Julian Assange est fixé sur son sort. La justice britannique a refusé ce lundi l’extradition vers les Etats-Unis du fondateur de WikiLeaks. Cette décision rendue par la juge Vanessa Baraitser, à la cour criminelle de l’Old Bailey de Londres, invoque un risque de suicide. Mais elle est susceptible d’appel… La bataille judiciaire n’est donc pas terminée pour l’Australien de 49 ans, devenu pour ses soutiens un symbole du combat pour la liberté d’informer.
EXTRADITION – En attendant, une audience doit se tenir dans l’après-midi pour savoir s’il doit être libéré. Reste que ce jugement a été accueilli par une explosion de joie par la trentaine de manifestants réunis devant l’Old Bailey, qui se sont mis à crier et à s’étreindre. Le poing levé, ils ont hurlé : « Libérez Julian Assange » et « Nous avons gagné ! »
« Il serait enterré vivant »
L’avocate Stella Morris, avec qui Julian Assange a eu deux enfants, avait souligné dans une interview au journal allemand Der Spiegel qu’à la prison londonienne de haute sécurité de Belmarsh, où il est détenu, « il n’a vu aucun de ses avocats depuis mars ». « La défense de Julian en a été sérieusement handicapée.
Mais la situation à la prison de Belmarsh n’est rien comparée aux conditions de détention auxquelles il serait soumis aux Etats-Unis. Il serait enterré vivant ».
Dans ce pays, il risque 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Les Etats-Unis lui reprochent d’avoir mis en danger des sources des services américains, accusation qu’il conteste. Parmi les documents publiés, figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak, en juillet 2007, dont deux journalistes de l’agence Reuters.
Kristinn Hrafnsson, rédacteur en chef de WikiLeaks, estime que « le simple fait que cette affaire ait été portée devant les tribunaux et qu’elle ait duré aussi longtemps constitue une attaque historique à grande échelle contre la liberté d’expression ».
Une procédure « politique » pour ses avocats
Pendant les cinq semaines d’audience en février et en septembre, les avocats de Julian Assange ont dénoncé une procédure « politique » fondée sur des « mensonges ». Or, soulignent-ils, l’accord américano-britannique interdit selon elle « expressément » les extraditions pour les « infractions politiques ».
Julian Assange a été arrêté en avril 2019 après sept ans derrière les murs de l’ambassade d’Equateur à Londres. Il s’y était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les Etats-Unis ou la Suède, où il a fait l’objet de poursuites pour viol. Il les conteste et elles ont depuis été abandonnées.
Les conditions de détention du fondateur de WikiLeaks ont été dénoncées par le rapporteur de l’Organisation des Nations unies sur la torture, Niels Melzer. Dans une lettre ouverte à Donald Trump, le 22 décembre, ce défenseur de Julian Assange a demandé au président américain sortant de gracier le fondateur de WikiLeaks, qui n’est, selon lui, « pas un ennemi du peuple américain »
Reste à savoir quelle sera l’attitude de l’administration du futur président américain Joe Biden ? Ces poursuites ont été lancées sous la présidence de Donald Trump. Or, lors du mandat de Barack Obama, qui avait Joe Biden pour vice-président, la justice américaine avait renoncé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks, même si à l’époque Joe Biden avait qualifié Assange de « terroriste high-tech ».
Maderpost / Le Parisien