Le marabout Elhadj Malick Sy, un adepte des sciences, a élaboré, face aux colonisateurs, une réelle stratégie de contournement pour assurer la percée de l’Islam au Sénégal. Après un séminaire à Ndiarndé où le marabout soufi était parti acquérir des connaissances, il décida de répandre l’islam dans la ville de Tivaouane où il s’était installé. L’objectif était plus de former des personnalités devant perpétuer cette mission. C’est de là qu’est né le concept d’‘’université populaire’’, qui regroupait plusieurs apprenants. El hadj Malick Sy se servait de l’éducation pour maintenir la foi des musulmans.
RELIGION – A travers cette démarche, Maodo comme l’appellent affectueusement ses fidèles, a réussi à former une élite intellectuelle dans l’université populaire de Tivaouane. Il instaura des centres d’éducation partout dans le pays, des lieux de vivification de l’islam. La stratégie consistait à mener une pédagogie d’islamisation par la décentralisation et par l’initiation à la tidjania. Cette élite se devait de former d’autres formateurs intellectuels et éducateurs spirituels.
C’était une université dans laquelle il n’y avait pas de dogmatisme en termes de faculté. C’était lui en tant que recteur qui enseignait toutes les sciences, mais un enseignement supérieur en son temps, a expliqué Mounirou Sy enseignant-chercheur à l’Université Iba Der Thiam de Thies,.
En l’absence de classes cloisonnées et d’instituts séparés, il les regroupait tout le monde . A chacun dans son domaine, il donnait des enseignements en fonction de son niveau. ‘’Cette université-là s’est disséminée après à travers le Sénégal et au-delà. C’est pourquoi ce n’est pas une université qu’on localise. Elle est non territorialisée mais une université universelle’’, a t-il expliqué.
Le professeur de droit et chercheur à l’université de Thiès, décrit Maodo comme ’’l’incarnation parfaite du modèle prophétique’’. Parce qu’il est d’avis que ‘’le prophète a été envoyé à partir du savoir. La tidjania dès lors, est une science, une confrérie de savoir et de lumière basée sur la spiritualité et la connaissance discursive’’.
A la question de savoir ce qui reste de cette université populaire, l’universitaire résume la situation en ces termes : ‘’ce qu’on peut retenir aujourd’hui, c’est la spiritualité globalisante au Sénégal. Partout où vous allez, il y a des mosquées, des instituts et la culture de l’agriculture’’. Ce pan de l’économie, à savoir le noyau dur de l’économie sénégalaise. ‘’Maodo a été l’un des champions. Il avait de grands champs à Gossas, Gamboudji, Thilé, Ndiarndé et à Diacksao donc il a montré l’exemple que le marabout ne doit pas être quelqu’un qui se recroqueville sur lui vivant des “adiya“ (présents) ou de la sueur des autres“.
“ ll doit fournir lui-même l’effort de chercher du travail, d’incarner ce travail et de gagner de manière licite les ressources qui lui permettent de vivre’’, a-t-il étayé. En somme, Mounirou Sy déclare : ‘’C’est cela l’enseignement d’El Hadj Malick, la connaissance discursive, la foi ardente envers Dieu, l’honnêteté pour être bien, bon et beau’’.
L’islamisation a connu un succès éclatant grâce à cette stratégie d’université populaire de Maodo avec la formation d’érudits qui ont eu à s’implanter partout au Sénégal et à raviver la flamme de l’islam dans les mosquées et les zawiyas construites à cet effet.
Mounirou Sy avait pris part à un forum sur le thème “Leçons et lumières de Ndiarné“, organisé à la résidence située près de la zawiya Babacar Sy. La rencontre a enregistré la participation de descendants d’une partie des 89 “muqadams“ (émissaires) qu’El hadji Malick avait formés à Ndiarndé et qui s’étaient disséminés au Sénégal et dans d’autres contrées africaines.
Les participants ont revisité les caractéristiques de leurs ascendants respectifs et leur contribution à la propagation de l’islam, y compris au-delà de nos frontières.
Maderpost / Aps