A moins d’une semaine de l’Aïd Al Kabir ou Aïd Al Adha communément appelé en Afrique de l‘Ouest Tabaski, l’heure n’est encore à la fête. Entre déficit de moutons, cherté des prix, les marchés sont loin de la jouissance habituelle.
TABASKI – Les moutons ne bêlent pas à Dakar. Les vendeurs ne se frottent non plus les mains. En effet, à moins d’une semaine de la célébration de la Tabaski encore appelée “fête des moutons”, Dakar est toujours en disette de moutons. Une situation qui s’expliquerait par certains vendeurs à l’instabilité qui règne dans la capitale sénégalaise depuis le début du mois de juin notamment avec les émeutes notées suite au verdict de l’affaire Sweet beauté.
Ismaïla Sow, président des éleveurs du Sénégal soutient que l’absence de stabilité est en grande partie, la cause de cette disette de moutons à Dakar. “Nous avons fait ce que nous avions habitude de faire : élever des moutons, leur entretenir dans de bonnes conditions. Mais au regard de ce qui s’est passé récemment avec des saccages, des actes de vandalisme, il est hors de question pour nous d’emmener nos ovins et les exposer dans de telles conditions. Nous avons investi pendant près d’un an dans l’espoir pouvant vendre et faire des bénéfices mais là personne n’ose prendre le risque. J’appelle tous les éleveurs à être prudents et à ne pas prendre le risque”.
Une situation que semble approuver Dame Sow, directeur de l’levage qui invoque trois facteurs pour expliquer ce déficit dont les incertitudes liées au climat politique qui constituent le premier élément. « Les opérateurs sont rationnels ; ils ne prendront pas le risque d’acheminer leurs moutons dans des zones pas sûres » a-t-il analysé.
C’est dire que l‘approvisionnement du marché est plus qu’inquiétant. A cela s’ajoute les prix jugés exorbitants par les clients.
Un tour effectué au “daral” de Rufisque permet de vérifier de tels faits. Sur place, des moutons occupent l’espace. Des enclos bricolés par ci, par là. A l’approche, les éleveurs vous accueillent par un regard à la limite vous invitant à vous arrêter pour marchander. Ils expliquent la cherté des prix par la hausse des prix du sac de foin, de la ripasse et autres aliments du bétail.
Toutefois, ils estiment que les moutons sont disponibles et l’approvisionnement se fera au fur et à mesure que le business fructifie.
En visite dans l’intérieur du pays pour s’enquérir de l‘approvisionnement du marché en moutons, le Ministre de l’Elevage et des productions animales non moins Premier ministre, Amadou Ba a pu ainsi constater un “approvisionnement rassurant du marché avec la présence de plus de 5000 têtes actuellement”.
A Touba Toul, dans la région de Thiès, le Premier ministre a réitéré l’engagement du Gouvernement à accompagner les vendeurs pour une bonne campagne.
Les besoins du marché national pour la Tabaski cette année sont estimés à 810 000 moutons dont 260 000 pour la région de Dakar. En début de semaine, le suivi de 209 marchés à travers le pays affiche la situation suivante : 475 604 têtes de moutons recensées au niveau national contre 456 940 têtes à la même période en 2022 soit un surplus de 18 664 sujets. Parmi ces moutons, 58 857 têtes sont enregistrées à Dakar contre 93 043 sujets en 2022 (soit un déficit de 34 186) alors que 132 040 sujets ont été importés contre 119 384 en 2022 (soit une hausse de 12 656 têtes).
Maderpost / Mamadou Ba