Le Sénégal traverse l’une des périodes les plus tumultueuse de son histoire politique. Le paysage politique est truffé d’incertitudes qui n’augurent rien de bon. Alors que le Conseil constitutionnel, seule habilité à déclarer la constitutionnalité d’une loi, reste maitre du jeu sur la question du report ou non de la présidentielle, tous les scénarii restent envisageables y compris la démission de Macky Sall.
PRESIDENTIELLE – Saisi par des députés de Yewwi Askan Wi pour contestation de la loi constitutionnelle n°04/2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution avec comme corollaire le report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 jusqu’au 15 décembre 2024, le conseil constitutionnel a une occasion en or de marquer son empreinte plus que jamais dans l’histoire.
Il a la possibilité de déclarer cette loi inconstitutionnelle, comme il l’avait fait avec le projet de révision constitutionnelle de mars 2016 pour la réduction du mandat du Président de 7 à 5 ans, ou convoquer la jurisprudence en se déclarant non compétent.
Dans l’optique que le Conseil constitutionnel se déclare compétent et juge inconstitutionnelle cette loi, la situation politique déjà tumultueuse s’enlisera dans un gouffre sans précédent.
Une telle décision installera une crise entre le pouvoir exécutif incarné par le Président de la République et le gouvernement et le pouvoir judiciaire chapeauté par le Conseil constitutionnel.
Le président de la République, Macky Sall sera alors tenaillé dans un dilemme cornélien entre dissoudre le Conseil constitutionnel ou démissionner de sa fonction de Président.
Dans le deuxième cas de figure, le Président de l’Assemblée nationale assurera l’intérim et sera tenu d’organiser l’élection présidentielle comme le stipule l’article 31 alinéa 2 de la constitution : “Si la Présidence est vacante, par démission, empêchement définitif ou décès, le scrutin aura lieu dans les soixante jours au moins et quatre-vingt-dix jours au plus, après la constatation de la vacance par le Conseil constitutionnel”.
C’est dire que le Sénégal n’est pas encore sorti de l’auberge, de ce labyrinthe politique que le pouvoir en place et le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) nous ont plongé par des subterfuges qui ne disent pas encore leurs noms.
Maderpost / Mamadou Ba