Face à la multiplication des cas communautaires, les masques restent l’un des moyens de protection les plus déterminants. Pour aider les populations à en disposer, Sanousi Diakité, ancien Dg de l’Onfp, et l’Association sénégalaise pour la promotion des inventions et innovations (Aspi), en collaboration avec les tailleurs locaux, se sont organisés pour créer un dispositif de fabrication de masques répondant aux normes. Il explique les contours de cette initiative dans cet entretien.
Expliquez-nous un peu l’initiative de confection de masques que vous venez de lancer ?
L’initiative est née à partir de la publication en fin mars 2020 d’une norme Afnor sur un masque barrière contre le Covid-19 destiné à l’usage du grand public, différent des masques de type Ffp2 ou à usage médical qui sont eux destinés au personnel soignant.
L’initiative a été fortement motivée par l’ampleur que prenait la problématique des masques à travers le monde. Il est vrai que les autorités ont mis en place une stratégie efficace qui donne des résultats probants sur le terrain, de lutte contre la propagation du virus en insistant sur les gestes barrières préventifs. Mais le port de masques étant de plus en plus conseillé voire généralisé dans certains pays qui ont choisi cette modalité à la place du confinement, il était important d’envisager cette perspective pour nos pays.
La forte demande mondiale en masques avait fini par provoquer ce que certains ont appelé la guerre des masques entre grandes puissances. Donc il existe des risques élevés à l’importation pour nos pays.
A l’interne, les masques disponibles qui sont pour la plupart destinés au personnel soignant sont vendus à des prix hors de portée de la grande masse. A côté de cela on assiste à une prolifération de masques confectionnés localement mais qui ne répondent pour la plupart à aucune norme.
C’est ainsi que j’ai pensé utile, dans mon devoir citoyen de chercheur et inventeur de concevoir et de mettre en place un dispositif de confection locale par nos artisans tailleurs de masques répondant aux normes donc qui protègent véritablement, avec comme objectif à la fois de favoriser le port généralisé de masques, de créer de l’emploi ou des revenus et même de positionner notre pays comme exportateur de masques.
Quels sont les différents acteurs qui portent ce projet ?
Le masque étant une innovation technologique ainsi que le dispositif conçu procédant d’un process de réalisation spécifique, il était naturel que l’Association sénégalaise pour la promotion des inventions et innovations (Aspi) dont je suis le président, soit le cadre institutionnel approprié pour porter le projet.
L’Aspi regroupe des inventeurs et des innovateurs et a pour mission de promouvoir la créativité et l’inventivité dans la société et de contribuer à travers ses activités à l’appropriation d’innovations, produits ou procédés, utiles au développement de notre pays.
Le projet a des partenaires comme des ateliers de couture, des acteurs de la société civile, les organisations professionnelles. Je pense également que le partenariat avec le service national de l’hygiène sera d’une grande importance en ce qui concerne l’encadrement des utilisateurs. D’ailleurs, nous avons eu dans le cadre de notre association eu l’honneur de remettre au service national de l’hygiène un lot de masques et de lave mais, le 3 avril dernier.
Les masques sont-ils aux normes ?
Oui les masques sont conformes à la norme AFNOR SPEC S76-001. Il ne faut pas oublier que le masque est un produit industriel. La norme en définit les exigences en matière de caractéristiques dimensionnelles et géométriques, de matières, de modes et de périmètre d’utilisation… Pour respecter ces exigences dans notre contexte spécifique, nous avons établi, un process de fabrication qui garantit la qualité et la conformité du produit.
Comment-faites-vous pour que les artisans mettent leurs produits aux normes ?
Notre approche consiste à un système de production inclusif dans lequel l’artisan tailleur bénéficie d’un encadrement d’un suivi et dont l’effet sera la mise sur le marché de masques provenant de divers ateliers mais qui respectent à l’identité les exigences de qualité et de conformité tout en assurant une accessibilité. L’artisan qui accepterait de participer au système de production accepterait en même temps de se soumettre au process, aux conditions et aux procédures de fabrication du masque que nous avons établies.
Sont-ils testés avant commercialisation ?
Ils sont validés avant commercialisation. Et la validation est attestée par un marquage spécifique sur le masque.
Comment peuvent-ils contribuer à protéger les populations ?
Selon la norme, sous réserve des prescriptions d’emploi, le masque “permet de constituer une barrière de protection contre une éventuelle pénétration virale dans la zone bouche et nez de son utilisateur ou d’une personne se trouvant à proximité. Il a pour vocation de protéger cette zone contre tout contact avec les mains”.
Où sont-ils commercialisés ces masques ?
Chaque artisan commercialise pour son propre compte ses propres commandes. Ce qui nous importe c’est le respect des normes qui garantit la protection de l’utilisateur et des vis-à-vis. Il est possible aussi que les artisans labellisés puissent réaliser ensemble une commande.
Quel message lancez-vous aux populations et aux autorités pour une meilleure dissémination de ces masques afin d’étendre la protection contre ce virus ?
C’est un appel que je vais plutôt lancer. Il est possible de fabriquer aux normes des masques en nombre suffisant pour un port généralisé. Des masques pour tous et partout, c’est notre credo. Nous avons la maitrise de la méthode et de l’organisation du système de production qui le permet en cohérence avec la démarche inclusive du Président Macky Sall.
Un autre aspect très important doit être fortement pris en compte, c’est comment utiliser un masque. Ce que nous voyons se faire dans la circulation peut faire du masque un vecteur de transmission au lieu un moyen de protection. Il faut axer la sensibilisation sur la manière d’utiliser le masque.
Maderpost / IGFM