Le nouveau projet de décret n°2021-826 va abroger toutes dispositions contraires au décret n° 75-266 du 12 mars 1975 portant statut du Prytanée militaire Charles Ntchoréré de Saint-Louis. Ce texte signé des mains du chef de l’Etat, Macky Sall, vient apporter des réaménagements sur la sélection et la gestion du personnel enseignant détaché du ministère de l’Education nationale et les débouchés offerts aux enfants de troupes pour une éventuelle carrière militaire.
EDUCATION – Les réaménagements sont majeurs. Les changements notables. Après 45 ans d’application, le décret n°75-266/PR/MFA du 15 mars 1975 portant statut du prytanée militaire Charles N’Tchoréré de Saint-Louis va être rafraîchi. Le tout, dans l’optique, dit-on, de lui redonner sa vocation d’école de formation de futurs cadres militaires et civils imprégnés de civisme, de valeurs citoyennes et républicaines au service de la Nation. Dans le nouveau projet de décret n°2021-826 portant statut du Prytanée militaire Charles N’Tchoréré de Saint-Louis et qui vient abroger toutes dispositions contraires au présent texte, notamment le décret n° 75-266 du 12 mars 1975, le ministère des Forces Armées motive cette révision par la désuétude de certaines dispositions du décret de 1975. Et cela se traduit par une non-application des dispositions relatives aux sanctions, aux débouchés et aux obligations des Enfants de troupes (remboursement, enrôlement dans les armées, classes préparatoires, etc.). Les modifications apportées portent ainsi sur la sélection et la gestion du personnel enseignant détaché du ministère de l’Education nationale et les débouchés offerts aux enfants de troupes pour une éventuelle carrière militaire.
«Le prytanée militaire peut abriter des classes préparatoires»
Dans le rapport de présentation, le ministère des Forces armées indique que le caractère international de cet établissement nécessite que le personnel enseignant appelé à y servir soit bien sélectionné et sensibilisé sur ses enjeux et sa vocation. L’acte de candidature des intéressés et l’entretien avec une commission spéciale permettra de disposer d’enseignants de qualité, engagés et en phase avec l’autorité militaire de l’école. Et pour ce qui concerne les débouchés, l’objectif est de créer une passerelle pour les enfants de troupes qui souhaitent poursuivre une carrière militaire après le cycle scolaire.
Dans le troisième titre de ce projet de décret consacré à la sanction des études, débouchés et obligations des élèves, il est mentionné dans l’article 18 que «sauf cas d’inaptitude physique ou insuffisance de résultats, tout élève retiré ou exclu de l’école devra rembourser les frais d’entretien supportés par l’Etat durant son séjour à l’école». Alors que l’article 19 stipule que «le prytanée militaire Charles N’Tchoréré peut abriter des classes préparatoires aux grandes écoles militaires. Les modalités d’organisation et de fonctionnement seront déterminées par arrêté du ministre chargé des Forces armées, sur proposition du Chef d’Etat-major général des Armées».
Au prytanée militaire, les études sont sanctionnées, pour l’enseignement moyen et secondaire, par le brevet de fin d’études moyennes (Bfem) et le Baccalauréat. Pour l’instruction militaire, les études sont sanctionnées par les Brevets de préparation militaire élémentaire (Bpme) et de Préparation militaire supérieure (Bpms); le Brevet parachutiste élémentaire pour les élèves âgés de plus de 18 ans et reconnus aptes par le médecin militaire (ceux âgés de moins de 18 ans pourront effectuer ce stage après aptitude médicale et autorisation de leur parent ou tuteur légal) et le Brevet militaire de conduite automobile. A l’issue du cycle scolaire, les élèves titulaires des Brevets de préparation militaire élémentaire (BPME) et supérieure (BPMS) peuvent être admis sur titre au concours direct d’entrée dans une école de sous-officiers d’active. Ceux non titulaires de ces brevets sont soumis aux mêmes conditions d’admission que les candidats civils. Pour les concours d’entrée aux écoles d’officiers, les élèves répondant aux conditions requises vont bénéficier de majorations à définir par arrêté du ministre chargé des Forces armées.
