A toute situation, le langage qui sied, et face à la leur qui est aussi celle des étudiants, les enseignants-chercheurs du Saes disent « y’en a marre ». Ils ont marché et chanté leurs slogans au sein de l’Ucad. Ils ont crié leur ras-le-bol et exigé la reprise immédiate et en présentiel des cours d’une université en léthargie depuis cinq mois. Parce que « ça suffit » !
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR – On n’est jamais trop vieux pour tenir la bâche qui porte le message de la revendication. Et les cheveux gris se font naturellement aider par les plus jeunes pour tenir la bâche et marcher avec. Marcher, avec un message et, pourquoi pas, le chanter !
Le Saes a alors marché, ce 6 novembre au sein de l’Ucad. Avec des pas lents, mais sûrs et rythmés par des slogans criés non sans souci d’harmonisation des voix. Un pas puis deux, et voilà un crieur en chef qui se lance. A peine a-t-il fini de dire « nous voulons enseigner », que ses amis syndicalistes lui apportent la réplique en chœur. La même phrase. Les enseignants veulent… enseigner. Ils veulent « encadrer ». Les marcheurs exigent «la reprise », et s’insurgent contre «la mascarade des cours en ligne ».
La mascarade, «en-bas», dit le chœur qui marchait vers le Rectorat. « La reprise », au crieur principal. « La reprise », au chœur. « Présentiel », au premier et au chœur « présentiel, présentiel » … « Nous voulons travailler », « nous voulons encadrer », « nous voulons enseigner », « cours en ligne, y’en a marre », ainsi les slogans s’alternent-ils jusqu’au Rectorat de l’université de Dakar.
La bâche, tenue derrière les speakers de la journée, délivre des messages, parmi lesquels un #freeucad bien placé…comme si l’institution était quelque part prise en otage depuis sa fermeture qui date aujourd’hui de cinq mois. Et ce n’est pas qu’une impression : le discours de Fatou Youm Seck, coordonnatrice du Saes à l’Ucad, argumente cette plus qu’impression. « Ça suffit, parce que, bien évidemment, ce temps de latence impacte négativement le quantum horaire et, par conséquent, la qualité de la formation. Ça suffit, parce qu’en cinq mois, nous avons noté l’atermoiement des autorités dans un dilatoire continu et savamment orchestré. » Au « dilatoire savamment orchestré » des autorités donc, le Saes oppose son « ça suffit », et son #freeucad. Cinq mois sans cours, et de fermeture, ça suffit, dit Fatou Youm Seck, d’autant plus que « durant toute cette période, lesdites autorités n’ont posé aucun acte concret pour une reprise des enseignements en présentiel, laissant visibles les stigmates issus des saccages, nonobstant les multiples alertes de la coordination ».
Oublier le 1er juin, réussir le 8 novembre
Le 1er juin doit d’ailleurs être dépassé et les enseignants de dire, à travers Mme. Seck : « Nous ne pouvons plus nous arrêter sur des atrocités commises par des malfrats, des bandits qui ont brûlé notre chère université le 1er juin 2023. » Et, « Il y va de la survie de I’Ucad, en général, et de la communauté universitaire, en particulier. » Cette université qui, se désole le Saes, « est sortie de son sentier battu, l’enseignement en présentiel qui lui a valu sa place de première université francophone ».
Le Saes n’a pas parlé que des autorités universitaires. Il s’est aussi adressé à celles étatiques, notamment au Mesri. Duquel il est demandé « une matérialisation diligente des accords verbaux et écrits qui engagent le gouvernement ».
Pour sa part et lors d’une de ses dernières sorties médiatiques, le directeur du Coud avait insisté sur la nécessité d’un assainissement de l’université, qui devrait précéder toute idée de réouverture. Autrement, selon ses mots, on est plus dans du « maquillage » qu’une solution durable. Mais, cette position ne concerne que lui. « Nous, rétorquera Fatou Youm Seck, on a une position syndicale. On veut une reprise immédiate en présentiel. » Les autres problèmes, pour elle, seront réglés une fois le premier résolu.
Maderpost / Le quotidien.sn