Tout a été fait pour étouffer le vol d’une partie des 238 kilogrammes de cocaïne saisis au Port de Dakar le jeudi 27 juin dernier, mais, le verrou a sauté et les premiers résultats de l’enquête ont fait tomber trois personnes et annoncent un nouveau scandale.
DROGUE – C’est une nouvelle affaire qui est née de l’affaire de la saisie d’une tonne de cocaïne au Port de Dakar entre jeudi 27 et samedi 29 juin 2019. Et les derniers développements notés dans le traitement du dossier «de la saisie su siècle» donnent une idée sur le niveau de gravité des faits de recel de drogue.
Pourtant, au début, l’information avait été réduite à une «rumeur».
Aujourd’hui, la vérité commence à faire jour, à défaut d’éclater complètement. Le doute est levé : une partie des 238 kilogrammes de cocaïne saisis sur le premier navire de Grimaldi le jeudi 27 juin dernier, a été bel et bien volée.
Même si une quantité de 80 Kg a été avancée ici et là, le poids réel de la drogue subtilisée reste à être déterminé. Seulement une (infime ?) partie de la drogue a été retrouvée à la suite d’une enquête menée par la Sûreté urbaine de Dakar, qui a abouti à l’interpellation et à la garde à vue de trois personnes.
Dont le dénommé B. Thior, un homme bien connu dans le milieu interlope.
Pour la diligence de cette enquête à plusieurs ramifications, verrouillée en haut lieu pour ne pas gêner les investigations, les autorités ont fait appel à l’un des «bras armés» de la Police nationale, outillés dans ce type d’investigations et doté d’une compétence régionale : la Sûreté urbaine de Dakar, spécialisée dans le déroulement d’enquêtes complexes.
Un choix qui va se révéler payant. Dès l’ouverture de l’enquête, les éléments de la Brigade de recherches de cette entité nichée au Commissariat central de Dakar, crédités d’une connaissance pointue des différentes niches interlopes et criminogènes de la capitale sénégalaise, vont parvenir à infiltrer ces milieux nébuleux et poudreux.
En collaboration avec des réseaux et au fil de contacts au sein du milieu interlope, les enquêteurs parviennent à identifier, puis à localiser de potentiels suspects qui seraient directement, ou indirectement, liés à cette affaire de cocaïne dérobée de l’impressionnant stock saisi sur le navire de Grimaldi.
Les informations compilées et les filatures effectuées par les limiers de la Sûreté urbaine donnent leurs premiers résultats. Le premier suspect tombe dans la nuit du vendredi 28 au samedi 29 juin dernier, soit un jour avant la deuxième saisie des 798 Kg de cocaïne. B. Thior, une «figure du milieu», passe à la trappe.
La personne, bien connue des services de police, est le premier fil sur lequel les limiers tirent pour détricoter une affaire complexe, qui pourrait réserver bien des surprises. Voire faire tomber des «têtes» insoupçonnées au sein des corps habillés.
Soupçons de complicité
Poursuivant ses investigations, la Sûreté urbaine, qui a ratissé large, parvient à alpaguer deux autres personnes liées au vol et/ou recel de la cocaïne qui s’est «évaporée» du Port de Dakar.
Le groupe de trois est place en garde-à-vue dans la Chambre de sûreté du Commissariat central. Les limiers ont trouvé par devers eux près 1,9 Kg de cocaïne.
L’enquête suit son cours et d’autres suspects sont, assurent nos interlocuteurs, dans le viseur de la Sûreté urbaine qui continue d’occuper le terrain pour tenter de retrouver la totalité des 80kg déclarés «portés disparus».
Seulement, après que les premiers suspects sont tombés, les enquêteurs multiplient les auditions et la recherches de nouveaux indices. Déjà, l’on annonce d’autres développements avec des soupçons de complicité au sein de l’administration douanière.
Car, d’après des cadres de la Police, les personnes interpellées ne peuvent avoir aucun accès au lieu où la drogue a été gardée, puis mise sous scellés. Une conviction des enquêteurs qui annonce un autre scandale dans l’affaire de la saisie historique de cocaïne au port de Dakar.
Abdoulaye DIEDHIOU/L’OBS