CULTURE – “Je suis vieux maintenant vous savez… Je veux vous remercier pour toutes ces merveilleuses années où je suis venu vous dire bonjour, mais maintenant je dois vous dire au revoir. Je suis très triste. Je vais continuer à enregistrer des disques et écrire des chansons, mais les tournées pour “old ganddad”, c’est terminé”
Voilà en substance le message que délivre Mark Knopfler à son public à chaque concert de sa tournée qui a débuté il y a deux semaines à Barcelone. Parfois dès la fin du premier morceau, il s’adresse à ses fans sans détour : oui c’est bien la dernière fois qu’ils pourront le voir sur scène. Beaucoup ne cachent pas leur émotion.
Il faut dire que le guitar-hero des années 80 a une fan-base assidue, qui ne l’a jamais quitté durant ces plus de 40 ans de carrière. Depuis le premier album de Dire Straits, en 1978, jusqu’à “Down the road wherever”, sorti cet automne, celui que beaucoup surnomment “MK” a eu une carrière bien remplie, suivie par un public toujours fidèle.
Une set-list pleine de surprises
Et c’est justement pour remercier son public, que l’ex-leader de Dire Straits a ressorti un titre-phare du groupe de Deptford : “Once upon a time in the west” reçoit chaque soir des accalamations soutenues, tant ce morceau représente pour beaucoup l’apogée de la carrière du guitariste. Figurant sur l’album “Communiqué” en 1979 (tout juste 40 ans), il ouvrait de manière magistrale le live “Alchemy”, souvent considéré comme le chef-d’oeuvre de Dire Straits. Et Mark Knopfler ne l’avait plus rejoué depuis ce 23 juillet 1983, date du concert mythique, filmé et enregistré pour “Alchemy”. C’est peu dire que les premières notes ont suscité une émotion et une surprise que certains n’espéraient plus.
D’autres moments ont créé la surprise avec des titres jamais joués en live auparavant comme “Silvertown blues” ou “Heart full of holes”. Et cette tournée marque également le grand retour du méga-tube “Money for nothing”, rejoué avec son intro célèbre (Sting sur la version studio) qu’on n’avait plus entendue depuis 1988.
Le reste du show couvre la quasi-totalité des albums du groupe et en solo. En à peine deux semaines, quelques petits changements ont déjà vu le jour, et le public français a eu la chance hier soir d’entendre une autre chanson emblématique du songwriter : l’antimilitariste “Brothers in arms”, issu de l’album éponyme sorti en 1985, un des disques les plus vendus au monde avec un total de 30 millions écoulés.
Les morceaux choisis alternent entre mega-hits incontournables, et chansons folk intimistes, plus représentatives de la carrière solo de l’auteur-compositeur. On peut regretter pour l’instant l’absence d’un “Sultans of swing” ou d’un “Tunnel of love”, mais la tournée n’en est qu’à ses premières dates, et qui sait si d’autres surprises ne viendront pas enrichir ce panorama déjà plutôt complet pour une tournée d’adieux.
Un album nostalgique
Cette annonce n’est finalement pas une surprise, et beaucoup s’y attendaient. Mark Knopfler l’avait laissé sous-entendre en interview. Et puis son dernier album affichait plusieurs titres aux accents nostalgiques : du morceau-titre évoquant les débuts de Dire Straits à la fin des années 70, aux images du jeune et frêle musicien amateur dans “Matchstick Man”, en passant par les auto-portraits sans concession de “Slow learner” ou le bonus “Pale imitiation” : “je fais tout lentement”, “je ne suis plus celui que j’étais”
Un aveu de faiblesse ou de lassitude ? Plutôt une lucidité sans faille, et une intransigeance envers lui-même : Mark Knopfler a toujours fait les choses de façon intense et entière, et on imagine aisément que c’est par respect pour son public qu’il préfère se retirer, maintenant qu’il commence à sentir qu’il ne pourra plus assurer le rythme ereintant des tournées. Certains spectateurs l’ont d’ailleurs trouvé fatigué, tandis que d’autres on salué la prestance d’un grand monsieur de la musique. Certes les doigts ne sont plus autant véloces qu’il y a deux ou trois décennies, et c’est bien normal pour quelqu’un qui fêtera ses 70 printemps en aout. Mais il reste l’émotion, dont plusieurs fans ne se sont pas encore remis, d’entendre un des derniers de la génération des guitar-heroes. Armé de son iconique Stratocaster rouge, il est encore plus que capable de délivrer ce son unique qui l’a rendu célèbre.
Alors oui c’est bien sa dernière “grande” tournée, comprenez hors de chez lui. Mais d’une part, il a bien précisé qu’il continuera à enregsirter des disques, ce qui nous donnera encore grandement l’occasion d’apprécier sa musique, et d’autre part, il ne serait pas surprenant de le revoir jouer en petit comité, avec ses potes. L’avenir nous le dira.
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