Le dialogue national s’est clôturé hier mardi 27 février 2024 au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD). Entre autres propositions, la date de l’élection présidentielle est prévue le 2 juin 2024, réouverture partielle des dossiers de candidature, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur. La balle est désormais dans le camp des 7 Sages du Conseil Constitutionnel.
PRESIDENTIELLE – Le dialogue national a livré ses recettes qui vont être soumises à la passoire du Conseil constitutionnel.
Dans un entretien accordé à Sud Quotidien paru le 23 février 2024, le Pr agrégé en Sciences politiques, Maurice Soudieck Dione alertait sur la configuration actuelle du paysage politico-judiciaire. “Si l’élection n’est pas organisée avant le 2 avril et qu’entre-temps, le mandat du Président de la République expire, on est dans une autre configuration, c’est là où on va se retrouver dans une crise politique qui peut être grave parce qu’en ce moment, le Président de la République va détenir un pouvoir de fait. C’est-à-dire un pouvoir qui ne peut être fondé ni sur la légalité ni sur la légitimité”.
Pour rappel, le Conseil constitutionnel dans sa décision N°1/C/2024 du 15 février 2024 stipule dans son considérant 14: “Considérant que la juridiction constitutionnelle a déjà décidé, d’une part, que la durée du président de la République ne peut être réduite ou allongée au gré des circonstances politiques, quel que soit l’objectif poursuivi ; que le mandat du président de la République ne peut être prorogé en vertu des dispositions de l’article 103 précité ; que la date de l’élection ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat”.
Autrement dit, ce considérant écarte toute possibilité d’organiser une élection au-delà de la date du 2 avril 2024 qui marque la fin du mandat du Président en exercice.
A moins que les 7 Sages fassent dans un revirement spectaculaire, ravaler leurs vomissements, cette proposition issue du dialogue risque de connaitre le même sort.
Au cas échéant, le Sénégal sera plongé dans une crise institutionnelle comme l’a prédit le professeur agrégé.
Le Président Macky Sall sera ainsi dans un dilemme cornélien où le moindre mal serait de démissionner ou dissoudre le Conseil constitutionnel.
Cette hypothèse est beaucoup plausible dans la mesure où Macky a fait de la menace son refrain préféré depuis le 3 février dernier.
Mieux à l’ouverture du dialogue lundi dernier, le président a ouvertement dit qu’il en a marre de rester au pouvoir (doyal na seuk) comme si quelqu’un d’autre que lui le retiendra au-delà du 2 avril 2024.
Dans ses récentes déclaration sur la situation du pays, Macky a toujours oscillé entre ces deux extrêmes : s’en aller le 2 avril ou dissoudre le conseil constitutionnel.
C’est dire que tout ce spectacle n’est que prémices d’une crise institutionnelle longtemps concoctée et qui prend forme du jour au lendemain.
Maderpost / Mamadou Ba