Espagne, Irlande et Norvège ont officiellement reconnu mardi l’Etat de Palestine dans le but d’avancer, selon eux, vers la paix au Proche-Orient, une décision qui a mis en fureur les autorités israéliennes.
DIPLOMATIE – Annoncée le 22 mai dernier de façon coordonnée par les Premiers ministres de ces trois pays européens, cette reconnaissance a pris effet mardi.
C’est « une nécessité » pour « parvenir à la paix », a déclaré le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, devenu l’une des voix les plus critiques d’Israël au sein de l’UE depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza et qui était à la manœuvre depuis des mois pour rallier d’autres pays à la décision de Madrid de reconnaître un Etat palestinien.
Cette décision n’est prise « contre personne, et encore moins contre Israël », a-t-il ajouté.
Son homologue irlandais Simon Harris a estimé, pour sa part, qu’il s’agissait de « maintenir l’espoir en vie » au Proche-Orient, où la guerre provoquée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël est la plus meurtrière en plus de 70 ans de conflit israélo-palestinien.
« J’appelle de nouveau le Premier ministre (israélien Benjamin) Netanyahu à écouter le monde et à arrêter la catastrophe humanitaire » dans la bande de Gaza, a-t-il poursuivi.
Saluant une « journée marquante », le chef de la diplomatie norvégienne Espen Barth Eide a jugé, de son côté, « regrettable que le gouvernement israélien ne montre aucun signe d’engagement constructif » et a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir une solution à deux États.
« Complice des appels au génocide »
Furieux, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, s’en est pris à Pedro Sánchez, qu’il a accusé, dans un message sur X, de se rendre « complice des appels au génocide du peuple juif. »
M. Katz a multiplié les messages rageurs ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre les dirigeants espagnol, norvégien et irlandais.
Il a notamment mis en ligne des vidéos mêlant des images du 7 octobre à d’autres faisant référence à l’Espagne, à l’Irlande ou à la Norvège, disant que le Hamas pouvait en remercier les dirigeants.
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a assuré que Madrid, Dublin et Oslo allaient apporter ensemble « une réponse ferme » à la « désinformation exécrable » et aux « attaques sur les réseaux sociaux » d’Israël Katz.
« Personne ne peut nous intimider », a-t-il poursuivi.
Les gouvernements espagnol et irlandais se sont réunis mardi à Madrid et Dublin pour entériner officiellement leur décision de reconnaître l’Etat de Palestine. La Norvège avait, quant à elle, remis dimanche une note verbale au nouveau Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, actant l’entrée en vigueur de cette reconnaissance ce mardi.
Effet d’entraînement espéré
Ces trois pays européens – dont deux, l’Espagne et l’Irlande, sont membres de l’UE – considèrent que leur initiative a une très forte portée symbolique, à même d’amener d’autres Etats à les rejoindre.
Ils mettent en avant le rôle joué par la Norvège et l’Espagne dans le processus de paix des années 1990 au Proche-Orient. Madrid avait accueilli une Conférence de paix israélo-arabe en 1991, deux ans avant les accords d’Oslo de 1993.
Si la Slovénie devrait, elle aussi, reconnaître très prochainement l’Etat de Palestine, la question suscite de profondes divergences au sein de l’UE.
D’autres Etats membres, comme la France, jugent ainsi que ce n’est pas le bon moment, tandis que l’Allemagne n’envisage une telle reconnaissance qu’à l’issue de négociations entre les deux parties.
En incluant l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, l’Etat de Palestine est désormais reconnu par 145 des 193 Etats membres de l’ONU, selon des chiffres donnés par l’Autorité palestinienne. La plupart des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord, l’Australie, le Japon ou encore la Corée du Sud sont absents de cette liste.
L’attaque du Hamas le 7 octobre a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un comptage de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Les représailles d’Israël ont fait plus de 36.000 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, d’après le ministère de la Santé du Hamas, qui ne fait pas de distinctions entre civils et combattants.
Maderpost / LaCroix