Invités de Lr du temps, ce dimanche 19 décembre, sur iRadio (90.3), des économistes passent au crible les recrutements anarchiques. “L’idée est de rendre les dépenses efficientes et quand on cherche l’efficience, on cherche l’efficacité à moindre coût. Le problème est que nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude”.
LAREM – « Au Sénégal, on sait très bien, d’habitude, qu’on ne recrute pas les meilleurs. Je pense que les meilleurs n’ont aucune chance d’être dans des foyers de décisions. Donc, quand on recrute quelqu’un pour des raisons politiques, lui-aussi, pour des raisons politiques, il va recruter sa base pour gagner les élections », a déploré l’enseignant chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar et consultant international en Monnaie-Banque, Khadim Bamba Diagne, pointant d’un doigt accusateur le chef de l’État, Macky Sall.
Le directeur scientifique du Laboratoire de Recherches économiques et monétaires (LAREM) de souligner que « dans toutes les directions confiées à des hommes politiques, il y a des recrutements sauvages. Malheureusement, ils ne cherchent pas l’efficience. »
Poursuivant, il a ajouté « qu’il a entendu un jour l’autorité dire aux Directeurs et autres, si vous perdez les élections, vous allez perdre vos postes. C’est comme si on demande à quelqu’un qui risque de perdre son poste, bats-toi avec les moyens du bord pour gagner. La meilleure façon de se battre pour gagner une élection, mais c’est de faire des recrutements sauvages. »
Selon lui, « c’est très simple à vérifier. Regarder toutes ces entreprises : au Port, quand l’ancien Directeur quittait, je pense qu’il avait recruté avant de partir, 300 personnes. Au Coud, c’est la même chose. Tu laisses jusqu’à ton départ pour recruter 300 personnes. En un moment donné, c’est du sabotage. »
Du coup, l’économiste ne comprend même pas « pourquoi le président en parle. Parce qu’il est responsable de cela. »
Par conséquent, tranche son co-débatteur par ailleurs Chef du Laboratoire de Politiques Commerciales au Centre de Recherche Economique Appliquée (CREA) de Dakar, Malick Sané : « la masse salariale gonfle beaucoup. Cela veut dire que la charge s’alourdit. Donc, il va falloir arbitrer. L’arbitrage peut se faire au détriment de certains secteurs notamment les secteurs sociaux, qui vont connaître des restrictions budgétaires se traduisant par un certain nombre de difficultés. Parce que ce qu’’il faut dire, le Fonds monétaire international (FMI) accompagne le développement du capitalisme, on parle de néolibéralisme. »
L’éducation et la santé « souffrent (également) beaucoup. Ce qui est à l’origine de remous sociaux », a renchéri le maître de Conférences et enseignant- chercheur à l’UCAD.
Maderpost / Emedia