La décision de l’Opep+ de diminuer la production pétrolière a mis à nu la politique américaine à l’égard de l’Arabie saoudite et de son prince héritier. Elle pourrait même influencer les prochaines élections de mi-mandat aux États-Unis, souligne le quotidien panarabe “Al-Quds Al-Araby”.
ENERGIE –Le président américain, Joe Biden, risque de payer doublement sa politique vis-à-vis de l’Arabie saoudite, qui s’est avérée un échec après la décision cette semaine de l’Opep+ de baisser sa production, souligne, vendredi 7 octobre dans un éditorial, le quotidien Al-Quds Al-Araby.
Biden avait déjà payé un lourd tribut politique sur le plan interne lorsqu’il avait dû, au nom de la realpolitik, visiter l’Arabie saoudite en juillet dernier. À cette occasion, il était revenu sur ses précédentes critiques à l’égard du prince héritier, Mohammed ben Salmane, dit MBS, et sur sa promesse électorale d’en faire un « paria ».
Ce revirement s’opérait dans l’espoir de le persuader d’augmenter la production pétrolière sur fond de guerre en Ukraine, rappelle le journal.
Mais sa stratégie de réhabilitation de MBS contre un pétrole moins cher aura essuyé un échec cuisant. Alors qu’il espérait une augmentation de la production saoudienne de 750 000 barils par jour et voulait que son voyage évite un rapprochement des pays du Golfe – alliés historiques des États-Unis – avec Moscou, c’est tout l’inverse qui s’est produit.
« Ce qui s’est réellement passé, c’est que l’Arabie saoudite, le plus grand producteur de l’Opep, a parrainé, en coordination avec la Russie, un accord visant à réduire la production de pétrole de 2 millions de barils par jour ».
MBS mise sur une victoire des républicains
Ce pied de nez à Biden aura sans doute un coût sur le plan interne américain, souligne Al-Quds Al-Araby. «
Si les prix du pétrole augmentent beaucoup sur le marché américain, cela va influencer le vote […] lors des élections de mi-mandat au Congrès », prévues le mois prochain.
La décision de Riyad a surtout révélé la « capacité » du leadership saoudien à sceller non seulement une « alliance objective »avec Moscou, mais aussi à se hisser au rang d’“influenceur” majeur sur le « marché électoral américain », ajoute le quotidien panarabe, avec une volonté claire d’un « vote antidémocrate et contre Biden personnellement »..
Mais le camp démocrate et le président américain ne resteront pas les bras croisés, à quelques semaines des midterms, pour soigner leur popularité.
« Biden veut recourir au Congrès pour faire adopter une loi visant l’Opep et la Russie », ce qui risque d’envenimer encore plus les liens avec Moscou, mais aussi avec Riyad.
Maderpost / Courrier International