Deux dossiers étaient à l’ordre du jour du dernier sommet européen de l’année à Bruxelles, jeudi 16 décembre, la pandémie de Covid-19 avec cette nouvelle donne du variant Omicron et la situation aux frontières orientales de l’Europe. En fin de journée, l’Otan et l’UE ont mis en garde Moscou jeudi contre de « lourdes conséquences » en cas d’intervention militaire en Ukraine, après avoir rejeté la volonté de veto de la Russie sur la possible adhésion de Kiev à l’Alliance.
BRUXELLES – Le Conseil européen a réitéré jeudi son soutien entier à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. « Toute nouvelle agression contre l’Ukraine aura des conséquences lourdes et un coût élevé en réponse », ont assuré les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays de l’UE, dans des conclusions adoptées à l’unanimité après plusieurs heures de discussion à huis clos sur les possibles sanctions économiques européennes. Une mise en garde de l’Otan a suivi avec les mêmes termes. Rappelons que la Russie exige que l’Otan renonce « formellement » à sa décision de 2008 d’ouvrir la porte à l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie, une ligne rouge pour le Kremlin.
La Russie avait remis cette semaine à la secrétaire d’Etat adjointe américaine chargée de l’Europe Karen Donfried une liste de « propositions » sur les garanties juridiques réclamées à l’Otan lors de sa visite à Moscou. Mme Donfield a ensuite présenté à Bruxelles ces propositions aux ambassadeurs des Etats membres de l’Alliance. Et Jens Stoltenberg a officialisé une fin de non-recevoir à Moscou, indique l’Agence France presse.
« Notre stratégie repose sur une approche multiple: dissuasion, reprise du dialogue et soutien à l’Ukraine », a expliqué le président français Emmanuel Macron au cours d’une conférence de presse avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
La première, l’approche par la dissuasion, en envoyant des signaux très clairs et en nous coordonnant. La deuxième chose, c’est de réengager la Russie dans un cadre politique qui est le seul permettant de régler la question ukrainienne, celui des accords de Minsk dans le format Normandie. La troisième chose, c’est de continuer à aider l’Ukraine, c’est-à-dire une consolidation de la situation économique, sociale, industrielle, liberté de la presse, de protection de la qualité de l’information en Ukraine, pour justement venir en soutien au président Zelensky, pour l’action qui est la sienne. C’est cette approche coordonnée sur ces trois fronts qui, je crois, est celle qui nous permet à court terme d’avancer le plus efficacement. Nous avons acté, il y a plusieurs années, le bon encadrement géopolitique des conséquences de Nord Stream II, ce n’est pas un fait nouveau, ce n’est pas quelque chose qui porte en soi ni la solution aux difficultés actuelles ni un facteur aggravant de celle-ci.
Emmanuel Macron : « Notre stratégie repose sur une approche multiple »
Les 27 ont appelé à « encourager les efforts diplomatiques » avec Moscou dans le cadre du « format Normandie » une configuration instaurée lors d’un sommet à Minsk en 2015, dans laquelle la France et l’Allemagne jouent le rôle de modérateurs dans les pourparlers entre les deux belligérants.
Quelles sanctions ?
Les moyens pour sortir du bras de fer engagé entre l’Europe et la Russie sur le dossier ukrainien étaient au menu du déjeuner des 27 jeudi, rapportait notre envoyée spéciale Anastasia Becchio.
En fin de journée, les dirigeants européens ont reconduit pour six mois les sanctions économiques imposées à la Russie après l’annexion de la Crimée en 2014, a annoncé le chef de l’Etat français. Sur les nouvelles sanctions envisagées, aucun détail n’a été communiqué. « Laisser l’adversaire dans l’incertitude est le meilleur moyen d’utiliser l’arme des sanctions », a expliqué un diplomate européen.
Le gazoduc germano-russe NordStream II entre la Russie et l’Allemagne, récemment achevé mais pas encore entré en service, « est une pièce du grand puzzle », a assuré le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki. Le Premier ministre slovène Janez Jansa, dont le pays préside l’UE jusqu’à la fin de l’année, était sur le même ligne. Mais le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz s’est montré plus réservé sur l’utilisation de l’argument gazoduc, au motif que « C’est un projet privé », a-t-il déclaré.
La volonté des pays d’Europe centrale et orientale d’accélérer la candidature de l’Ukraine à l’Otan ou à l’UE se heurte toujours au souhait de certains pays comme l’Italie ou surtout l’Allemagne de ménager les relations essentiellement commerciales avec la Russie, comme par exemple le futur gazoduc NordStream II.
Partisan de sanctions préventives, le président ukrainien volodymyr Zelensky n’a pas caché sa déception devant l’attentisme de l’UE : « Beaucoup de dirigeants européens ne comprennent généralement pas ce qui se passe à nos frontières », a-t-il déploré.
Maderpost / Rfi