Comment se fait-il que le rapport définitif de la Cour des comptes sur le Contrôle de la gestion du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la covid 19 – Gestion 2020-2022 classé sous le sceau de la « stricte confidentialité » uniquement destiné à ceux choisis par la Cour des comptes se retrouve-t-il sur la place publique. Pourquoi a-t-il été publié et pourquoi ?
Le rapport définitif de la Cour des comptes « est strictement confidentiel et ne saurait être communiqué à des destinataires autres que ceux choisis par la Cour des Comptes ». Comment se fait-il alors qu’il soit publié alors que le président de la République, seul destinataire en mesure de dire la suite à donner, ne s’est prononcé sur la conduite à tenir ?
Cette question taraude l’esprit, ce d’autant que la publication du rapport définitif de la Cour des comptes datant du 19 aout intervient à un moment où des partisans du Président Macky Sall font de lui leur candidat pour la présidentielle de février 2024. Moment ne peut donc tomber plus mal pour un président sortant voulant se présenter pour une troisième mandat que de voir une telle bombe atterrir sur la place publique. Les conséquences puuvant être lourdes de sens pour lui en 2024.
Cette publication taraude d’autant plus l’esprit que ce rapport de la Cour des comptes sur le Contrôle de la gestion du fonds de riposte et de solidarité contre les effets de la covid 19 – Gestion 2020-2022 est une commande du chef de l’Etat lui-même. Soumis aux personnes concernées durant la phase des travaux de contrôle, il est « destiné uniquement à ceux choisis par la Cour des comptes », parmi lesquels le chef de l’Etat qui, faut-il le rappeler peut recevoir périodiquement, à sa demande, des notes épisodiques concernant l’évolution des travaux de la Cour des comptes. Ce qui lui donne l’opportunité d’apprécier les tournures et développements des travaux ainsi que la possibilité de les faire arrêter ou de demander leur continuation. De ce point de vue, on peut donc croire que le Président Macky Sall a eu des informations pour réagir en conséquence. Le limogeage de certains ministres peut s’entendre ainsi.
Mais cela n’explique toujours pas la publication du rapport qui ne fait pas les affaires du Président et qui, pire encore, plombe l’ambition à lui prêtée de briguer un troisième mandat.
Pourquoi ce rapport a-t-il été publié ? Qui a demandé sa publication ? La Présidence ! Pourquoi ?
Si l’on considère que la publication dudit document ne milite pas pour un troisième mandat du Président Sall, on peut tout aussi bien considérer que sa « fuite organisée » montre et démontre que le chef de l’Etat n’a pas envie de se présenter pour un troisième mandat en 2024. Et qu’il ne veuille peut-être pas non plus voir des cadres en première ligne de son parti ambitionner de lui succéder à Roume. Macky Sall aurait-il un plan pour quelqu’un d’autre pour lequel il travaillerait qu’il aurait tout à gagner à mettre sur le carreau les prédateurs « dont il se plaint souvent » selon une indiscrétion qu’il voit « souvent ».
Dans une la perspective d’une non candidature, le « fuitage » du rapport prend tout son sens. La séquence s’avère d’ailleurs intéressante dans la mesure où elle survient moins de 10 jours après la Déclaration de politique générale du Premier ministre Amadou Ba, lundi 12 décembre, et moins d’une semaine après son retour à l’Assemblée nationale, jeudi 15 décembre, pour faire face à la motion de censure déposée par les députés de Yewwi Askan Wi.
Macky Sall chercherait-il à calmer les ardeurs de son Premier ministre à qui son clan prête des “réunions politiques” liéee à une ambition présidentielle ? Il se dit que le Président Macky Sall ne souhaite pas le voir briguer la présidence en 2024. Amadou Ba ne serait pas son choix.
Il est vrai qu’il n’est un secret pour personne que sa nomination n’était pas dans les plans du patron de BBY. Le nom de Mamadou Moustapha Ba alors directeur général du budget a été fortement agité des heures, pour l’installer certainement dans l’imaginaire populaire et freiner certaines ardeurs de son camp. Il reste cependant qu’il eut été maladroit pour le Président Sall de créer un autre contre-courant dans la maison marron-beige après la révolte et volte-face de Mimi Touré. C’eut été beaucoup que de perdre en quelques jours deux pontes du parti et du pouvoir. Voilà comment Amadou Ba a été appelé en dernière minute, disent les observateurs de la scène politique sénégalaise.
Si le Président Sall ne veut pas d’Amadou Ba qui a fait bonne figure lors de la motion de censure qui veut-il à Roume en 2024 ?
Maderpost / Charles Faye