Créée en 1959, par Mamadou Dia, alors président du Conseil, l’Agence de presse sénégalaise (APS), l’une des plus anciennes en Afrique subsaharienne, est dans l’indigence depuis deux ans, montrant au demeurant le peu d’intérêt des autorités vis-à-vis de la plateforme de maillage d’informations régionales et de première main qu’elle devrait être.
MEDIA – N’appelez surtout pas le 33 821 14 27 et le 33 823 16 67. Ces numéros de téléphone n’existent pas. Tout comme le numéro du fax 33 822 07 67. Pourtant, ils sont écrits blanc sur noir au bas de la page d’accueil de l’APS. Mais voilà, c’est ainsi, depuis deux ans. En dépit des nombreuses grèves des travailleurs et promesses des autorités.
Et s’il vous prend le réflexe d’aller sur l’APS. Parce que vous êtes un investisseur intéressé par le Sénégal, ou alors un décideur autochtone ou étranger, citoyen, voire simplement un curieux, soucieux d’une information de qualité, sans fioriture, rendue au peigne fin, alors prenez votre mal en patience. Vous attendrez plus d’une minute et parfois bien plus entre deux pages.
Vous êtes pourtant connecté sur l’APS, l’une des premières agences de presse nationale en Afrique subsaharienne, si ce n’est la première. La plus enviée. Reconnue et respectée par ses pairs africains et d’ailleurs, comme une agence de presse majeur au rendu agencier universel, pour laquelle tout jeune reporter rêve de travailler. Parce qu’il n’y a pas meilleur école que l’agence. Parce qu’il n’y a pas mieux que l’APS. Son écriture, simple, directe, valeureuse, est formatrice.
Maintenant, pour fonctionner, ses journalistes doivent prendre eux-mêmes des voies de contournement. Du moment que les téléphones de bureau sont inexistants, place à la débrouillardise. Su système D. Mails personnels, téléphones perso ! Les journalistes de l’APS jadis enviés pour leur mise et guettés par beaucoup, pour leur production, font peine à voir désormais.
Pourtant, c’est cette même APS devenue une misère, qui rendait, il y a encore peu, non sans difficulté, toutes les actualités du pays, instantanément, avec fiabilité.
Malheureusement pour elle, son but d’obtenir des informations vendues en retour aux quotidiens ou périodiques privés ou encore à l’audiovisuel, grâce à ses articles, photos et vidéo (qu’elle ne produit pas), n’a jamais reçu un écho favorable auprès de la presse privée, en dépit de la modicité de ses prix.
Pourtant, la qualité est au rendez-vous, la fiabilité aussi. tout comme les spécialités et correspondance dans tous les domaines. Il suffit de contacter l’APS pour disposer d’informations traitées ou à l’état brut. L’incidence économique est de taille pour le privé : limitation de personnel, diminution de la charge salariale et des déplacements, couverture assurée du territoire.
Mais ce n’est pas parce que le média privé n’a pas fait de l’APS un partenaire stratégique, que l’Etat doit en faire de même surtout dans un monde où le digital a pris possession de l’information pour la transporter dans l’inforoute avec les incidences qu’on lui connaît désormais.
Dans un contexte de compétition locale et globale de la demande et de l’offre, l’Agence de presse couvrant la totalité du territoire, a son mot à dire, mais pour se faire, elle doit être soutenue, et se muer en une agence de presse de type nouveau, pour devenir fournisseur de contenu multimédia haut de gamme, au service de l’économie du pays, de l’action sociale et politique, de la culture, du développement et du progrès simplement.
C’est en inscrivant l’APS dans cette nouvelle vision, qui plus est bilingue (anglais et français), qu’elle sera le premier VRP de la destination sénégalaise.
Quand on sait, selon des experts, à l’occasion d’une colloque sur l’avenir des Agences de presse en Afrique tenu les 7 et 8 août … 2001 à Yaoundé au Cameroun, que le taux de pénétration d’Internet a dépassé celui de toutes les technologies de la communication, jamais mises au point, notamment la radio, qui a mis 38 ans avant d’avoir 50 millions de personnes à l’écoute, la télévision 13 ans pour atteindre ce niveau et les ordinateurs personnels, 6 ans pour atteindre le même niveau, on peut se demander à quoi joue l’Etat du Sénégal ?
Chère Excellence, Monsieur le Président de la République, redonnez, s’il vous plait, à l’APS, son lustre d’antan. Le Sénégal y gagnera beaucoup et vous en serez remercié !
Maderpost / Charles FAYE