La cité religieuse de Touba sera le point de convergence des fidèles musulmans et particulièrement de la communauté mouride à l’occasion du Grand Magal célébré demain vendredi 23 août, correspondant au 18 Safar du calendrier musulman.
RELIGION – Ce rendez-vous religieux commémore le départ en exil de cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Le fondateur de la voie mouride (1853-1927) avait initié l’événement en 1921 en appelant ses coreligionnaires et disciples à une journée de dévotion, de gratitude et de reconnaissance dédiés exclusivement à la gloire de Dieu.
Le Magal de Touba trouvera ses racines dans cette recommandation prononcée par le Saint homme lui-même : « Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus. Par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait à s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouve sur terre».
Institué par «Khadimou Rassoul» et ses différents khalifes, cet appel est perpétué par des millions de fidèles qui affluent chaque année vers la cité religieuse fondée en 1888 et aujourd’hui deuxième ville du Sénégal. Pour cette édition 2024, les organisateurs ont retenue comme thème «l’éducation des populations face à la mondialisation et à ses péripéties».
Touba, la religieuse sera en cette matinée du vendredi 23 août le pôle de convergence de la communauté musulmane pour la célébration du Grand Magal de Touba.
Cette date qui correspond à 18 Safar du mois lunaire commémore le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Sur le plan exotérique, il marquera l’avènement d’une élévation spirituelle et la fin des épreuves subies par le guide religieux avant sa déportation vers le Gabon.
Un exil forcé qui allait se prolonger en Mauritanie de 1903 à 1907 puis par des résidences surveillées à Thieyène dans le Djolof, de 1907 à 1912 et enfin à Diourbel de 1912 à 1927. Des épreuves qui se sont poursuivies encore les années à Diourbel. Cheikh Ahmadou Bamba endurait des épreuves à chaque fois que revenait le jour anniversaire de cette date du 18 Safar.
Reconnaissance des Bienfaits accordés par l’Eternel
C’est lors de ce dernier séjour à Diourbel, alors qu’il attendait les mêmes épreuves, que Dieu lui fit savoir que les épreuves sont désormais terminées. En guise de le remercier des grâces dont Il lui a gratifié l’Eternel lors de son départ à l’exil, le fondateur du Mouridisme avait donné le sens de cette célébration.
« La peine est levée, toute la mission, qui t’as été confié, a été remplie. Tu as obtenu ce à quoi tu aspirais. Il m’a, en ce jour, exaucé au point que j’y ai obtenu la totalité des avantages que je sollicitais auprès de Lui. Quant aux bienfaits que Dieu m’a accordés, ma seule et souveraine gratitude ne les couvre plus. Par conséquent, j’invite toute personne que mon bonheur personnel réjouirait de s’unir à moi dans la reconnaissance à Dieu, chaque fois que l’anniversaire de mon départ en exil le trouve sur terre », lançait le fondateur du mouridisme.
Cette recommandation prononcée en 1921 est l’acte fondateur du Magal. Le fondateur de la cité religieuse de Touba en 1888, va à partir de cette date donner forme à cette célébration. L’éminent guide spirituel transforma cette épreuve en un acte de dévotion profonde à Allah.
«Serigne Touba» avait enjoint aux bienfaits du Magal un acte aussi festif que dévotionnel qu’on appelle communément le « Berndé ». Il s’agit de la préparation de mets et de copieux repas destinés aux hôtes et aux plus démunis.
En qualité et en quantité, les aliments et collations devraient permettre à chacun de sentir que le Magal est également un moment de fête. Dans presque toutes les familles ainsi qu’au sein des regroupement de disciples, des « Dahiras » où des moutons, des bœufs, des chameaux sont immolés pour l’occasion.
Une quantité industrielle de boissons, de viennoiserie, de fruits et toutes sortes de mets n’est de trop pour les besoins de la célébration. C’est aussi une manière de promouvoir les valeurs de partage, de la paix, de la solidarité et l’entre-aide.
Réjouissance et dévotion au cœur d’une célébration
Cette dimension festive qui se manifeste par le «Berndé» est toutefois adossée à divers actes de dévotion. Il s’agit notamment des visites pieuses effectuées auprès des différents fiefs des grands Cheikhs et dignitaires mourides mais aussi des sanctuaires, mausolées des différentes Khalifes et guides religieux qui reposent dans la cité religieuse. Des occasions pour les disciples mourides de renouveler leur engagement spirituel à travers des récitations du Coran, du Zikr, la lecture de ses «poèmes» (Khassaïdes), de causeries sur le Prophète (PSL), sur les hommes pieux, entre autres. Le tout en parfaite adéquation de la « Sunna » (Tradition) du Prophète (PSL) et vœux de « Khadimou Rassoul ». Célébré dans un cadre restreint par son fondateur, cette commémoration était loin d’avoir une l’ampleur collective que l’on constate aujourd’hui.
Les talibés se regroupaient en effet dans différents lieux et dans le cadre de la famille à Diourbel. Après le rappel à Dieu du fondateur du Mouridisme en 1927, le premier Khalife Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké, imitant, en cela, son père, a tenu le flambeau en célébrant la date du 18 Safar déplaçant à Touba. La décision de Magal à Touba à l’unisson sous sa forme actuelle a été prise à la fin des années 40 (1948) par le deuxième khalife Serigne Fallou Mbacké.
Cent deux ans après le premier Grand Magal, l’événement religieux, sans doute l’un des plus grands rassemblements, est aujourd’hui perpétué dans la cité religieuse. Depuis le début du mois de Safar, un flot continu de pèlerins venu des quatre coins du monde continue d’affluer dans la cité de Cheikh Ahmadou Bamba.
L’édition 2024 aura, on le rappelle, comme thème : « L’éducation des populations face à la mondialisation et à ses péripéties ». Comme chaque année, le comité d’organisation a mis en place un programme diversifier pour cette 130e édition.
Panels et communications consacrés au thème tout comme des exposés et des conférences sur les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba marqueront les festivités. Ce, dans le but d’approfondir la compréhension et la diffusion de idées du Mouridisme dans le contexte de la mondialisation actuelle. Il faut rappeler qu’en prélude du Magal, une vaste opération d’investissement humain a été mobilisé pour assurer le bon déroulement des activités et la sécurité des milliers de pèlerins attendus.
Maderpost / Sud quotidien