Les autorités de santé publique recommandent maintenant le port du masque non médical dans les espaces publics lorsqu’il est impossible de se tenir à deux mètres d’autrui. Cette habitude hygiénique permet, assure-t-on, de réduire la progression de l’épidémie en évitant la dissémination de gouttelettes infectées.
CORONAVIRUS – “Quand on met un masque, c’est pour protéger les autres”, expliquait par exemple François Legault, mardi dernier. Mais si le masque artisanal empêche les particules de sortir, empêche-t-il aussi leur entrée vers la bouche et le nez? Le masque non médical protège-t-il celui qui le porte?
Notons d’abord que de plus en plus d’études arrivent à la conclusion que les masques sont efficaces pour limiter la projection de gouttelettes dans l’environnement. Les auteurs d’un article scientifique paru en avril dans la revue Nature Medicine remarquaient, par exemple, que les masques chirurgicaux (non étanches, donc semblables aux masques artisanaux) éliminaient essentiellement la charge virale excrétée par les malades. Dans le New England Journal of Medicine, des chercheurs ont quant à eux rapporté, après des expériences avec des lasers, que les masques bloquaient presque toutes les gouttelettes projetées par quelqu’un qui parle.
Qu’en est-il de la protection personnelle? Évidemment, les masques de tissu bloquent les gouttelettes, que celles-ci arrivent de l’avant ou de l’arrière. Cependant, une fois que ces gouttelettes s’échouent à la surface extérieure du masque, elles peuvent rester actives pendant des heures.
Pour éviter d’être contaminée, la personne doit donc retirer son masque avec grand soin et éviter de le toucher. Ce problème ne se pose pas pour la personne potentiellement asymptomatique ou présymptomatique qui veut éviter de contaminer autrui. Celle-là est déjà malade: de retour à la maison, elle peut enlever son masque sans précaution particulière.
“Si les masques sont efficaces dans les hôpitaux [pour protéger ceux qui les portent], c’est en partie parce qu’ils sont souvent changés et correctement ajustés, et en partie parce que les employés de la santé savent comment retirer le masque sans être infectés par leur surface extérieure, qui peut abriter des virus”, expliquait à ce sujet, dans The Guardian, le professeur d’épidémiologie David Heymann, de la London School of Hygiene & Tropical Medicine.
Malgré le problème de la face extérieure du masque, d’autres spécialistes croient qu’il est erroné de prétendre que cet accessoire ne protège pas celui qui le porte lors de ses sorties. «Soyons francs: les masques peuvent protéger tout le monde contre les maladies transmises par les gouttelettes telles que la COVID-19.
La seule différence, c’est que le grand public a un risque relativement plus faible d’exposition au virus que les travailleurs de la santé», faisait valoir dans une lettre ouverte au Globe and Mail l’épidémiologiste retraité Felix Li, qui a œuvré pendant 23 ans à l’Agence de santé publique du Canada. Selon lui, les recommandations qui procurent une protection imparfaite à un grand nombre de personnes, comme le port du masque, ont souvent un effet plus marqué que les stratégies très ciblées destinées aux personnes vulnérables.
Maderpost / Le Devoir Alexis RIOPEL