Du directeur et du commandant de l’école
Dans le quatrième titre qui traite des dispositions relatives au personnel enseignant, il est précisé, dans l’article 20, que le Directeur des études et les professeurs sont désignés par arrêté du ministre chargé de l’Education nationale. Conseiller pédagogique du Commandant d’école, le Directeur des études est le supérieur hiérarchique du personnel enseignant. Et à ce titre, il a pour mission de veiller à ce que la conduite du corps professoral soit conforme à l’esprit et aux principes de fonctionnement du Prytanée, traiter les questions relevant du ministère de l’Education nationale ou intéressant les enseignants et de proposer des solutions. Il a également pour mission d’appliquer les directives du ministère de l’Education nationale, sous la responsabilité du Commandant. Le Directeur des études fait signer au Commandant d’école toutes les correspondances destinées aux échelons supérieurs. Il doit aussi rendre compte au Commandant d’école de toutes les décisions prises à son niveau et concernant les enseignants ou les Enfants de troupe.
Le nouveau texte précise par ailleurs que le Directeur des études et le personnel enseignant sont logés par les soins du ministère de l’Education nationale. Néanmoins, l’autorité militaire peut, selon la disponibilité, loger certains enseignants.
SARAKH NDIAYE, ANCIEN ENFANT DE TROUPE :«C’est un réaménagement de correction»
Ancien élève du Prytanée militaire entre 1988 et 1995, Sarakh Ndiaye revient sur les changements notés dans ce nouveau texte. Quoi que, selon lui, ils ne sont pas majeurs
Quelles analyses faites-vous après lecture du nouveau projet de décret portant statut du Prytanée militaire Charles N’Tchoréré ?
Dans le contenu, c’est ce qui a toujours existé jusque-là. Mais il y a quand même quelques petits réajustements avec la responsabilisation du commandant d’école quant au choix des professeurs et l’indemnité qui est allouée aux enseignants qui y sont affectés. Mais dans la trame, le Prytanée militaire Charles N’Tchoréré reste une école militaire qui est destinée à préparer les futurs cadres de notre armée et à inclure des valeurs civiques et citoyennes à ses pensionnaires.
Dans le rapport de présentation, il est dit que «les réaménagements envisagés portent ainsi sur la sélection et la gestion des personnels enseignants détachés du ministère de l’Education nationale et les débouchés offerts aux enfants de troupe pour une éventuelle carrière militaire». Y a-t-il des faits nouveaux concernant ce point ?
Les critères de sélection ne vont pas varier. C’est un concours ouvert à tous les élèves des classes de Cm2 sur l’étendue du territoire national. Il y a aussi des Nations étrangères qui peuvent y envoyer des élèves selon des conventions diplomatiques signées avec l’Etat du Sénégal. La nouveauté c’est que maintenant, après le Bac, il y a possibilité que le Prytanée puisse voir, dans un futur proche, comment s’organiser pour avoir des classes préparatoires et des formations post-Bac. C’est cela la grande nouveauté. Il faudra forcément une réflexion par rapport au contenu de cette disposition.
Pensez-vous que les réaménagements apportés seront à même de rehausser le standing de l’école ou bien il y a lieu de réfléchir à introduire d’autres innovations ?
Je pense que c’est un réaménagement de correction parce que depuis quelques années, le Lycée d’excellence de Diourbel fait de très bons résultats. Il y a aussi l’école Mariama Ba qui a été érigée en lycée d’excellence. Le fait de clarifier certaines choses et d’offrir certaines opportunités de l’évolution des textes réglementaires du Prytanée militaire, cela permet de maintenir le standing et de tout faire pour que cette école qui va fêter son centenaire dans deux ans, soit à même de répondre aux critères d’excellence qui lui ont été attribués depuis la nuit des temps. Cela renforcera l’excellence et cela permettra au Prytanée de maintenir le cap qui lui est reconnu jusque-là.
Dans le titre 3 de ce texte réglementaire, l’Art 18 dit que «sauf cas d’inaptitude physique ou insuffisance de résultats, tout élève retiré ou exclu de l’école devra rembourser les frais d’entretien supportés par l’Etat durant son séjour à l’école». Cela a toujours été le cas ?
Oui. Ce n’est pas une nouveauté. En faisant le concours, il y a un engagement auquel tout parent ou tuteur est tenu de souscrire en cas de manquement grave de son enfant, de payer tous les frais qui ont été engagés avec l’argent du contribuable pour lui permettre de suivre la scolarité au Prytanée. Quand on fait un concours et qu’on y accède c’est parce qu’on a réussi à la place de millier d’autres. Quand on prend la place de quelqu’un et qu’on ne va pas à terme, on a porté un préjudice à celui-là qui aurait pu faire le cycle normal au Prytanée.
Est-ce que les parents s’acquittaient toujours de cette obligation en cas de manquement ?
Je n’ai jamais entendu un parent qui a été poursuivi pour un remboursement, même s’il y a eu des manquements. Peut-être que c’est une disposition qui a toujours été là, mais je n’ai pas encore vu un cas effectif.
Maderpost / L’Observateur