De violents affrontements ont opposé, ce jeudi, des habitants de Mbèye, un village de la commune de Bambilor, et des gendarmes. Selon le deuxième adjoint au maire de la localité, Assane Bèye, interrogé par L’Observateur, ces derniers «ont lancé beaucoup de grenades lacrymogènes, arrêté des jeunes et torturé beaucoup de gens». «Certains qui sont dans un état critique sont amenés à l’hôpital», dénonce-t-il. Le journal rapporte que «les jeunes du village ont saccagé le siège de la commune de Bambilor pour fustiger l’inertie de l’équipe municipale en place».
LITIGE FONCIER – Une prétendue inertie à propos de quoi ? La tentative d’un homme d’affaires nommé Souahibou Seck d’accaparer indûment, selon Assane Bèye, 22 hectares des terres de Mbèye. Dans la matinée de ce jeudi, ce dernier aurait envoyé sur le site de gros engins escortés par des éléments de la Direction de surveillance et de contrôle des sols (DSCOS).
Plusieurs champs ont été ravagés, d’après le conseiller municipal. «Ils ont presque démoli 15 hectares et c’étaient des surfaces occupées par des citoyens sénégalais qui ont légalement acquis ces terres», s’indigne Assane Bèye.
Les populations de Mbèye interpellent le Président Macky Sall. «Nous savons qu’il n’est pas au courant de cette forfaiture. Nous lui disons que la population de la commune de Bambilor souffre à cause des problèmes fonciers», soupirent des voix anonymes qui se sont confiées à L’Observateur.
Ces dernières révèlent qu’un décret du Président Abdoulaye Wade datant de 2006 donnait aux habitants de Mbèye le droit de disposer de titres fonciers en vue de l’extension du village. «On avait formulé notre demande de régulation au niveau de la préfecture et de la mairie, rappellent-elles. On ne comprend pas comment une seule personne, M. Souahibou Seck, se lève un jour, obtienne son bail en 2011 et vienne pour récupérer de forces ces terres.»
Les sources du journal signalent que l’homme d’affaires avait tenté en 2021 de récupérer les 22 hectares en question, mais il s’était heurté à la résistance des habitants. Fort de l’appui de la DSCOS, Souahibou Seck semble cette fois-ci déterminé à obtenir gain de cause. Mais il risque de croiser le fer avec des populations aussi mobilisées que lui. «On ne va jamais céder. On va se battre jusqu’à notre dernier souffle», prévient le deuxième adjoint au maire de Mbèye.
Maderpost / Seneweb