye dans la musique et la société sénégalaise.
« Membre émérite de l’orchestre Super Etoile de Dakar, virtuose de la guitare, auteur-compositeur visionnaire, il fut bien plus qu’un musicien : un phare pour notre culture, un bâtisseur d’avenir. Il incarnait cette générosité artistique qui fait des aînés non des rivaux, mais des semeurs de graines créatives », dit la ministre de la Culture, Khady Diène Gaye.
« Jimmy était un architecte de l’invisible. Par ses harmonies, il a érigé des ponts entre générations, entre territoires, entre le sacré et le profane. Son héritage restera gravé dans la pierre de notre mémoire collective », ajoute-elle. Madame la ministre fait partie des ces générations bercées par la voix sublime de Youssou Ndour et son orchestre le Super Etoile. Plus de 40 ans de carrière. Ce n’est pas rien. Depuis 1979…
Le président de la République, premier ambassadeur de la culture sénégalaise, Bassirou Diomaye Faye réagit sur les réseaux sociaux, présentant ses condoléances la famille du défunt. Reconnaissant au lead du groupe ce que nul ne peut lui contester le titre de Monsieur Youssou Ndour.
« Au groupe Super Etoile, à son leader Monsieur Youssou Ndour et à toute la communauté artistique ». Diomaye sait.
Dans son départ, Jimmy Mbaye et son caractère trempé fait dire les choses. Son dernier cadeau au Maître et incontestable Grand Africain, monstre de la World Music. Qu’est-ce, si ce n’est l’ultime reconnaissance !
Quant à nous, humble serviteur et petit-frère de Jimmy Mbaye, qui avons appris sur le tard et en dehors du pays sa disparition, nous restons sans voix, transpercé par la douleur.
Nous avons perdu un grand frère, un ami au discours sans chichi.
Ce n’est pas seulement un géant de la musique et une légende qui s’en est allé, c’est un homme debout, fier de ses origines, anobli par sa philosophie de vie et son patriotisme pur et dur qui a quitté la scène. Il ne fait aucun doute que la relève cherchera la marque de ta guitare pour s’en inspirer afin que tu ne meurs jamais éternel Jimmy Mbaye.
Non condoléances attristées vont à ta famille, tes amis et proches, à Youssou Ndour et au Super Etoile, à tes fans. Nous n’oublierons jamais cette improvisation musicale un soir de septembre 2011 à Washington, avec des étoiles américaines et tonton Omar Sow. You’ll be never be alone. Rip Grand. Firdawsi Incha’Allah, Maestro.
Maderpost / Charles FAYE