Le virtuose de la Kora, le Malien Toumani Diabaté, décédé, vendredi, à l’âge de 58 ans, est considéré comme ‘’un ambassadeur du Mali et de l’Afrique’’, ‘’un arrangeur musical hors pair’’ et surtout ‘’un pont entre les traditions ancestrales et la modernité’’, ‘’un gardien de la culture et un innovateur audacieux’’, ont témoigné de nombreux artistes africains, sénégalais et maliens.
NECROLOGIE – Sur les réseaux sociaux, tous ont tenu à exprimer leur ‘’grande tristesse’’ après l’annonce du décès du musicien par son fils Sidiki Diabaté.
‘’Mon frère et ami, le virtuose de la Kora et arrangeur musical hors pair, Toumani Diabaté vient de nous quitter. Un ambassadeur du Mali, Un ambassadeur de l’Afrique vient de nous quitter’’ a écrit Youssou Ndour le lead vocal du Super étoile.
Son compatriote, Omar Pène du Super Diamono a lui aussi eu une pensée pour la famille et les proches de Toumani Diabaté ‘’un musicien malien de renom’’. ‘’Il était considéré comme l’un des plus grands artistes de ce continent’’, a écrit Pène sur son compte Facebook.
Le chanteur et musicien malien Salif Keita estime que Toumani Diabaté, ‘’Le Maestro’’ a été un ‘’Trésor national’’. ‘’Va en paix Maestro. Tu as joué ta partition en emmenant la kora et les mélodies du Mandé dans une autre sphère. Mes pensées vont à la famille. Qu’Allah vous apaise et vous fortifie, Madou Sidiki Diabaté, Sidiki Diabaté’’, dit-il exprimant ainsi sa ”grande tristesse” pour la perte de ‘’(son) frère’’.
‘’Un pont entre nos traditions ancestrales et la modernité’’
Quant à la diva Oumou Sangaré, elle a rappelé avoir longtemps collaboré avec Toumani Diabaté depuis leurs premiers voyages avec ‘’cette tournée mémorable en Europe avec l’ensemble Djoliba percussions’’.
‘’Ces moments partagés sur scène et en coulisses ont forgé une amitié indéfectible. Toumani m’appelait affectueusement +N’fa Togoma Dèn+ un surnom qui restera gravé dans mon cœur’’, dit-elle, se rappelant aussi ‘’leurs échanges riches et profonds’’ sur leur héritage musical.
‘’Toumani était un gardien de notre culture, mais aussi un innovateur audacieux qui n’a jamais cessé de repousser les limites de son art. Toumani était bien plus qu’un virtuose de la Kora. Il était un pont entre nos traditions ancestrales et la modernité, un artiste qui a su porter la voix du Mali aux quatre coins du monde. Sa musique transcendait les frontières, touchant les cœurs par-delà les cultures et les langues.’’, témoigne Oumou Sangaré.
Elle estime que le monde de la musique a perdu aujourd’hui ‘’l’un de ses plus grands ambassadeurs’’, mais son héritage musical continuera de résonner et d’inspirer les générations futures. Saluant ‘’le génie de cet artiste et sa générosité d’âme’’, elle ajoute : ‘’La Kora de Toumani se tait aujourd’hui, mais ses mélodies continueront de vibrer éternellement dans l’âme du Mali et du monde entier’’.
Les artistes maliens Cheick Tidiane Seck, Bassékou Kouyaté, joueur de ngoni, ou encore le chanteur franco-malien, figure de la scène hip hop, Mokobé ont exprimé leur tristesse après la disparition de Toumani Diabaté. Bassékou Kouyaté estime que Toumani Diabaté lui a montré le chemin en 1989 lors de leur première tournée en Europe.
‘’Les mélodies de Toumani continueront de résonner dans nos cœurs. Que la kora continue de nous rapprocher, de nous apaiser et d’apporter plus de paix dans le monde’’, écrit pour sa part Ballaké Sissoko, un autre musicien et grande figure de la kora malienne, avec qui Toumani Diabaté a fait son apprentissage de cet instrument traditionnel africain. ‘’Nous avons débuté ensemble notre apprentissage de la kora, marchant dans les pas de nos pères et poursuivant leur œuvre avec passion et respect’’, se souvient Sissoko.
Une quinzaine d’albums dans sa discographie
Né le 10 août 1965 à Bamako, Toumani Diabaté, considéré comme l’un des plus grands joueurs de kora du monde, est le fils de Sidiki Diabaté, star des années postindépendances et membre de l’Ensemble instrumental national du Mali, fondé à l’initiative du premier président du pays, Modibo Keïta.
Fils de Nama Koïta et de Sidiki Diabaté, nommé roi de la kora au FESPAC 1977 à Lagos au Nigéria, il commence à jouer de la kora à 5 ans, inspiré par son père et son grand-père Amadou Bansang, lit-on de sa biographie. Toumani Diabaté, tout en restant fidèle à la ligne de la tradition mandingue de la kora, a su tracer sa voie en créant un pont entre son héritage familial et des sensibilités d’ailleurs.
Il a enregistré une quinzaines albums, dont le premier en 1988 est ‘’Kaira’’. Il a enregistré deux albums avec Ali Farka Touré, star de la musique malienne décédée en 2006, ”In the heart of the moon” et ‘’Ali et Toumani’’, tous deux récompensés d’un Grammy Award aux Etats-Unis (2006 et 2010).
Il fera aussi un album avec son fils Sidiki Diabaté en 2014 intitulé ‘’Toumani et Sidiki’’ et un tout dernier en 2022 nommé ‘’Toumani, family et friends’’. Celui qui s’est produit plusieurs fois à Dakar, a reçu plusieurs décorations chez lui au Mali et à l’extérieur, des Grammy Awards notamment.
Maderpost / APS