Un jury new-yorkais a reconnu Donald Trump coupable d’avoir abusé sexuellement la chroniqueuse Jean Carroll en 1996, et de l’avoir diffamée en niant les faits. La plaignante se voit attribuer environ 2 millions de dollars de dommages et intérêts pour sa plainte pour coups et blessures et près de 3 millions de dollars pour sa plainte en diffamation. Le verdict a été annoncé mardi par le tribunal fédéral de New York à Manhattan après plusieurs heures de délibérations.
NEW YORK – Les jurés n’ont en revanche pas considéré qu’il existait de preuves suffisantes pour qualifier de viol l’agression dont Jean Carroll affirme avoir été victime. Ce verdict concerne une plainte au civil, ce qui signifie que Donald Trump n’a pas été reconnu coupable d’un quelconque délit et ne risque pas de peine de prison. «Ce verdict est une honte, un nouvel épisode de la plus grande chasse aux sorcières de tous les temps !», a réagi Trump sur son réseau Truth Social après l’annonce du verdict. «Je n’ai absolument aucune idée de qui est cette femme».
Jean Carroll avait publiquement accusé Donald Trump en 2019 de l’avoir brutalement agressée et violée dans une cabine d’essayage du grand magasin de luxe Bergdorf Goodman à Manhattan, au milieu des années 1990. Elle avait ensuite poursuivi en justice l’ancien président l’année dernière, en vertu d’une nouvelle loi de l’état de New-York permettant aux victimes d’agressions sexuelles d’intenter une action au civil et de réclamer des dommages et intérêts même si le délai légal pour déposer une plainte au pénal a expiré. Selon la loi de l’état de New York, un abus sexuel est défini comme le fait de soumettre une personne à un contact sexuel sans son consentement, alors que le viol est défini comme un rapport sexuel sans consentement.
Trump n’a pas assisté au procès, et n’est pas venu témoigner, se contentant de répéter qu’il n’avait jamais agressé sexuellement Jean Carroll et qu’il ne la connaissait même pas.
En octobre 2022, Trump avait déjà publié sur Truth Social une déclaration qualifiant l’accusation d’«escroquerie» et de «mensonge». Ses avocats ont tenté de mettre en doute la véracité de la plaignante.
Les jurés autorisés à s’identifier publiquement
Après la lecture du verdict, le juge Lewis Kaplan a informé les jurés qu’ils étaient désormais autorisés à s’identifier publiquement, s’ils le souhaitaient, mais leur a déconseillé de le faire. «Je vous conseille de ne pas vous identifier, pas maintenant et pas avant longtemps», leur a dit le juge Kaplan, et «si vous choisissez de le faire, je vous demande de ne pas identifier les autres membres de ce jury». Trump a déjà fait l’objet de plusieurs accusations allant du harcèlement à l’agression sexuelle, qu’il a toujours niées. La plainte de Jean Carroll est la première à aboutir.
Donald Trump, accusé de malversations financières dans une autre affaire, pourrait faire l’objet de nouvelles poursuites, notamment pour avoir tenté de renverser le résultat des élections de 2020, pour son rôle dans l’attaque contre le Capitole en 2021, et pour avoir conservé après son départ de la Maison-Blanche des documents classifiés, et refusé de les rendre. Jusqu’à présent, l’ancien président ne semble pas avoir pâti de ces démêlées avec la justice, les républicains ayant plutôt considéré que ces affaires étaient motivées politiquement. Candidat à l’investiture de son parti pour la présidentielle de 2024, Trump devance tous ses adversaires potentiels dans tous les derniers sondages nationaux.
Maderpost / LeFigaro