Greenpeace France, accusé par TotalEnergies d’avoir diffusé « des informations fausses et trompeuses » en réévaluant à la hausse l’empreinte carbone du géant pétrolier français, contre-attaque : l’ONG a annoncé jeudi avoir demandé la nullité des poursuites et la condamnation de l’énergéticien pour « procédure abusive ».
PLAINTE – Dans un document publié fin 2022, Greenpeace avait estimé que les émissions de gaz à effet de serre de la multinationale étaient quatre fois plus importantes que ce qu’elle rapporte, ouvrant ainsi la porte à un débat sur les méthodes de comptabilité carbone. TotalEnergies avait rapidement dénoncé une « méthodologie pour le moins douteuse ».
En avril, le groupe avait assigné au civil l’ONG et le cabinet prestataire ayant réalisé le rapport, Factor-X, pour avoir « diffusé des informations fausses et trompeuses, reposant sur une méthodologie contestable et comportant de multiples erreurs, doubles comptages et approximations, aboutissant à un résultat incohérent ».
TotalEnergies exige que Greenpeace et Factor-X suppriment le rapport de leur site et cessent d’en parler, ainsi qu’un euro symbolique de dommages et intérêts et 50.000 euros de frais de justice.
« L’objectif de TotalEnergies est clair : restreindre la liberté d’expression de Greenpeace », déplore Clara Gonzales, juriste pour Greenpeace France, dans un communiqué.
« Plutôt que de renforcer la transparence sur ses émissions de gaz à effet de serre, le plus gros pollueur français cherche à entraver notre travail quant à sa responsabilité dans la crise climatique (…). Nous ne nous laisserons pas intimider”, ajoute-t-elle.
Greenpeace déplore que l’énergéticien se soit appuyé sur le droit boursier pour engager ses poursuites, et non sur une action en diffamation en droit pénal.
« La procédure doit être déclarée nulle dès lors que TotalEnergies, ce faisant, cherche en réalité à contourner les dispositions impératives et les contraintes procédurales de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, qui offre des garanties propres à l’usage de la liberté d’expression », estime Greenpeace.
L’ONG, qui fait l’objet de procédures de même nature au Royaume-Uni et en Italie engagées respectivement par les pétroliers Shell et Eni, dénonce « l’augmentation des tentatives d’intimidation judiciaire contre la société civile ».
« L’enjeu de la comptabilité carbone est de taille : elle détermine notre capacité à définir une stratégie climat adaptée et à la hauteur de l’urgence climatique », remarque Clara Gonzales.
Les poursuites de TotalEnergies représentent à cet égard « une nouvelle tactique » pour « dissimuler la faiblesse de sa stratégie de neutralité carbone d’ici 2050 », accuse-t-elle.
Maderpost / Seneweb

