Le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko revient encore sur la déclaration qui a valu à nombre de ses partisans d’être emprisonné. Il affirme détenir la preuve d’une tentative de son assassinat par les Fds. C’est à se demander s’il voulait voir si les juges oseraient le convoquer pour cela.
POLITIQUE – Dans un tweet publié hier, le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, est revenu conforter la théorie de l’empoisonnement que ses partisans avaient véhiculée à la suite des troubles issus de son convoyage au Tribunal le 16 mars dernier. Il assure : «Les résultats confirment bien la tentative d’assassinat sur ma personne, perpétrée par des éléments des Forces de défense et de sécurité.» C’est à croire que le président du parti Pastef veut ouvrir un autre front. C’est à la suite d’une déclaration similaire qu’un de ses partisans, El Malick Ndiaye, s’est retrouvé mis en examen avec port de bracelet électronique.
Ce chargé de communication du parti Pastef avait twitté le 16 mars qu’«un individu, habillé aux uniformes de la Brigade d’intervention polyvalente (Bip), a aspergé d’une substance inconnue le président Ousmane Sonko». Il avait même ajouté que l’avocat de son leader, Me Ciré Clédor Ly, «qui a été dans la même voiture que lui, a été gazé également». Entendu par la police pour s’expliquer sur ses déclarations, le cadre du parti Pastef avait nié toute intention de «ternir l’image de la police». Cela ne l’a pas empêché d’être mis en examen, comme on l’a écrit plus haut. Surtout qu’il avait été largement démontré par ailleurs que la personne qui, ce jour-là, avait aspergé Sonko d’un liquide, était l’un de ses proches partisans qui, entendu par la police, avait assuré avoir voulu, par ce moyen, protéger son leader des effets des grenades lacrymogènes. Ousmane Sonko ne se contente pas de donner l’information. Il assure : «Nous donnerons une suite judiciaire internationale et politique en interne à cette tentative d’assassinat dont nous ignorons encore toutes les conséquences sur notre santé.» On se rappelle que son séjour à la clinique Suma Assistance à partir du 16 mars avait fait l’objet de beaucoup de polémiques, aucun des médecins de la formation sanitaire, à commencer par son directeur, le Dr Babacar Niang, ne voulant assumer lui avoir prodigué un traitement quelconque ou même avoir opéré un diagnostic de son état. Cela avait poussé Madiambal Diagne, dans un de ses Lundis daté du 27 mars, à s’interroger : «On ne savait pas jusqu’ici que Suma Assistance pouvait servir en quelque sorte d’hôtel !» En tout état de cause, sans avoir reçu des soins quelconques au Sénégal ou à l’étranger après cette «tentative d’assassinat», le maire de Ziguinchor a repris ses activités et meetings.
On peut par ailleurs se demander à quel «laboratoire à l’étranger» Ousmane Sonko s’est adressé pour effectuer des analyses à la suite de ce qu’il appelle son agression du 16 mars 2023. Il s’agit bien ici du même Ousmane Sonko, mis en cause par Adji Sarr et ses conseils pour des viols et agressions présumés, dans le cadre du salon de massage Sweet beauté. On se rappelle que le juge d’instruction lui avait demandé, dans le cadre de cette affaire, de se soumettre à un test Adn qui permettrait d’établir si le sperme prélevé sur la plaignante venait ou pas de lui.
Il avait accusé une fin de non-recevoir, au prétexte qu’il ne pouvait être question pour lui de donner son Adn à «des comploteurs» qui pouvaient l’utiliser à des fins qu’il ne connaissait pas. Or, s’il connaissait des laboratoires étrangers en qui il avait confiance, pourquoi n’a-t-il pas demandé au juge de s’adresser à ces derniers, afin de lever des équivoques ? Il faut sans doute croire que nous sommes trop peu au fait des hautes décisions de ce pays pour comprendre les mécanismes de fonctionnement de nos leaders politiques. Ce qui pousse à s’interroger si Ousmane Sonko, ce faisant, ne chercherait pas à se faire inculper aussi pour cette déclaration que l’on pourrait qualifier d’incendiaire. Nombreux sont les leaders du parti Pastef qui se sont retrouvés derrière les barreaux pour des déclarations beaucoup moins graves. Ou peut-être alors, serait-il encore en train de tester la capacité de résilience de la Justice à son égard ?
Maderpost / Le Quotidien