Deux hauts dirigeants maliens paient pour la baisse de performance du secteur agricole et cèdent leur place. L’objectif du gouvernement est de « rebondir et retrouver la place de premier producteur africain de coton ».
CMDT – Le secteur agricole malien est en pleine tourmente. Lassine Dembélé, ministre de l’Agriculture depuis décembre 2021, et Nango Dembélé, PDG de la Compagnie Malienne pour le Développement du Textile (CMDT), ont été démis de leurs fonctions, le mardi 16 juillet. Ces décisions interviennent après une série de reproches graves, notamment la perte de la première place du Mali en tant que premier producteur de coton en Afrique. Lassine Dembélé a été remplacé à la tête du département de l’Agriculture par Daniel Simion Keleman, le secrétaire général du même département. Le PDG de la CMDT, Dr Nango Dembélé par Moustapha Diarra, un ingénieur hydrogéologue reconnu dans le secteur agricole.
Ces changements visent à redresser une situation devenue critique. En 2021-2022, le Mali avait atteint une production record de plus de 760 000 tonnes de coton, redevenant ainsi le premier producteur africain. Cependant, la campagne 2022-2023 a vu la production chuter à 390 000 tonnes, reléguant le pays à la troisième place derrière le Bénin (587 000 tonnes) et le Burkina Faso (411 969 tonnes).
Les investissements massifs et la modernisation de la filière cotonnière dans ces pays voisins ont permis de surpasser le Mali. Les cotonculteurs maliens, qui cristallisent leur mécontentement sur ces deux personnalités, ont vivement critiqué leur gestion. Ils reprochent notamment une mauvaise gestion des subventions accordées par les autorités et des retards de paiement pour la campagne agricole passée. « Nous avons livré notre coton, mais nous ne sommes toujours pas payés, » s’insurgent plusieurs producteurs, menaçant ainsi la campagne agricole 2023-2024, déjà mal engagée.
Les défis sont nombreux pour la prochaine campagne agricole. Les cotonculteurs sont confrontés à l’instabilité des prix, à la faible rentabilité de la filière, aux coûts élevés des intrants, et aux retards de paiement. De plus, les attaques de jassides et les conséquences de l’embargo de la CEDEAO ont exacerbé les difficultés d’accès aux intrants agricoles.
Pour faire face à ces défis, les autorités ont décidé de renouveler les dirigeants du secteur afin de « faire le ménage ». Le nouvel objectif est clair : rebondir et retrouver la place de premier producteur africain avec une production attendue de 780 000 tonnes pour la campagne 2023-2024. Des dispositions conjointes avec l’exécutif ont été prises pour assurer un meilleur approvisionnement en engrais et en produits anti-jassides.
Ces changements à la tête du ministère de l’Agriculture et de la CMDT sont une réponse aux nombreuses plaintes des cotonculteurs et aux défis croissants du secteur. Ils symbolisent une volonté de réforme et de redressement, dans l’espoir de voir le Mali retrouver son rang de premier producteur de coton en Afrique.
Maderpost / Apa