Le Sénégal qui a enregistré 36 cas, n’est pas en reste. Le président de la République a interdit les manifestations publiques, suspendu les cours pour arrêter la contagion. Mais selon le Pr Coumba Touré Kane, directeur scientifique l’Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF), les autorités on beau mettre en place un plan de riposte, si les populations ne suivent pas, cela risque de ne pas servir à grand chose.
CORONAVIRUS – Après son apparition en Chine en décembre 2019, le Coronavirus qui a fait une escale en Europe est arrivée en Afrique; poussant chaque pays à prendre des mesures draconiennes.
Le Professeur de bactériologie virologie à la Faculté de médecine de l’Université Cheikh Anta Diop plaide pour l’implication de tout le monde dans cette “guerre sanitaire”. Jugeant les mesures prises par le Sénégal appropriées pour venir à bout du virus, elle propose cependant mieux, le confinement de la zone d’où est partie l’explosion des cas. Pour elle, les aller-retour et les entrées à Touba doivent être restreintes pour mettre hors d’état de nuire le virus à couronnes.
Sa proposition peut sembler radicale, mais pas impossible à concrétiser.
Il suffit juste à l’en croire de mettre à contribution les guides religieux qui se chargeront de parler aux talibés pour qu’ils prennent la mesure du danger qui nous guette. “Si on arrive à faire cela et à respecter les mesures d’hygiène, on peut endiguer ce fléau”, propose-t-elle.
De toute façon, pour le chef de service du laboratoire de bactériologie virologie, il n’y a pas d’autre choix. “Si jamais ce qui se passe en Italie arrive au niveau de l’Afrique, on ne pourrait pas y faire face”, prédit-elle non sans inviter à une prise de conscience collective.
Le Professeur Ndèye Coumba Touré Kane a aussi plaidé pour l’implication des autres laboratoires dans la réalisation des tests de diagnostic. “Pour le moment, les tests se font à l’Institut Pasteur, mais il ne faut pas également se limiter à l’Institut Pasteur. Il faut recenser tous les acteurs de santé qui ont les capacités de participer dans cette dynamique de réalisation des tests, aussi bien les laboratoires de recherche que les laboratoires du système public et renforcer ces laboratoires pour que, si Pasteur est dépassé par le nombre de tests, qu’on puisse vraiment utiliser ces laboratoires “, préconise-t-elle.
Aussi-t-elle tenu à expliquer la provenance du virus et son caractère émergent. “C’est un virus qui est né d’une combinaison génétique. Les études disent que c’est des virus de chauve-souris qui se sont retrouvés avec des virus de serpent pour se retrouver dans une cellule humaine en même temps. Et l’ARN polymérase qui doit faire la multiplication de ces virus fait des erreurs, donc a quitté le virus de chauve souris en la copiant pendant un moment et est allé vers le virus de serpent, ça a donné un nouveau variant qui est le virus émergent responsable de cette maladie”, détaille la virologue.
Elle a aussi fait un exposé sur la propension qu’ont les virus à ARN à opérer des mutations.
“Vous savez il y a des virus à ARN et des Virus à ADN. ADN et ARN sont le matériel génétique des virus. Les virus à ARNS font des mutations. L’exemple que je peux vous donner, c’est le virus de la grippe, c’est la raison pour laquelle, il y a une révision pour voir quel type de vaccin on va produire contre la grippe. Et ce virus qui est responsable de la maladie actuelle, le coronavirus, c’est un virus à ARN. Qui dit virus à ARN dit virus qui fait des mutations. Donc, ces mutations peuvent être à l’origine d’une souche qui va avoir une virulence beaucoup plus élevée ou d’une souche pour laquelle, il n’y aura pas de signes cliniques. Ça dépend de ces mutations-là…”
Maderpost / Dakaractu