Après 100 jours au pouvoir, le régime Diomaye-Sonko devra encore faire face à une opposition incarnée par Bougane et Thierno Bocoum, qui occupent un champ de ruines. Car, les autres forces politiques, désabusées par les résultats du 24 mars, ont du mal à se réveiller de ce traumatisme pour reprendre la marche vers le sommet.
POLITIQUE – Amadou Ba n’a pas gagné la présidentielle, mais c’est l’Alliance pour la République (Apr) qui a perdu le pouvoir. Depuis la fin du mandat du président Sall, l’Apr s’était emmurée dans le silence souvent brisé par quelques communiqués. Il y a eu une tournée de remerciements des Apéristes à Kolda et Kaffrine, sous l’impulsion de l’ex-chef de l’Etat, qui a parlé par téléphone aux militants.
Coincé entre Marrakech, Paris et New York, l’Envoyé spécial du 4P a montré, à travers ce geste, qu’il veut continuer à avoir la mainmise sur son parti. Et garder une influence sur ses hommes et peser sur le landerneau politique du pays indirectement ? Me Abdoulaye Wade avait continué à mettre les mains dans le cambouis en dirigeant une liste pour des Législatives, qui ont suivi sa défaite en 2012. Car, ce schéma a été tracé pour faire le vide dans les rangs du Pds afin d’ouvrir un boulevard à Karim Wade.
Macky Sall aussi n’a «orbité» aucun leader de son parti pour préserver son legs présidentiel. Or, cette tare congénitale rattrape sa formation, qui risque de se retrouver dans une forme de déshérence politique. Président du Groupe parlementaire de Benno et porte-parole adjoint de l’Apr, Abdou Mbow se démène pour combler les cases vides. Il organise la riposte institutionnelle liée à la crise de la Dpg et la réaction politique inhérente aux révélations du Président Diomaye sur la gestion des fonds politiques par son prédécesseur.
Champ de ruines
Mme Adji Mergane Kanouté et Seydou Guèye, respectivement vice-présidente adjointe du Groupe parlementaire de Benno et porte-parole de l’Apr, viennent en appoint pour donner un peu d’épaisseur à ses arguments. Sans doute qu’il s’agit d’une vision caricaturale de la réalité du moment, mais elle montre que le bataillon n’est pas assez étoffé pour asseoir une alternative au tandem Diomaye-Sonko. Il y a cette configuration politique, qui rend impuissants les deux autres hommes de base du système Sall : Amadou Mame Diop et Abdoulaye Daouda Diallo, qui faisaient partie des émissaires envoyés à Kaffrine et Kolda par Macky, sont liés par leurs fonctions institutionnelles. Elles les anesthésient sur le plan politique, surtout à cause l’incertitude qui entoure l’avenir de ces institutions. Et les alliés de BBY ? De l’AFP au PS, les différents leaders cherchent la voie de la résurrection, après 12 ans passés à l’ombre de Macky, qui s’en est allé sans organiser une séance d’explications et de remerciements contrairement à Me Wade en 2012…
Cette vulnérabilité est une bénédiction pour le pouvoir, qui se retrouve face à une opposition décomposée par la dernière présidentielle. Evidemment, les résultats du 24 février ont plongé dans le coma de nombreux leaders politiques, en précipitant au sommet de l’Etat une nouvelle génération de politiciens : Idy et Khalifa sont aphones. Pour les autres candidats à la présidentielle, Mamadou Lamine Diallo, Déthié Fall, qui sont aussi restés muets comme des carpes, il n’est pas facile de les catégoriser.
Amadou Ba, qui n’est pas un héritier désigné de Macky, n’a pas encore totalement assumé sa «Nouvelle responsabilité». Il reste quoi ? Un champ de ruines occupé allégrement par Bougane Guèye Dany et Thierno Bocoum, et légèrement Thierno Alassane Sall. Dans ce moment indécis et incertain, ils voudraient incarner une opposition radicale au régime en place. Pour les deux premiers, la méthode empruntée a été éprouvée par Pastef : gatsa-gasta.
Maderpost / Le quotidien