Parallèlement au spectacle de la destitution et aux scandales qui n’ont pas encore été révélés concernant Donald Trump et son gouvernement, les investisseurs peuvent encore se concentrer sur l’économie et le marché actions.
Il n’existe presque aucun risque de récession au cours des trois prochains mois – et il y a moins de 20% de chances qu’une récession ait lieu avant novembre 2020. C’est une bonne nouvelle pour Trump, car une récession (ou l’absence de récession) est le meilleur indicateur déterminant si un président en place va être réélu.
Les probabilités de réélection de Trump se situent à l’inverse des probabilités qu’une récession survienne avant le mois d’octobre 2020. Si les probabilités de récession sont de 20%, alors les probabilités que Trump soit réélu sont d’environ 80% (corrigées de facteurs annexes).
Les chances de réélection de Donald Trump grimpent
Chaque mois qui passe réduit d’autant plus la probabilité qu’une récession survienne avant les élections, ce qui veut dire que les probabilités que Trump soit réélu grimpent. Trump devrait avoir 90% de chances de remporter l’élection d’ici le jour du vote – sauf chocs extrêmes et inattendus survenant au cours des dix prochains mois.
Les chances de Trump sont également renforcées par la faiblesse de ses opposants. Les Américains ont montré qu’ils n’avaient que peu de goût pour le type de socialisme vanté par Bernie Sanders et Elizabeth Warren. Pete Buttigieg n’a pas le soutien des Afro-Américains, ce qui est indispensable pour un démocrate.
Quant à Joe Biden, selon des rumeurs, il manquerait d’énergie et montrerait des signes de problèmes cognitifs susceptibles de soulever de sérieux doutes chez les électeurs, et de pénaliser ses performances lors des débats.
Le rôle de la Fed
La Fed va abaisser les taux d’intérêt au moins une fois encore avant les élections. Cette baisse des taux ne se produira pas aux réunions du FOMC, le comité de politique monétaire de la Fed, de janvier ou de mars 2020 : elles interviennent trop tôt après l’annonce faite aux marchés par la Fed, fin décembre, qu’elle appuyait sur le bouton « pause » (annonce renouvelée fin janvier).
La baisse des taux ne se produira pas non plus avant les réunions du FOMC de juillet ou septembre 2020, car ces dates sont trop proches du jour des élections, et la Fed ne veut pas donner l’impression de faire pencher la balance en faveur d’un parti ou d’un autre.
La Fed va rester « en suspens » de juillet jusqu’aux jours suivant les élections. Par élimination, tout simplement, la Fed devrait abaisser les taux en juin.
Les raisons justifiant cette baisse des taux (à laquelle les marchés ne s’attendent pas) n’ont pas explicitement pour but d’aider Trump à être réélu (bien que ce soit l’une des conséquences). La raison sera la suivante : offrir une police d’assurance contre la désinflation et une récession.
La Fed sait qu’elle aura les mains liées jusqu’en décembre, alors elle va offrir une baisse des taux, par mesure de sécurité.
Coup de pouce boursier et augmentation de l’or
Une baisse des taux en juin donnera un nouveau coup de pouce aux actions, qui devraient continuer à enregistrer de bonnes performances. A mesure que les élections approcheront et que la victoire de Trump deviendra de plus en plus manifeste, les actions vont progresser sur l’anticipation de quatre années supplémentaires de faible fiscalité, d’allègement de la réglementation et d’un environnement favorable aux entreprises.
L’or sera dopé, lui aussi, par une nouvelle baisse des taux. Cela viendra s’ajouter aux acquisitions d’or persistantes de la Russie, de la Chine et de l’Iran, et à une stagnation de la production minière.
La géopolitique joue un grand rôle dans les cours de l’or, dans la mesure où chaque crise survenant à l’étranger fait surgir une tendance à se précipiter sur les valeurs refuges. La prochaine crise verra flamber l’or à 1 600 $ l’once, niveau à partir duquel il devrait ensuite grimper encore plus.
En l’état actuel des choses, non seulement Trump sera réélu, mais les républicains devraient conserver le contrôle du Sénat et peut-être reprendre le contrôle de la Chambre des représentants. Rien qu’en contrôlant la Maison Blanche et le Sénat US, les républicains contrôlent les nominations judiciaires (notamment deux autres sièges de juge de la Cour suprême) et les traités.
Une reconquête à surveiller
La reconquête de la Chambre des représentants sera plus difficile mais ce n’est pas du tout impossible. Traditionnellement, les présidents perdent des sièges à la chambre lors des premières élections de mi-mandat suivant leur victoire à la Maison Blanche. En fait, en 2018, Trump a perdu moins de sièges que Bill Clinton en 1994 (ses républicains, menés par Newt Gingrich, ont remporté la majorité pour la première fois depuis 1954), et qu’Obama en 2010 (lorsque le Tea Party s’est élevé contre les politiques d’Obama).
En 2018, 31 démocrates ont été élus dans des districts où Trump l’avait emporté d’au moins cinq points en 2016. Tous ces démocrates, sauf deux, ont voté en faveur de la destitution. L’un de ces deux démocrates est depuis passé au parti républicain.
Aujourd’hui, le parti républicain détient 197 sièges à la Chambre. Pour la contrôler, il faut 218 sièges. Les républicains devraient remporter 21 sièges pour y parvenir. Avec 30 sièges démocrates très vulnérables (à cause de la destitution) et la capacité avérée de Trump à rapporter des voix à son propre camp (« coattail effect« ), il ne serait pas impossible de rafler 21 de ces 31 sièges (tout en conservant tous les autres).
En novembre 2020, selon l’issue la plus probable, les républicains décrocheront la Maison Blanche, le Sénat et la Chambre avec une confortable majorité, tout en ayant le contrôle sur la Cour suprême et d’autres nominations sur le plan judiciaire.
Cependant, entre temps, un grand nombre de mines peuvent encore exploser. Disons que ce sera une nouvelle année de tous les dangers.