Dehors l’ancien, place au neuf ! Aujourd’hui, nous quittons la casse automobile pour nous tourner vers les véhicules flambant neufs de l’autre côté de la route.
Par Bill BONNER
ECONOMIE – Tandis que le gouvernement fédéral américain – les conservateurs comme les progressistes – remplace l’ancienne économie libre par un nouveau modèle (vaguement basé sur la conception soviétique), la Réserve fédérale dévoile son nouveau système financier post-libre échange. Le New York Times nous en donne les dernières nouvelles :
« La Réserve fédérale promet des taux bas pendant des années et jusqu’à ce que l’inflation accélère. Des dirigeants de la Réserve fédérale prévoient de laisser les taux d’intérêts proches du zéro pendant des années – au moins jusqu’en 2023 – tandis qu’ils tentent de faire revenir l’économie à sa pleine vigueur après la récession provoquée par la pandémie, si l’on se fonde sur leur déclaration stratégique pour septembre et les projections économiques publiées mercredi. »
Ici, nous allons nous départir de notre objectivité habituelle pour dire que c’est vraiment idiot.
Les temps changent. Les goûts évoluent. Les gens pourraient tout à fait décider qu’ils en ont assez de la liberté… même si elle n’est qu’un objectif. Ils ne veulent pas gagner leur propre argent… ou payer leurs propres soins de santé… ou choisir quand et comment vivre.
Ils veulent des dirigeants – des Hommes Forts – qui prennent leurs décisions à leur place, allant jusqu’à leur dire quand ils ont le droit de sortir de chez eux !
Mais y a-t-il vraiment des gens pour croire que 12 vieux croûtons siégeant au comité de la Fed peuvent décider du prix le plus important de la finance, le prix du crédit, mieux que le marché libre ? Si oui, où sont les preuves ?
Lorsque la Fed met le taux proche du zéro, cela ne signifie-t-il pas que le crédit – le fait de prêter de l’argent – n’a aucune valeur ? Qui irait croire ça ?
Nous n’en savons rien… mais qui que ce soit, cette personne est crétine.
Sottises
Hélas, dans le monde moderne – avec son éducation publique, ses réseaux sociaux et ses agents chronophages –, les crétins sont aussi nombreux que les électeurs. La dernière proclamation de la Fed n’a donc été accueillie ni par des hurlements de rire, ni par un mépris non déguisé.
Au lieu de cela, les analystes et les rêveurs ont pris cela comme c’était prévu – c’est-à-dire comme un fantasme, un fantasme dont ils sont tous complices.
Le New York Times offre son avis : « Pousser une légère augmentation des prix donnerait aux dirigeants de la Fed une plus grande marge de manœuvre pour stimuler l’économie quand c’est nécessaire, dans la mesure où les taux tiennent compte de l’inflation. On pense également qu’un peu d’inflation graisse les rouages de l’économie, donnant aux employés la possibilité de répercuter les augmentations de prix et d’augmenter les impôts. »
Voyons voir – les entreprises peuvent augmenter les prix… et aussi payer plus leurs employés. Existe-t-il un être doué de raison incapable de voir les sottises honteuses que cela représente ?
Pourtant, nous voilà avec le président de la Fed, Jerome Powell, affirmant ces énormités en public… et les journalistes financiers du New York Times le traitant comme s’il n’était pas complètement idiot.
Le problème, c’est que lorsqu’on construit sur des fantasmes, on termine avec des monstruosités.
Sur l’île enchantée
Ce qui nous ramène en Argentine, qui vit sur l’Ile enchantée, par intermittence, depuis que l’homme fort lui-même – Juan Perón – a promis de construire 100 000 maisons pour les pauvres en 1945.
En quelques mois, les anciens « conservateurs » avaient disparu. Le marché libre, le droit à la propriété, la libre entreprise et le respect des contrats… l’indépendance et la responsabilité financières – tout cela était soudain passé de mode.
A la place, le gouvernement s’occuperait de tout le monde… taxant les riches, dépensant, contrôlant les prix, empruntant… et, finalement, imprimant de l’argent.
Aujourd’hui, 75 ans plus tard, les fantasmes continuent de dominer la politique… tandis que les politiques financières ne sont guère plus que des rustines et des mensonges. Bloomberg : « Désormais, les Argentins cherchant à acquérir des dollars pour leur épargne devront payer une nouvelle taxe de 35% en plus de la précédente taxe ‘de solidarité’ de 30%, et ils resteront limités à des achats de 200 $ par mois, pas plus. Ce prélèvement supplémentaire affectera également les achats en dollars par carte de crédit. »
Défaut lent
Les Argentins, cependant, peuvent repérer les voleurs même lorsqu’ils portent un masque.
Quelques secondes à peine après l’annonce de mardi, des files s’étaient formées devant les vendeurs de devises au marché noir, avec des gens se hâtant d’échanger des liasses de pesos contre quelques dollars US (sapant de fait les efforts du gouvernement pour maintenir le dollar en baisse).
Le taux de change a grimpé en flèche, passant de 130 pesos/dollar mardi matin à 150 le lendemain.
Au moins le défaut argentin se fait-il ouvertement. Dans quelques années, il sera quasiment oublié.
Le défaut américain, lui, prendra plus de temps. Il sera plus sournois… et bien plus coûteux.