L’Agence mauritanienne de l’information (AMI) revient sur les liens spirituelles et culturelles du Sénégal et de la Mauritanie où est arrivé en début d’après-midi de jeudi 18 avril 2024 le Président Bassirou Diomaye Faye qui a rencontré Mouhamed Ould-El Ghazouani pour sa première visite officielle à l’extérieur. Maderpost publie intégralement le texte du site visité.
COOPERATION – Les relations entre la Mauritanie et le Sénégal sont avant tout spirituelles et culturelles. A travers le fleuve Sénégal, de denses mailles spirituelles et culturelles se sont entrelacées et massifiées, fortifiées par le socle commun qui puise ses sources dans les profondeurs de l’histoire.
Cette trame de fond a été le facteur le plus important qui a consolidé l’harmonie solide et la concorde éternelle entre les deux rives du fleuve béni, où l’échange spirituel a prévalu entre les deux pays frères voisins, et où les brassages humains, scientifiques et culturels ont été constants.
Des processions de condisciples dans les deux sens
Les courants soufis des deux pays partagent de nombreux points communs et caractéristiques, notamment les fondements, les méthodes et les substrats spirituels qui s’influencent mutuellement et s’inspirent les uns des autres.
N’est-il pas rare de trouver un Imam sénégalais qui n’ait pas séjourné en Mauritanie ou ne l’ait pas visitée et n’ait pas tissé des relations spirituelles avec ses imams de ses cheikhs et ses mahadras, comme la résidence du Cheikh Ahmadou Bamba (Grand cheikh de Touba) à Sarsara, non loin de Boutilimit, et les nombreuses visites du Cheikh Ibrahim Niass de Kaolack en Mauritanie.
Inversement, la plupart des Cheikhs mauritaniens ont résidé ou visité le Sénégal, comme Cheikh Mohamedou Ould Ennahwi, qui est venu à la cité de Baye dans sa jeunesse et y est resté jusqu’à ce qu’Allah lui prodigue une érudition incommensurable et qu’il ait plus de quarante ans, ainsi que Cheikh Sid’Ahmed Ould Esmouhou qui a séjourné à Touba pendant un certain temps et l’a visité à plusieurs reprises.
Comme manifestation de cet héritage spirituel mutuel, il n’est pas rare, aujourd’hui encore, de voir des processions de condisciples traverser la rive droite pour se rendre à Nimjatt,
Enwelgui, Boutilimit et autres sanctuaires soufis mauritaniens, et dans le même contexte, d’autres traverser en sens inverse la rive gauche pour se rendre aux sanctuaires de Tivaouane, Touba, Kaolack et autres sanctuaires soufis sénégalais.
Cette manifestation d’attaches spirituelles de part et d’autre est depuis longtemps familière aux deux peuples et fidèlement transmise de père en fils.
Cette relation spirituelle a produit une histoire de connaissances religieuses, de doctrines et entretenu des courants de pensées dont certains ont été préservés dans des ouvrages qui ont alimenté la production culturelle.
Elle est restée la soupape de sécurité des relations entre les deux pays et le bouclier qui les protège des ravages du temps et des caprices des vicissitudes politiques, sociales et économiques, et a contribué jusqu’ici à l’épanouissement des relations entre les deux rives à différents.
Les passerelles culturelles
Nombreux sont les historiens qui estiment que les commerçants mauritaniens ont joué un rôle dans la diffusion de la religion islamique et de la langue arabe dans la région, et au fil du temps, les courants soufis des deux pays ont joué des rôles culturels notables dans ce domaine.
Les mahadras de Mauritanie ont également attiré de nombreux étudiants sénégalais qui ont traversé le fleuve pour enrichir leurs connaissances religieuses ; un phénomène qui s’est renforcé ces dernières années par un afflux massif vers les localités de Taysir, Nebaghiya et El Khabar El Yeghin, pour ne citer que celles-là.
L’une des expériences culturelles réussies est celle des écoles Falah, fondées par Cheikh El Hajj Mahmoud Ba, une expérience qu’il a commencée dans son pays d’origine, la Mauritanie, mais qu’il a rapidement étendue au Sénégal et à d’autres pays, des établissements connus pour la diffusion de la langue arabe et des enseignements religieux.
Au début du siècle dernier, les élites scientifiques et spirituelles mauritaniennes se sont rendues dans la ville sénégalaise de Saint-Louis, à l’époque capitale des colonies françaises en Afrique de l’Ouest, se familiarisant pour la première fois avec un nouveau mode de civilisation.
De même, des familles sénégalaises fascinées par l’érudition des cheikhs mauritaniens ont envoyé leurs enfants dans les mahadras mauritaniennes où ils ont appris les sciences religieuses, les sciences, de la langue arabe et même de la culture locale mauritanienne dans laquelle certains parmi eux ont excellé comme le brillant interprète Doudou Sek, connu des Mauritaniens sous le nom de Ould Ibnou Al-Moughdad dont le talent en poésie hassania est réputé.
C’est aussi au travers de la communauté de marchands libanais installés très tôt à Sénégal, que la production manuscrite littéraire et religieuse a été imprimée et diffusée au Moyen-Orient et à Beyrouth en particulier, qui était alors la capitale de l’impression dans le monde arabe.
Cette relation culturelle entre les deux rives du fleuve béni a fini par produire des volumes de livres et de recueils de poésie vernaculaire qui ont été sont transmis de génération en génération à la faveur de la relation entre les deux peuples frères, entre deux nations unies par le sang, la religion, la culture, le passé riche, le présent fécond et l’avenir prometteur.
Maderpost / Agence mauritanienne d’information (AMI)