L’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson va se battre mercredi pour sauver son avenir politique, devant une commission qui va passer au crible ses mensonges durant la crise du Partygate, ces fêtes à Downing Street en pleine pandémie.
ROYAUME UNI- Pendant une audition télévisée qui débutera en début d’après-midi et pourrait durer quatre heures, l’ancien chef du gouvernement conservateur de 58 ans, va tenter de se dépêtrer du scandale qui lui a coûté son poste en juillet et a entrainé le Royaume-Uni dans des mois d’instabilité politique.
« Un Boris optimiste prêt au combat », titrait mercredi le tabloïd The Daily Mail, tandis que The Guardian notait que l’ancien Premier ministre joue « sa survie politique ».
S’il se retrouve dans sa position favorite, au centre de l’attention médiatique et politique, le tonitruant dirigeant, désormais simple député et qui va prêter serment sur la bible avant de témoigner, pourra-t-il éviter une sanction qui anéantirait tout espoir d’un retour au premier plan de la vie politique britannique ?
La commission parlementaire, accusée de s’être lancée dans une chasse aux sorcières par les partisans de Johnson, doit déterminer s’il a menti délibérément à la Chambre des Communes, notamment lorsqu’il a affirmé en décembre 2021 devant les députés que « les règles ont tout le temps été respectées » à Downing Street pendant la pandémie.
« Deux poids deux mesures »
Le « partygate », ces révélations durant des mois sur les fêtes arrosées à Downing Street durant un confinement particulièrement strict au Royaume-Uni, avait suscité la colère des Britanniques, qui avaient dénoncé un « deux poids deux mesures » intolérable.
Dans un document de 110 pages rendu public mercredi matin, la commission retrace les déclarations officielles de Boris Johnson et ce qui se passait alors à Downing Street, photos et témoignages à l’appui.
En mai 2020, M. Johnson incite par exemple « l’ensemble du pays à obéir aux règles », mais participe quelques jours plus tard à une garden party dans les jardins de Downing Street.
Le 10 juin, il « exhorte tout le monde à continuer de faire preuve de retenue et de respecter les règles » et participe le 19 à une fête d’anniversaire organisé pour lui par son épouse Carrie.
Et en novembre 2020, à l’occasion d’une petite fête, toujours à Downing Street, il ironise sur le fait que « c’est probablement le rassemblement le moins respectueux de la distanciation sociale dans tout le Royaume-Uni ».
Selon le témoignage d’un employé de Downing Street, Boris Johnson « a eu l’opportunité de mettre fin » à ces rassemblements, mais « a laissé ces comportements continuer ».
Si la commission, qui a obtenu les témoignages écrits de 23 personnes, conclut qu’il a menti, Boris Johnson risque de perdre son siège de député, compromettant le reste de sa carrière politique et ses espoirs de revenir un jour à Downing Street.
Les députés voteront sur les sanctions qu’il pourrait encourir, y compris une suspension, qui si elle dépasse 10 jours pourrait déclencher une élection partielle dans sa circonscription, où sa majorité est faible.
« Écœurant »
Boris Johnson a reconnu avoir menti à la commission en niant l’existence de ces fêtes, puis en assurant qu’elles avaient respecté les règles anti-Covid, mais a plaidé la bonne foi dans un document de 52 pages rendu public mardi, où il pointe du doigt ses principaux conseillers.
Mais l’un d’entre eux, Martin Reynolds, lui avait recommandé de ne pas affirmer au Parlement que les règles avaient tout le temps été respectées, jugeant que ce n’était pas « réaliste », selon son témoignage reçu par la commission.
Ces arguments ont déclenché la colère des familles de victimes de la pandémie. Pour Bereaved Families for Justice, « il est évident que Boris Johnson a délibérément trompé le Parlement ».
Le groupe qualifie d’« écœurant » le fait qu’il affirme avoir agi de bonne foi.
Dans un rapport préliminaire début mars, la commission avait indiqué que les éléments recueillis « suggèrent fortement » que les violations des règles anti-Covid devaient être « évidentes » pour Boris Johnson.
Il avait démissionné en juillet, poussé vers la sortie par une révolte au sein de son gouvernement. Boris Johnson a cependant tenté un retour fin octobre quand son éphémère successeure, Liz Truss, a quitté Downing Street.
Maderpost / Seneweb