Le quotidien français Le Monde cite le Président Macky Sall dans une enquête internationale de journalistes d’investigation nommée « Story Killers » mettant en exergue un scandale de désinformations et manipulations internationales de la société Demoman dirigée par les frères Tal Hanan et Zohar Hanan au cœur d’un dispositif qui aurait « approché l’élections présidentielle », l’entachant d’ingérence extérieure par moyens électroniques grâce au logiciel AIMS (Advanced Impact Media Solutions).
SCANDALE – D’après le journal le Monde et plusieurs médias internationaux dont The Guardian réunis dans le cadre de cette enquête internationale de journalistes d’investigation, l’administration Macky Sall aurait approché le groupe israélien « Team Jorge » dont les offices offrent à leurs clients « un arsenal de services illégaux » pour sa « réélection en 2019 ».
Le Monde parle d’opérations pouvant aller de « quelques centaines de milliers de dollars pour une opération de faible envergure à 15 millions pour tenter de peser sur une campagne présidentielle ».
Selon Le Monde, « Une pièce centrale de cette officine se révèle être un outil appelé AIMS, pour ‘Advenced Impact Media Solution » : cette plate-forme, accessible par un réseau privé, centralise la gestion de campagne en ligne ainsi que la création de faux articles de presses et de faux profils. Ces derniers, appelés « avatars », sont répartis par zone géographique.
Chacun a un nom et un prénom, un genre et même une date de naissance, ainsi qu’une localisation précise. Il peut ainsi avoir des comptes Twitter, Facebook, Instagram, Amazon, une adresse e-mail, un portefeuille de cryptomonnaies, voire un profil sur les réseaux sociaux Discord et Reddit, le tout créé automatiquement, L’objectif est, à chaque fois, de donner un semblant de vie et de crédibilité à ces personae inventées, qui utilisent des photos volées et d’autres internautes ».
« Dans ses présentations aux clients, Team Jorge revendique plus de 30 000 avatars (…) aussi bien en Grèce qu’au Mexique, en Russie, au Sénégal et aux Etats-Unis », dit encore Le Monde.
L’enquête du projet « Story Kilers » a permis de découvrir que Tal Hanan qui se fait appeler « Jorge » ou « Joyce Gamble » est le président de la société et un ancien des forces spéciales de l’armée israélienne. Il est aussi enregistré comme patron de Sol Energy, une entreprise du domaine de l’énergie, mais surtout de Demoman, une société israélienne de sécurité fondée en 1999, spécialisée aussi bien dans l’antiterrorisme que dans l’intelligence économique. Son frère Zohar connu sous le pseudonyme « Nick » est présenté comme le directeur général de Team Jorge.
Le Monde et ses partenaires internationaux, coordonnés par le collectif Forbidden Stories, ont enquêté sur ces mercenaires de la désinformation prospérant à croisée des réseaux sociaux, des médias numériques et du cyberespionnage, influençant les opinions publiques, pesant dans l’ombre sur la vie politique et le monde des affaires.
« Pour quelques centaines de milliers ou quelques millions d’euros, ces officines proposent toutes les armes pour détruire la réputation d’un adversaire politique ou d’un concurrent, voire pour l’envoyer en prison : piratage de sa boîte e-mail ou de ses réseaux sociaux, création de faux documents pour l’impliquer dans un scandale financier ou sexuel, publication de tribunes à charge, organisation de fausses manifestations, ‘tapis de bombes’ de messages accusateurs sur les réseaux sociaux, attaques informatiques par deni de service … », précise le Monde.
La Société Demoman composée d’anciens membres de l’armée israélienne dispose de bureaux et de représentants dans neuf (09) pays (Tel Aviv, Miami, Zurich, Madrid, Zagreb, Mexico City, Manila, Bogota et Kiev).
Les investigations des journalistes Frédéric Métézeau, Gur Megiddo (The Marker) et Omer Benjakob (Haaretz), membres de l’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project) ont permis d’infiltrer le dispositif disposant à travers plus de trente milles (30 000) faux comptes en activité sur les réseaux sociaux et pratiquant des attaques DDOS ou The Man In The Middle pour mener des campagnes de manipulations et de désinformations de masse.
Des sources indiquent que ce sont des Israéliens qui ont revendu la mèche.
L’ancien Premier ministre Idrissa Seck et d’autres candidats de l’opposition avaient « rejeté fermement » les résultats provisoires attribuant la victoire à Macky Sall en 2019, indiquant qu’ils ne contesteraient pas ces résultats devant le Conseil constitutionnel.
Au Sénégal qui va voir ces informations faire probablement les choux gras de la presse, le gouvernement devrait clarifier le rôle de cette approche étrangère, la nature de ses services.
Maderpost