À peine aux commandes du ministère de la Communication, Moussa Bocar THIAM a vidé son sac sur l’affaire du journaliste sénégalais d’investigation Pape Alé Niang emprisonné depuis le 9 novembre dernier. Pour un exercice de communication, il s’est tiré une balle dans les pieds.
L’avocat-diable en roue libre
Le ministre de la Communication Moussa Bocar Thiam est si singulier. Une sortie ratée au premier degré. Depuis sa nomination le 17 septembre 2022, le ministre de la Communication, des Télécoms et de l’Économie numérique multiplie les sorties et fonce sabre au clair. Mais le constat est qu’il se montre très peu adroit face aux dossiers de l’heure. Le 13 novembre dernier, dans l’émission Grand Jury sur la radio privée sénégalaise Rfm, il s’est longuement épanché sur l’arrestation dans des conditions rocambolesques de Pape Alé Niang, journaliste d’investigation et très bien suivi par les férus de la toile. Des certitudes et des jugements approximatifs ont marqué son argumentaire transparent. Il s’est époumoné pour rien. Demander à la Coordination des associations de presse (Cap), -une structure qui se bat pour un mieux-être des journalistes et de la corporation- de faire preuve de prudence sur le dossier sous le prétexte que leur confrère Pape Alé Niang a suivi ses «penchants politiques », c’est faire étalage d’une mauvaise foi manifeste. En essayant d’expliquer le bien-fondé de l’emprisonnement d’un journaliste dans l’exercice de ses fonctions par des interprétations fallacieuses du code de la presse, l’ancien agent judiciaire de l’État, s’emmêle les pinceaux. Il a perdu de la hauteur. Maître Bocar Thiam lubrifie ses nerfs d’avocat comme dans une plaidoirie du prétoire. Beaucoup voient derrière sa sortie ratée un avocat qui veut défendre le « monstre » dénoncé par une écrasante majorité de la presse sénégalaise qui a tenu une grande marche pour la libération du Directeur de Dakarmatin vendredi 18 novembre 2022 à Dakar et dans d’autres localités du Sénégal. La CAP a d’ailleurs défini un deuxième plan d’actions pour la libération de leur confrère. En perspective, il y a des visites aux Chancelleries et représentations diplomatiques, des rencontres avec des organisations de la société civile, une campagne digitale aux couleurs du Mondial et un autre Conseil des Médias. Un pied de nez à leur ministre de tutelle qui cherche vaille que vaille à enfoncer le journaliste retenu à la prison de Sébikotane (localité située à vingt kilomètres de Dakar)
Menaces inutiles
Me Bocar Moussa Thiam adopte aussi la même posture radicale dans l’affaire de l’achat des armements qui a défrayé la chronique. Aussi menace-t-il les journaux qui ont publié le contrat d’armement entre l’État et le sulfureux homme d’affaires nigérien Aboubacar Hima Alias Petit Boubé. Une surfacturation de plus de 20 milliards Cfa évoquée par le Consortium de journalistes d’investigation (Orccp), un réseau de journalistes d’enquête. Ici aussi, Thiam prend l’ombre pour la proie. Des menaces futiles, inutiles. Cité comme le principal bras de l’intermédiation du nigérien, le mauritanien Moustapha Limam Chafi a démenti en exclusivité dans les colonnes de Confidentiel Afrique le rôle qu’on lui prête dans cette acquisition du contrat d’armement facturé à 45 milliards de FCFA. L’art de communiquer est l’épreuve la plus difficile chez l’autorité qui commande l’exercice. Difficile donc à ce point de s’élever et dégonfler les bulles qui entourent l’affaire Pape Alé Niang.
Maderpost / Confidentiel Afrique