Comment sortir de la crise politique au Sénégal ? Après sa décision de reporter l’élection présidentielle à décembre prochain, Macky Sall est « dos au mur, constate WalfQuotidien, acculé par la communauté internationale ». Alors, croit savoir le quotidien dakarois, « après Khalifa Sall et Karim Wade, il mise sur la coopération avec (un autre opposant) Ousmane Sonko, en détention, pour réduire la pression des manifestations et pour rebondir ».
CRISE POLITIQUE AU SENEGAL – Commentaire de Jean-Charles Biagui, enseignant-chercheur à l’Ucad, cité par Walf : « Son objectif n’est pas de résoudre une crise qu’il a lui-même créée. Devant cette impasse et face à la pression de la communauté internationale, Macky est obligé de dialoguer pour se frayer une porte de sortie. »
Négociations en cours
Résultat, complète le quotidien 24 Heures, « de la prison où il dort, Ousmane Sonko est plus que jamais proche du palais présidentiel. Seulement, pointe le journal, il doit faire preuve d’une très grande intelligence politique. Montrer une autre dimension et rassurer sur ses capacités à conduire le destin de tout un peuple ou tout perdre. Il ne lui sert plus à rien dans ce contexte de se radicaliser surtout quand l’histoire est en train de lui donner raison. (…) Comme annoncé par Alioune Tine, de grandes négociations sont en cours, relève encore 24 Heures. Du côté de la mouvance de l’ex-parti Pastef, on continue urbi et orbi de réclamer avec véhémence la tenue de la présidentielle à date échue. Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers Ousmane Sonko qui a maintenant un atout maître entre ses mains ».
Et le quotidien sénégalais de s’interroger : « Acceptera-t-il la main tendue du président de la République pour prouver à la face du monde qu’il a une vraie posture d’homme d’État ? (Ou bien) dira-t-il non ? »
Vers une amnistie ?
En effet, confirme Jeune Afrique, des négociations sont bien en cours entre Macky Sall et l’opposant. Au centre des discussions : « Un projet de loi d’amnistie qui pourrait être demandé cette semaine par le président Macky Sall à sa garde des Sceaux, l’avocate Aïssata Tall Sall, afin de permettre à Ousmane Sonko de redevenir éligible (et qui prévoirait aussi la libération d’autres détenus politiques). »
Toutefois, indique encore Jeune Afrique, Sonko et son entourage seraient intransigeants quant au respect du calendrier électoral. « L’élection présidentielle, affirment-ils, doit pouvoir se tenir à la date du 25 février ; avec, au pire, un report de deux semaines. »
Vers un dialogue de sourds ?
Le Pays au Burkina Faso est plutôt circonspect :« Si dialogue il peut y avoir entre le pouvoir sénégalais et son opposition, c’est, en tout cas, pour l’instant, un dialogue de sourds qui est lourd de conséquences pour le Sénégal et pour les populations qui paient un lourd tribut. En effet, il ne fait l’ombre d’aucun doute que si le bras de fer perdure, les activités économiques prendront un coup et le climat social s’empuantira davantage. Il faut d’ailleurs craindre que, comme d’habitude, ce soit in fine le peuple sénégalais qui devienne le dindon de la farce. »
Un rapprochement Sall-Sonko ? Pour Ledjelyen Guinée, ce serait une erreur : « Ce compromis-là serait une compromission qui risquerait de porter préjudice au pays et à son image pour longtemps encore. Quant à la classe politique, elle y laissera bien des plumes. Pire, les Sénégalais pourraient se sentir trahis, estime encore le site guinéen. Eux qui ont subi dans leur chair et leur être toute la violence que Macky Sall a imposée au pays tout au long de son second mandat, ne comprendraient pas notamment la volte-face de certains leaders politiques. Et ce déficit de confiance entre les peuples et la classe politique est le cancer qui gangrène nos États, l’un après l’autre, ces dernières années. (…) En tout cas, prévient Ledjely, c’est ce facteur qu’au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, les militaires ont invoqué pour s’emparer du pouvoir et s’y installer. »
Maderpost / Rfi