Deux crises majeures ont marqué l’évolution du monde depuis 2020 : la pandémie de la Covid 19 et le conflit en cours entre la Russie et l’Ukraine.
TRIBUNE – La pandémie de la Covid 19, débutée en 2020, a été une crise mondiale et totale, causant la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes, des centaines de millions de pertes d’emplois, l’extension et l’approfondissement de la pauvreté in fine une récession mondiale jamais connue, depuis 1929 !
Le conflit russo-ukrainien, déclenché en avril 2022 et encore en cours, a engendré quelques conséquences directes comme le renchérissement des prix des hydrocarbures, des fertilisants agricoles et des denrées alimentaires (le blé, les huiles, le riz etc.), la forte appréciation du dollar par rapport aux autres devises,l’euro en particulier, le retour de l’inflation généralisée sur les prix des biens et services, la déstalinisation des marchés financiers et la résurgence du protectionnisme.
Autant de situations qui ont eu des répercussions graves dans tous les pays et particulièrement dans les pays en développement ou il a été noté les déséquilibres des indicateurs macroéconomiques(déficits budgétaires, déficits des balances commerciale et de paiements, taux d’inflation élevés, niveaux d’endettement extérieur records), de fortes appréciations des prix des denrées alimentaires, la baisse drastique du pouvoir d’achat ,le retour à la récession, le chômage et la pauvreté .
Dans un tel contexte, le Sénégal a mis en place le PRES (Programme de redressement économique et social) de 1000 milliards et le PAP 2A (Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré) pour faire face efficacement.
Malheureusement, on note au plan national, depuis le démarrage du conflit Russie / Ukraine, une augmentation des prix des denrées de première nécessité et une forte dégradation du pouvoir d’achat des populations.
Pour atténuer les conditions difficiles de vie des populations, le Gouvernement a pris des mesures courageuses et salutaires allant des subventions sur les prix des hydrocarbures et de l’énergie, aux abandons de taxes sur certains produits névralgiques, à l’augmentation des salaires, des revenus et des retraites des fonctionnaires, à des mesures de lutte drastique contre les spéculateurs, l’inflation et la vie chère pour un cout de plus de 620 milliards de FCFA.
Ainsi, les concepts de résilience et de souveraineté alimentaire ont
structuré la démarche du Gouvernement ces deux dernières années.
La résilience a traduit l’aptitude de notre peuple, derrière son Gouvernement, à résister aux chocs exogènes, comme la pandémie de la Covid 19 et ses conséquences.
La Souveraineté alimentaire, par contre, est l’affirmation du droit de notre pays à disposer de politiques alimentaires et nutritionnelles autonomes et endogènes afin de construire des capacités nationales aptes à nourrir, sur l’essentiel, nos populations, de manière adéquate, saine et durable.
Elle est aussi une réaction forte face aux échecs des politiques néolibérales, bâties sur la stratégie de sécurité alimentaire, sur le marché mondial et alimentaire en particulier. Notons que la stratégie de sécurité alimentaire, qui pourrait être un concept piège, favorise les productions primaires pour l’exportation au détriment de la satisfaction des besoins endogènes de nourriture de nos populations, et sanctifie l’insertion au marché mondial comme facteur déterminant de régulation.
Au Sénégal et dans la période, deux déclarations de référence du président de la République révèlent son engagement courageux, lucide et puissant en faveur de la Souveraineté alimentaire.
En effet, à la faveur de son discours du 03 avril 2022, veille de la célébration de la fête marquant le 62ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, il appelait « tous les sénégalais à une mobilisation générale pour la réalisation de la souveraineté alimentaire de notre pays ».Puis, lors du Conseil des ministres du 12 avril 2022,il a demandé au gouvernement d’élaborer en urgence une « stratégie nationale de Souveraineté alimentaire consensuelle, pragmatique et durable. ».
Pour sa part, le Club Sénégal Émergent a, depuis la déclaration du Chef de l’État du 03 avril 2022, manifesté son adhésion totale à cette politique majeure de rupture, en prenant une initiative hardie en direction du ministre de l’agriculture et de l’équipement rural de l’époque pour créer les conditions de mobilisation générale souhaite par le Président de la République.
Les membres du Club Sénégal Émergent se sont d’ailleurs réjouis du fait que lors du Conseil des ministres du 12 octobre 2022, le Chef de l’État est revenu sur la question et a appelé le ministre de l’Agriculture de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire (MAERSA) ainsi que tous les autres ministres concernés à hâter le pas, dans le sens indiqué.
En conséquence, à la suite du Président Macky Sall, le Club Sénégal Émergent, pour apporter sa contribution à l’initiative patriotique qu’il vient de lancer :
1- appelle l’ensemble des Sénégalais à une mobilisation de tous les instants pour engager et gagner le défi de la Souveraineté alimentaire, qui en dernière instance, est un enjeu de survie nationale. Il est utile de noter que la contrainte majeure du financement peut être surmontée avec les revenus tirés, dès 2023, du pétrole et du gaz, dont la découverte et l’exploitation seraient vaines pour le pays s’ils ne permettaient pas de régler durablement les problèmes de nourriture et d’alimentation des Sénégalais.
Pour le Club, la Souveraineté alimentaire ne doit pas être l’affaire exclusive de l’État et du gouvernement, elle doit concerner chaque Sénégalais tant dans la mobilisation, la réflexion, la mise en œuvre et le suivi-évaluation. Il incombe alors au gouvernement de mobiliser les agriculteurs, les pasteurs, les pêcheurs, les forestiers, les artisans, les industriels, les commerçants, les opérateurs économiques, les consommateurs, les guides religieux, les chefs coutumiers, les scientifiques, les intellectuels, les artistes, les cadres, les techniciens, les personnes ressources, les masses laborieuses des villes et des campagnes, la diaspora et les forces vives de la nation.
2-A cette fin, le Club Sénégal Émergent propose au Chef de l’État la création d’une Coalition nationale pour la Souveraineté alimentaire, directement rattachée à la présidence de la République.
Cette CNPSA serait un cadre idéal de concertations, de discussions, de consensus forts et de propositions autour de la Stratégie nationale. Mais aussi un outil de suivi et d’évaluations périodiques.
3-Le Club souhaite que la Stratégie de Souveraineté alimentaire soit bâtie autour des piliers que sont les secteurs et filières de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la pisciculture, de l’aquaculture, de la foresterie, de l’environnement, de l’industrie et de la transformation agro-alimentaires.
4- Enfin, la Stratégie de Souveraineté alimentaire devrait impérativement, selon le Club Sénégal Émergent, se fixer comme priorité, la levée des contraintes de ces secteurs et filières relatives au financement, à la maîtrise de l’eau, à la dégradation des sols et des écosystèmes, à la recherche et à l’innovation, sans oublier la mobilisation des acteurs.
Le Club Sénégal Émergent