Si le divorce entre Yaw et Taxawu Senegaal a été définitivement acté ces deux derniers jours, la rupture a été consommée depuis trop longtemps à cause d’un conflit d’intérêts. C’est un « Mortal kombat» entre Khalifistes et « Patriotes » dont l’avenir des leaders semble se croiser sur le chemin de la destinée. L’un retrouve la lumière, l’autre doit traverser la nuit. Inconciliable !
YEWWI – Le petit monde politique raffole de petits meurtres entre amis. Davantage que le 9 août et ses suites déchirantes actuelles, c’est le Forum mondial de l’Economie sociale et solidaire (Ess) qui a provoqué l’avortement de la Coalition Yewwi askan wi (Yaw). Le 2 mai, il y avait des embrassades, des sourires dans les couloirs du Grand Théâtre où se sont retrouvés le Président Sall, Khalifa Sall et Habib Sy, et d’autres leaders de l’opposition, grâce à l’entremise de Barth’ Dias, maire de la ville de Dakar, maîtresse d’œuvre du forum sur l’Ess. Les analystes ou sémiologues et un nombre croissant d’observateurs perçoivent la naissance d’un nouvel ordre politique. C’est le premier acte du dialogue politique dont les fondations ont été «posées» par le maire de Dakar.
Avec l’accord, dit-il publiquement, de Khalifa Sall et Ousmane Sonko.
En vérité, les réconciliations publiques n’avaient pas été acceptées par tous les membres de Yaw. Car elles allaient permettre le retour du leader de Taxawu Senegaal dans le jeu électoral. Et elles ont été mal prises par l’aile dure de la coalition de l’opposition traitant Barth’ de traitre à la solde du pouvoir. Elle redoutait que le dialogue politique ne conduise à son affaiblissement. Et il a provoqué une crise, qui a anéanti le pari unitaire.
Barth’ et Sonko, héros de la jeunesse de Yaw, artisans de ce regroupement des partis de l’opposition, se donnent des coups. K est conspué lors d’un meeting du F24 par des militants «patriotes». Ils réussissent à précipiter le déclin de la coalition. La fracture créée par cette crise fait sauter les solidarités dans les rangs et permet à Ts dont le leader, inéligible à l’époque, de reprendre sa souveraineté. Alors que le parti Pastef renforce son hégémonie dans la coalition.
Seulement, Yaw, qui somme ses membres de se subordonner à elle, oublie même qu’elle est symétriquement conçue en blocs hétérogènes. Peut-être solidaires, mais immuables et sans hiérarchie. Car, son existence, adossée à une visée électoraliste, est désormais balayée par un torrent d’intérêts divergents, qui avaient provoqué aussi l’implosion de l’inter-coalition Yaw-Wallu, après que les perspectives d’avenir n’étaient plus les mêmes à l’Assemblée nationale et dans le landerneau politique.
Aujourd’hui, la bataille en cours dans les rangs de Yaw oppose les deux locomotives dont les destins se croisent désormais. Réhabilité grâce à sa participation au dialogue national, Khalifa a retrouvé la plénitude de sa carrière politique en devenant éligible. Alors que l’ex-maire de Dakar retrouve la lumière, Ousmane Sonko voit son avenir politique s’assombrir après sa condamnation pour diffamation, corruption de la jeunesse et son inculpation pour atteinte à la sûreté de l’Etat, complot contre l’autorité de l’Etat, appel à l’insurrection…
Sans doute, cela suffit pour justifier la rupture ? La doctrine de l’ex-parti Pastef est simple : il y a eu une opposition couchée, en intelligence ou en connivence avec le régime Sall, et une opposition persécutée, résistante qu’il incarne. Il met donc toutes les chances de son côté, avec un nouvel axe d’attaque, en s’en prenant à ses anciens alliés. Qui remettent désormais en cause publiquement les méthodes de conquête du pouvoir autres que le suffrage universel. «On ne croit pas au Gatsa-gatsa, mais à la République», a dit hier Barthélemy Dias.
Il a tenu une conférence de presse pour apporter des éclaircissements sur la composition du nouveau Bureau municipal de Dakar et solder ses comptes avec Yaw et l’ex-parti Pastef. Pour lui, les traitres sont ceux qui « ont saisi le Conseil constitutionnel » pour faire annuler la réforme des 2 K, blanchis sur le plan électoral. Entendez… Ce propos est l’oraison funèbre d’une entité qui a réussi pourtant à remettre en cause la domination électorale de Bby lors des élections locales et législatives.
Maderpost / Le quotidien.sn