Le Sénégal, connu aussi sous le nom de «Pays de la Teranga», est un exemple parfait de démocratie en Afrique. Depuis son indépendance en 1960, le pays a toujours pu garder son intégrité territoriale, grâce à plusieurs facteurs que nous soulignerons en détail. Pour cela, il est nécessaire de connaître la situation géographique et géopolitique du Sénégal, qui joue un rôle fondamental dans la préservation d’une paix durable.
VIOLENCE – Ancienne colonie française, le Sénégal a réussi à obtenir son indépendance d’une manière pacifique en 1960. Le premier Président, Léopold Sédar Senghor, était un intellectuel chrétien né le 9 octobre 1906 à Joal, localité située à l’extrémité de la Petite-Côte, au sud-est de Dakar.
Il est important de préciser sa foi chrétienne, car il occupait un poste important dans un pays majoritairement musulman. Cela démontre l’existence d’un modèle solide de démocratie et de tolérance dans la société sénégalaise, caractérisée par une ouverture d’esprit et une acceptation des autres, non pour leur origine ethnique, religieuse ou raciale, mais pour leur patriotisme, leur humanisme ou leur sens de l’intégration.
L’arrivée de l’islam et du christianisme
Ce mode de vie social a été influencé de manière significative par l’arrivée de l’islam au Sénégal au 11e siècle, via le commerce entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Le christianisme s’est également installé au Sénégal depuis le 15e siècle avec les premières églises construites par les Portugais. On trouve aussi des religions polythéistes comme le thiédoisme.
Bien que cet article ne cherche pas à retracer l’histoire du Sénégal, il est essentiel de comprendre comment ces influences religieuses ont contribué au modèle sénégalais actuel.
L’arrivée des deux religions monothéistes a été un événement majeur au Sénégal, influençant la société sans la transformer complètement, car elles ont dû cohabiter avec des traditions et croyances locales prônant la lutte contre la violence.
La population, composée de plus de 90% de musulmans, adopte un islam modéré respectant les normes politiques établies depuis les indépendances telles que la laïcité. Cette laïcité garantit le respect des autres, en évitant toute offense à leurs croyances religieuses, et inscrivant la religion dans le domaine privé de chaque Sénégalais.
La question de la laïcité est soulevée dans plusieurs pays du monde, notamment en France avec le port du voile dans les lieux publics. Au Sénégal, la polémique autour du voile dans certaines écoles catholiques a suscité l’inquiétude.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, avait promis de prendre des mesures fermes contre l’interdiction du voile dans ces établissements et de garantir l’égalité des chances.
Cette polémique a provoqué des craintes d’instabilité parmi les Sénégalais, compréhensibles face à la recrudescence de la violence en Afrique, marquée par des conflits interreligieux ou interethniques, particulièrement au Mali, en Mauritanie et en Guinée-Bissau, ainsi qu’au Burkina Faso, Niger et Nigeria, souvent victimes d’attaques de groupes djihadistes comme Aqmi ou l’Etat islamique présents dans tout le Sahel.
Le Sénégal reste une exception, faisant de lui une zone stratégique et propice au développement grâce à sa stabilité. L’objectif du gouvernement est de faire du pays une frontière contre l’avancée du terrorisme en Afrique de l’Ouest.
Le soufisme et la paix sociale
Cela est possible, selon certains, grâce à la présence du soufisme au Sénégal, matérialisé par l’existence de guides religieux répandant les enseignements prophétiques à travers les «tarikhas».
Les deux tarikhas les plus répandues sont la «Tijannya» et le «Mouridisme» fondé par Cheikh Ahmadou Bamba. Le rôle des guides religieux est d’éduquer les Sénégalais dans les valeurs islamiques, enseignant la tolérance et le respect des autres. Le cas du Président Senghor, ami proche du grand guide religieux Serigne Fallou, illustre parfaitement cette harmonie entre les communautés.
Les défis ethniques et la médiation
Un autre défi auquel fait face la sous-région est d’ordre ethnique, comme le conflit entre les Dogons agriculteurs et les Peuls éleveurs au Mali, qui a fait de nombreuses victimes des deux côtés. Des conflits similaires existent au Nigeria entre les Fulani et diverses ethnies. Au Sénégal, des conflits de ce genre opposent agriculteurs et éleveurs, principalement dans les régions de Tambacounda et de Kolda, mais grâce à un système de médiation efficace, des solutions pacifiques sont souvent trouvées, bien qu’elles ne soient pas toujours pérennes.
Ainsi, à travers une observation des faits culturels, religieux et ethniques, on peut dire que le Sénégal est un exemple à suivre dans la gestion des conflits et la préservation d’une paix durable.
Le travail des «hommes de l’ombre»
Cependant, on ne peut parler de paix durable sans mentionner le travail remarquable des agents de sécurité et de défense que j’appelle souvent les «hommes de l’ombre». Ils ont joué un rôle crucial dans la préservation de la paix, gagnant une reconnaissance internationale qui leur permet de participer à plusieurs missions de maintien de la paix dans le monde. Rendons hommage au Capitaine Mbaye Diagne, un héros mort le 31 mai 1994 à Kigali, ayant sauvé des centaines de personnes pendant le génocide rwandais.
De nombreux autres militaires sénégalais ont montré bravoure et abnégation, menant à bien leurs missions internationales et occupant des postes de commandement dans les missions onusiennes.
Le Sénégal a misé sur une bonne formation militaire, avec des coopérations internationales, notamment avec la France, les Etats-Unis et l’Allemagne, formant ses jeunes militaires dans des institutions prestigieuses comme Saint Cyr ou la United States Military Academy.
Au Sénégal, des institutions comme l’Ecole nationale des officiers d’Active (Enoa) à Thiès ou l’Ecole militaire de santé (Ems) à Dakar jouent également un rôle crucial. Les militaires sénégalais ont démontré leur expertise dans le conflit casamançais, menant des missions pour lutter contre le banditisme, la coupe illégale de bois et sécuriser les frontières avec la Guinée-Bissau, reprenant certaines bases militaires aux rebelles.
En conclusion, à travers une combinaison de facteurs historiques, culturels, religieux et militaires, le Sénégal a réussi à maintenir une stabilité remarquable, faisant de lui un modèle de paix durable en Afrique de l’Ouest.
Mamour Ibrahima GAYE
Saint-Etienne, France
Maderpost / Le quotidien