Les centrales syndicales ont remis leurs cahiers de doléances au président de la République. Mais ce dernier a aussi voulu être clair sur certaines questions. Macky Sall a dénoncé les grèves sans préavis, a dit qu’il n’y aura pas d’augmentation de salaires dans le public parce que le niveau maximal a été atteint. Il s’est aussi insurgé contre la mauvaise gestion dans les entreprises publiques.
FÊTE DU TRAVAIL – Face aux centrales syndicales, lors de la traditionnelle cérémonie de remise des cahiers de doléances à l’occasion de la Fête du travail, le chef de l’Etat a asséné ses vérités aux syndicalistes. Répondant aux doléances des syndicalistes, Macky Sall en a profité pour dénoncer certains actes. Soutenant que son régime a fait d’énormes efforts pour la revalorisation des salaires des agents de la fonction publique, M. Sall a déploré «les grèves illégales».
D’après le président de la République, «les grèves sans préavis, qui n’ont rien à voir avec les revendications sociales des travailleurs, doivent être prohibées et punies». Et d’indiquer : «Je veux bien payer, mais je veux que le travail et la productivité suivent, on ne peut pas tous les jours sans préavis se mettre en grève. C’est violer la loi, moi j’ai dit au gouvernement qu’il faut appliquer la loi dans toute sa rigueur. Dans ce cas, un jour de grève, c’est un jour sans salaire. Nous devons nous accorder là-dessus, peut-être dans le cadre d’un nouveau pacte de stabilité et d’émergence économique.»
Revenant sur les efforts consentis ces deux années, le Président Sall souligne qu’en 2022, l’enveloppe pour les augmentations de salaires est estimée à «160 milliards 750 millions» et pour 2023, 159 milliards. Le total de ces montants, selon M. Sall, «c’est plus que la moitié du budget du Sénégal en 2000». Appelant ainsi les syndicalistes à la raison, le président de la République soutient que «l’Etat ne peut plus augmenter des salaires». «On a atteint le niveau maximal, il est important que le gouvernement reste clair sur cette question salariale. Il faut faire des efforts vers d’autres secteurs et d’autres catégories, nous devons partager les fruits de la croissance de façon équitable», a-t-il averti.
«L’Etat ne peut plus augmenter des salaires»
En écho, Macky Sall a attiré l’attention sur le fait que «les travailleurs de la Fonction publique ne font pas 70 mille sur une population de 18 millions», alors qu’il y a aussi des problèmes dans d’autres secteurs. «Nous avons les agriculteurs, les éleveurs, ceux qui n’ont pas de salaire, ceux qui sont dans le privé, les chômeurs et nous devons nous occuper de toutes ces personnes», a-t-il déclaré.
Dans la même veine, il a évoqué les efforts consentis «pour permettre aux travailleurs d’avoir une meilleure réaction par rapport au coût de la vie». A en croire M. Sall, les taxes et impôts sur les produits de base ont été suspendus et l’Etat a perdu «98 milliards de recettes rien que sur les produits de première nécessité et cela compte non tenu des subventions». Et d’ajouter : «240 milliards sont projetés pour perte de recettes en plus de 100 milliards de subventions pour des produits comme le pain. Si on dit que l’Etat n’a rien fait contre la vie chère, c’est qu’on n’est pas reconnaissant. Quel est le gouvernement dans la sous-région qui a fait autant d’efforts pour atténuer la vie chère dans cette crise ? »
Interpellé sur les entreprises en difficultés, le chef de l’Etat s’est également prononcé sur ces questions. Concernant la Sonacos, il a averti sur les conséquences que le changement de décret voulu par les travailleurs peut avoir sur les agriculteurs. «Vous voulez qu’on change le décret ? Si on le fait, on va léser combien de millions d’agriculteurs ? Ces derniers aussi ont des droits. Il faut de l’équilibre en toute chose. On ne peut pas fermer le marché pour que l’usine puisse avoir de l’arachide, c’est normal qu’on protège les travailleurs de la Sonacos et l’Etat le fait», a-t-il dit.
«Réfléchir sur les conséquences de la mauvaise gouvernance des
entreprises»
S’agissant des entreprises en difficultés, le président de la République, qui a fait savoir qu’on a eu une économie robuste qui nous a permis de solder le passif social, soutient toutefois que cela «doit nous amener à réfléchir sur les conséquences de la mauvaise gouvernance des entreprises parce que ça coûte très cher à l’Etat». Et de s’insurger : «Par exemple, La Poste avec 4 mille et quelques agents, avec des activités qui ont disparu, il faut qu’on l’aide à faire une mutation. Sinon c’est l’Etat qui va continuer à payer des gens qui n’ont pas d’activités. La Poste a des charges de 19 milliards pour des revenus de 6 milliards. L’Etat donne 6 milliards de subventions et il y a un gap à combler. Si chaque nouveau directeur recrute et après on veut que l’Etat paye, ce n’est pas possible, ce n’est pas viable.»
M. Sall, qui annonce un plan de sauvetage pour La Poste, appelle à mettre fin à ce genre de pratique. «C’est pas possible d’avoir une société administrative avec 5 mille agents. Il faut qu’on arrête avec ces pratiques, on ne peut pas créer des emplois comme ça. On parle de fonction publique locale, comment vous pouvez transférer des recrutements politiciens sans aucune référence dans les corps de l’Etat, ce n’est pas possible. Parce qu’aucune mairie ne pourra soutenir cela», a-t-il dénoncé.
Maderpost / Le Quotidien