Le Sénat argentin vient de clore des années de débat en votant en faveur du droit à l’avortement, au terme d’une nuit d’âpres discussions. Dans les rues de Buenos Aires, les Argentins ont veillé jusqu’au cœur de la nuit jusqu’à l’annonce de la décision finale.
SANTE –C’est une nuit exceptionnelle que viennent de vivre les Argentins, et la décision est tombée à 4h12 ce 30 décembre : la loi sur l’avortement “légal, sûr et gratuit” a été adoptée par le Sénat, entérinant un droit que réclamaient depuis quinze ans un très grand nombre d’Argentins, femmes et hommes, relate le quotidien argentin Página12. Les sénateurs ont adopté le texte par 38 voix pour et 29 contre, avec une seule abstention.
Pour les militants de la “marée verte “qui défendaient depuis si longtemps le droit à l’avortement et avaient encore connu un échec en 2018 avec le rejet par la chambre haute du projet de dépénalisation de l’avortement, ce vote est un bonheur sans mélange, constate le journal :
L’ampleur de l’adhésion [des sénateurs] au projet de loi […] dépasse les estimations les plus optimistes qui circulaient à l’ouverture de la session […]. “
La session avait commencé à quatre heures de l’après-midi et s’est éternisée pendant douze heures. Dans l’intervalle, les Argentins se sont massés devant le palais du Congrès au cœur de Buenos Aires, pro et anti-avortement rassemblés de part et d’autre de la place, dans l’attente de la décision.
À l’annonce des résultats, les partisans du droit à l’IVG ont laissé éclater leur joie et leur émotion, en larmes, tandis que les tenants de l’interdiction d’avorter déploraient “la pire loi de la terre”, rapporte le correspondant d’El País sur place. Des prêtres s’étaient joints, sur la place, au rassemblement côté bleu, la couleur des opposants à l’IVG, célébrant des messes improvisées au cours de la soirée
Un exemple pour l’Amérique latine ?
Le texte adopté prévoit un droit à l’avortement jusqu’à la quatorzième semaine de grossesse. L’IVG sera prise en charge par le système de santé argentin, gratuitement. Les médecins disposeront du droit de refuser de la pratiquer, mais leur établissement de santé devra dans ce cas diriger la patiente sans délai vers un autre hôpital ou clinique.
À 4h55 du matin de ce 30 décembre, le président argentin Alberto Fernández a posté un message sur Twitter :
Aujourd’hui, nous sommes une société meilleure, qui élargit les droits des femmes et garantit la santé publique.”
Pour l’Amérique latine, cette victoire du droit à l’avortement en Argentine pourrait s’avérer exemplaire et renforcer la mobilisation des mouvements pro-avortement dans la région. Une région où l’avortement reste interdit, sévèrement puni ou très restreint dans une majorité de pays.
Maderpost/ Courrier International