Le président de la République Macky Sall s’adresse aux sénégalais ce jeudi à 19 heures dans un entretien avec des médias locaux. Une énième sortie du chef de l’Etat en moins de vingt jours. Joint par Maderpost, le professeur Moussa Diaw, enseignant chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) soutient que tout ça n’est qu’un manque de volonté politique pour fixer la date de l’élection présidentielle.
PRESIDENTIELLE – Le chef de l’Etat multiplie les sorties médiatiques depuis sa déclaration du 3 février à l’occasion de laquelle il avait abrogé le décret convoquant le collège électoral.
Une semaine après, soit le 10 février 2024, le Président Macky Sall avait accordé un entretien à l’Agence de presse américaine (AP) pour exhorter l’opposition à accepter le dialogue pour ne pas voir le pays basculer entre les mains de « forces organisées ».
« Si les acteurs politiques ne sont pas capables de s’entendre sur l’essentiel, d’autres forces organisées le feront à leur place. Et là, ils perdront le pays » avait-il mis en garde.
Ces sorties aussi polémiques les unes des autres et le silence cathédrale de sa “Task force” communicationnelle démontrent l‘isolement dont serait victime le Président Macky Sall.
Tenaillé entre les contestations internes avec la fissure de plus en plus béante entre Pro-Amadou Ba et Pro-Macky, les critiques acerbes de l’opposition et de la société civile et le bashing médiatique de la communauté internationale, le Président de le République semble de plus en plus dos au mur.
Le professeur Moussa Diaw explique ces multiples sorties du Chef de l’Etat par sa décision de reporter l’élection présidentielle et le revers politique qu’il a subi à travers la décision du Conseil constitutionnel. A cela s’ajoute un “bouillonnement social avec des manifestations”.
L’enseignant chercheur voit dans cette stratégie du président “ un exercice difficile”. Toutefois, M.Diaw trouve qu’il y a un manque de volonté politique de fixer la date de l’élection présidentielle. “Ce qu’on attend du président c’est de fixer la date de l’élection présidentielle, le reste c’est du dilatoire. Convoquer un dialogue politique, des concertations avec les acteurs, tout cela n’est que perte de temps”.
Au lieu de trouver une solution à ce problème sur lequel tout le monde l’attend, le Chef de l’Etat “cherche à gagner du temps, mettre la main sur une position politique qu’il a perdue” se désole M. Diaw.
Selon le chef de la section science politique à l’UGB, cette stratégie n’aura pas l’effet escompté. “ça m’étonnerait que les acteurs politiques le rejoignent dans ses manœuvres politiciennes derrières lesquelles il cherche à prendre sa revanche qu’il n’aura pas.”
Quid du silence de la Task force républicaine et des lieutenants médiatiques du Président ?
Ses lieutenants médiatiques, notamment la Task force républicaine ont abdiqué face à l’inouïe, à la démesure et la boulimie du pouvoir du Chef et de son cercle d’acolytes.
“La Task force républicaine n’a pas trouvé les arguments. Elle n’ose pas apparaitre dans l’espace publique dans une situation où sa voix est inaudible parce que c’est justifier l’injustifiable dans ce contexte où le président doit se conformer à la Constitution ; ce que le président ne veut pas faire”, dixit M. Diaw.
En termes beaucoup plus claires, Pr Moussa Diaw soutient que la Task force ainsi que tous les autres lieutenants médiatiques du président “n’ont pas les arguments, les outils nécessaires pour s’adresser aux sénégalais”.
En attendant de savoir ce que le président va dire, il n’est jamais tard de lui rappeler la volonté des sénégalais qui est de fixer la date de la présidentielle et non de nous noyer dans un énième dialogue.
Maderpost / Mamadou Ba