Le domicile du leader du Pastef a été barricadé depuis son retour à Dakar. Face à la presse, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a soutenu que c’est pour éviter un trouble à l’ordre public. Devant le jury du Dimanche, Seydou Gueye, porte-parole de l’APR a appuyé le ministre de l’Intérieur dans ses propos.
TENSION POLITIQUE – Sur les ondes de la 90.3 Iradio, Seydou Gueye a soutenu que : « pour le blocus, il y’a trois principes qu’on n’a pas du mal à comprendre et à partager. Quand vous vous rendez compte qu’une personne peut troubler l’ordre public ou quand vous vous rendez compte que la personne peut se retrouver en danger, il faut prendre toutes les dispositions.
On constate que ses caravanes sont accompagnées de cortèges de désolation, de morts, de saccages et en toute responsabilité, il faut que l’Etat prenne les dispositions sur une base administrative légale, prenne des dispositions pour prévenir ».
Par ailleurs, l’invité du JDD explique : « ce qui m’étonne avec mes amis du Pastef, c’est qu’ils ont un membre de leur organisation qui dénie toute autorité de la Justice, qui refuse d’aller au tribunal et qui veut se fonder sur la justice pour réclamer les droits pendant qu’on est en train d’enterrer des morts dont la plupart pour ne pas dire tous sont les victimes de ses appels à l’insurrection. Il faut être sérieux. Ce qui se joue est plus important que cela ».
S’exprimant sur la violence qui est désormais récurrente dans l’arène politique, il a souligné : « il faut comprendre que notre pays joue son destin au bord du gouffre. Parce qu’il s’est passé une chose dans un espace public qu’on avait l’habitude du débat politique fécond. On est en train de changer de modèle. Depuis combien de temps vous n’avez pas eu l’occasion d’interroger un homme sur ses idées, ses propositions politiques ? Depuis combien de temps nous passons notre temps sur des histoires de procès, de viol etc. Pendant ce temps, qui est-ce qu’on dit et qui-est ce qu’on fait pour les sénégalais ? Il s’est passé une chose depuis l’arrivée du Pastef dans l’échiquier politique. On avait l’habitude du débat politique qui pouvait parfois être rugueux, rude, il n’a jamais été un combat de lutte ». Et d’ajouter : « avec l’arrivée du Pastef il y’a une sorte d’animosité haineuse qui structure aujourd’hui nos relations. Les uns voulant nous amener dans un espace irrationnel alors que la politique c’est s’occuper des populations, apporter des solutions. On n’est plus dans ça. Aujourd’hui, nous sommes en danger. Nous savons ce qui se passe. L’enjeu définitif et le plus important pour moi c’est la consolidation de la démocratie et la préservation de notre modèle démocratique et de notre République. Et à ce jeu-là, nous sommes tous pouvoir comme opposition appelés au même champ de responsabilité ».
Seydou Gueye a aussi abordé les violentes manifestations qui ont éclaté quelques heures après le verdict de la chambre criminelle dans l’affaire opposant le leader du Pastef, Ousmane Sonko à l’ex-masseuse, Adji Sarr. « Ces manifestations-là ne sont pas une éruption subite. C’est l’aboutissement d’un processus qui, à ce moment-là, a permis de constater qu’il y’a eu des attaques très sévères, dangereuses contre l’Etat, contre la nation et contre même des services publics vitaux pour les populations. Ces manifestations ont été précédées par des appels répétés à l’insurrection. Ensuite, une décision est prise dans une affaire qui oppose un leader politique et une masseuse. La réalité judiciaire c’est qu’il y’a un coupable, il y’a une victime.
Ce qui est constant, c’est que la plaignante a dit j’ai été violée, j’ai été menacée de mort. Le juge dans son intime conviction estime qu’il n’y a pas suffisamment d’éléments pour retenir le viol. Si vous lisez l’extrait de jugement qui a été rendu oui Mme Ndiaye a été acquittée de complicité de viol mais pour ce qui concerne l’auteur principal qui a été condamné pas un seul mot relatif au viol n’a été prononcé », a dit Seydou Guèye. Avant de préciser : « ce qui est clair c’est que le viol n’est pas loin de l’infraction qui a été retenue débauche, corruption de la jeunesse. Dans la pratique, si on observe depuis que le viol a été criminalisée je pense que les juges sénégalais font de plus en plus attention avant de retenir la qualification de viol. Je voudrais rappeler qu’il y’a un cas qui n’est pas loin, le cas Sitor Ndour qui a été relaxé au bénéfice du doute. Ça indique que les juges mettent un soin particulier avant de retenir cette qualification puisque le viol a été criminalisé.
Dans cette affaire ce qui est important c’est de rester dans l’autorité de la chose jugée. La deuxième chose qui me paraît être plus essentielle c’est que cette décision illustre, malgré les dénégations, que le juge a été impartial. Si on avait une justice aux ordres on aurait peut-être eu un autre niveau de qualification pour mettre le pouvoir dans le confort. Le pouvoir ne cherche pas le confort avec la justice. Le pouvoir travaille à ce que l’indépendance de la justice soit une réalité. Il aurait été plus utile pour le pays et pour la stabilité que lui-même fut présent au procès ».
Maderpost / Emedia