A Touba, les actes «de sabotage » sur les installations d’évacuation des eaux se sont multipliés ces derniers jours. Hier, des flexibles ont été sectionnés par des « personnes mal intentionnées » à hauteur de la mairie de Touba, alors que le Magal est prévu dans 15 jours. Pour l’Onas, qui se démène pour réduire les risques d’inondations avec des investissements d’une cinquantaine de milliards consentis par l’Etat, le but inavoué de ces actes ignobles est de « provoquer des inondations et par ricochet la colère d’éventuelles victimes ».
ASSAINISSEMENT – A Touba, on scrute le ciel avec anxiété à dix jours du grand Magal. En plus des pluies qui tombent sur la ville religieuse, les risques d’inondations sont amplifiés par des actes de « sabotage » du système de pompage des eaux.
Le sectionnement des flexibles, constaté hier au niveau de certaines rues de la capitale du mouridisme, inquiète au plus haut niveau des autorités et de l’establishment de Touba. Bien sûr, ce n’est pas un acte isolé : il y a moins d’une semaine, les images renversantes des voitures immobilisées sur les conduites d’évacuation installées le long du trottoir des deux voies passant devant la mairie de Touba avaient fait jaser. Ce qui avait poussé l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) à demander aux riverains de veiller sur ces installations mises en place pour optimiser le dispositif de pompage.
Pour l’Onas, ce sont des « actes ignobles » dont le dessein est de « provoquer des inondations et par ricochet la colère d’éventuelles victimes » avec le sectionnement des flexibles du dispositif d’évacuation des eaux pluviales installé au niveau de la mairie de la cité religieuse.
« Le but recherché par les auteurs de ces actes ignobles, c’est d’entraver l’évacuation des eaux pluviales, et par conséquent de provoquer des inondations par endroits. Il est bien connu que le site qui abrite la mairie de Touba a toujours été un point bas sensible. En effet, les flaques d’eau qui se formaient à ce niveau pouvaient rester des jours sans être évacuées, bloquant ainsi le trafic sur cette artère très fréquentée de Touba », condamne l’Onas. Et les conséquences peuvent être fâcheuses à quelques jours de l’évènement, alors que le ciel a ouvert complètement ses vannes.
« L’accès y était quasi impossible. L’Onas, sous les directives de son Directeur général Mamadou Mamour Diallo, pour pallier ce problème, a mis en place à Ndamatou, devant la mairie, une nouvelle pompe d’une capacité de 1500 m3/heure et un flexible de 2 km pour le pompage des eaux vers la station de pompage de Shell, dégageant ainsi un axe central de Touba. Ces comportements inciviques sont en contre-point avec des efforts déployés par les services de l’Etat, notamment l’Onas, pour libérer des maisons et des artères de Touba. Ces actes sont notés après le stationnement de véhicules sur les flexibles la semaine dernière à Touba », rappelle l’Office d’assainissement.
Les condamnations de l’Onas
Pour les responsables de l’Onas, joints par téléphone dans la soirée, « ces actes de sabotage ne peuvent pas voiler les efforts fournis par l’Onas, qui ont réduit les conséquences des inondations ». Ils citent l’augmentation de la capacité de la Station de Keur Niang, qui est passée de «2800 m3/heure à 6000 m3/heure grâce à l’installation de 4 nouvelles électropompes de 800 m3/heure ». Alors qu’à Nguélémou, ajoutent-ils, « un dispositif de 1500 m3/heure est opérationnel avec deux électropompes d’un débit de 750 m3/heure ».
« Faudrait-il aussi le rappeler, l’Onas a démarré, depuis le 23 mars 2023, la pose des dalots. A ce jour, les dalots sont posés sur une longueur de 2809 ml, soit un taux 29, 56% répartis comme suit : 2294 ml de dalots en 3×2 m déjà réalisés entre Nguiranène et Nguélémou, et 515 ml de dalots en 3×2 m déjà réalisés entre Keur Niang et Nguélémou. L’Onas a réhabilité et sécurisé les bassins de Pofdy et Darou Rahmane. Pour ce dernier ouvrage, la structure du bassin est réparée à 100% et toutes les autres parties des talus sont totalement renforcées. S’agissant du bassin de Pofdy, il a été repris et les travaux de remblai latéritique sur 4 mètres de hauteur sont en cours de finalisation. Ces travaux ont davantage sécurisé ces ouvrages afin de réduire les risques de débordements. Afin de prévenir ces débordements, le Dg de l’Onas, Mamadou Mamour Diallo, avait instruit l’installation d’un système de décharge du trop-plein d’eau vers le bassin de Keur Kabb à 3 km. Ce système de décharge et d’écrêtage comporte une motopompe de 2000 m3/heure ainsi que de 3 km de conduite type anacondas posée. La liste des actions entreprises pour soulager les populations de Touba est loin d’être exhaustive », évaluent les responsables de l’Onas.
Que faire ? Les autorités ont décidé de renforcer le système de surveillance pour éviter ces « actes de sabotage et même criminels ». Attendu à Touba demain dans le cadre des visites pré-Magal des ministres impliqués dans son organisation, Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’assainissement, va une nouvelle fois refaire la cartographie des investissements dans la ville religieuse pour réduire sa vulnérabilité aux inondations. Il y a quelques jours, Serigne Abdoul Ahad Mbacké, président de la commission « Culture et Communication » du Magal de Touba, a déclaré que l’Etat a déjà investi 49 milliards de francs Cfa pour l’assainissement de Touba. Alors que le plan directeur d’assainissement de la cité religieuse nécessite une enveloppe de près de 170 milliards francs Cfa.
Maderpost / Le quotidien.sn