« L’amour est tellement vrai lorsqu’il nait non pas par désir mais par sympathie ». Lawrence Durelle.
TRIBUNE – Le mariage est l’union la plus sacrée qui puisse faire cohabiter un homme et une femme aux habitudes et habitus différents mais par la puissance de l’amour décident de partager une vie.
L’amour qui est le fort et indispensable contenu de cette union qui s’arc-boute sur des principes socio religieux fait entrer en jeux un ensemble de paramètres qu’il faudrait bien tenir en compte et étudier.
En réalité, notre société est atypique en ce qui concerne le mariage. Elle a ses us et coutumes et des responsabilités attribuées aux uns et aux autres tendant même à en faire des lois intouchables réfractaires aux réformes.
Cependant, le mariage ne doit-il pas être cette institution bien réfléchie, construite et conçue pour que tout soit au grand bonheur des conjoints ?
Oui, en effet ceci devrait être la locomotive qui anime la relation entre les conjoints mais le fossé est énorme entre ce qui doit être et ce qu’il en est réellement. C’est pourquoi d’ailleurs, eu égard aux faits beaucoup de couples ne pensent pas que le mariage est conçu à leur grand bonheur.
Et le soubassement de leurs réponses pour la plupart des cas ne dépend intrinsèquement pas d’eux. En d’autres termes, on retrouve ici beaucoup de cas où les conjoints sont foncièrement amoureux, se comprennent et s’adaptent à leurs habitus (ensemble de comportements cf. Bourdieu) mais sont incapables de mettre des barricades aux comportements et avis extérieurs. Ce cas d’espèce est particulièrement le souci des femmes qui très souvent après le mariage rejoignent le domicile conjugal où elles vivront l’enfer après avoir grignoté juste quelques mois de « lune de miel ». Ce rituel appelé en langue wolof « seuyi » surtout dans la famille élargie engendre tout le malheur des jeunes dames. Par ricochet, cette tradition plus que symbolique est dans notre société moderne un vrai fardeau, un casse-tête ou pire l’enfer pour certaines femmes. C’est le lieu où règne la loi des gendres jamais satisfaits, des « ndieukés » qui se croient le centre du monde des « woudiou péthiorgo » (comprenez par-là les femmes des frères de nos maris) dont la méchanceté est gratuite mieux caricaturons les !
Leurs méchancetés dépendent souvent du fait que nos situations amoureuses et/ou financières sont meilleures que les leurs. A qui la faute ?
De ce fait, c’est la femme qui, par simple amour a quitté la maison de ses parents pour s’installer définitivement chez son mari est obligée de supporter les caprices d’une famille à mille problèmes à cause du fameux « mounieul ». En fait, ce sont les femmes qui maltraitent les femmes. Pauvre femme !
Tout ceci montre à quel point la gent féminine subit les foudres de leurs belles familles.
Cette société misogyne demande et attend beaucoup des femmes qui, au sein de leur ménage doivent supporter toute sorte de sautes d’humeur.
Outre, saviez-vous que certains hommes souffrent le martyr dans leur ménage ?
Considéré comme le maillon fort du mariage, l’homme sénégalais disent-ils a la lourde responsabilité de prendre en charge financièrement sa femme. Cette dernière lui doit une soumission presque sans faille. Mais, le constat est, actuellement, ces femmes surtout la trentaine jeune intellectuelle a fini de démystifier cette façon de faire. Pour elles, c’est carrément en déphasage avec l’évolution de notre société. Ces femmes « émancipées » ignorent tout le fondement du mariage et créent de nouvelles règles. Depuis le temps ou ces jeunes dames sur le plan professionnel pèsent autant ou même plus que les hommes la domination patriarcale s’effrite de jour en jour.
A vrai dire, ces femmes ont le background qu’il faut pour se rivaliser sur le plan professionnel avec leurs époux et à partir de là un problème d’égo s’invite dans leur ménage. Et cela se manifeste surtout lorsque ces derniers vivent le « tégal ma tég ». Ce terme désigne tout simplement une participation ou répartition égale des dépenses au sein du foyer. Chose qui a tendance à donner à la femme une parcelle de pouvoir qu’elle a du mal à gérer positivement. Au contraire, elle en fait une arme pour coincer son mari, lui faire des chantages sur ses propres devoirs d’épouse. Un égo mal placé, des caprices chiants, des bisbilles récurrentes toutes sortes de querelles dont le fond reste très souvent sans aucune cohérence détruisent à petit feu le couple. Disons-le sans tergiverser, sur ce coup les femmes savent bien provoquer et énerver leurs maris. Elles s’imaginent une nouvelle autorité toute faite du moment où elles occupent le même rang social que les hommes au point de ne plus faire la part des choses. Parce qu’en réalité, même être première dame de la République n’enlève et ne nous épargne en rien du rôle d’épouse que nous devons jouer et cela ne doit pas nous faire pousser des ailes. Que chacun fasse ses devoirs et dans le respect mutuel ! Bien que certaines femmes aiment faire leur mijaurée.
De ce fait, voici d’ailleurs tout l’intérêt de faire la différence entre le féminisme prônait par les occidentaux et celui des pseudos féministes sénégalais. Puisque le rappel profite aux croyants, prêchons socio_logiquement !
D’abord, il faudrait qu’on dise à certaines femmes que les réalités sociales ne sont pas les mêmes. Le mariage étant une institution sociale, il ne saurait que s’accommoder de sa société de référence. C’est dans ce sillage que le mariage devient naturellement un objet sociologique dés lorsqu’il verse dans le conformisme social (goût des formes officielles), adopte « la bonne volonté à l’égard des attentes parentales » ou encore « l’attachement à la communauté locale d’origine », écrivait déjà le sociologue Michel Bozon en 1992.
Ainsi, les arguments des féministes sénégalaises qui réclament une « nouvelle autorité » face à l’homme qu’elles voient comme leur bourreau pour la bonne et simple raison que leurs épouses s’agenouient devant eux (en leur donnant de l’eau à boire par exemple) est en déphasage avec notre société moderne sont à balayer d’un revers de main. En effet, vivre dans la modernité ne veut pas dire forcément s’arroger le droit de tout réformer. Chaque société a des pratiques sociales qui lui sont spécifiques et dont le changement reste perplexe bien vrai que les formes ou formalités peuvent être revues. Nous sommes très conscientes de cela. Mais on ne construit pas du neuf sur du vieux !
Mais enfin, certaines femmes ont le temps de faire des snaps à longueur de journée avec leur maquillage d’une actrice au festival de cannes mais pas la moindre minute pour s’occuper d’un époux.
Outre, notre société est tellement patriarcale qu’il importe de procéder par diplomatie pour sauver son couple des effets du modernisme.
Ensuite, nous ne saurons pas laisser en rade ces femmes qui dépérissent dans leur ménage parce que leurs maris abusent de leur soi-disant autorité. En effet, dans notre société on ne fait pas trop d’efforts pour rappeler aux hommes que leurs femmes ne sont pas leurs esclaves encore moins leurs moutons de panurge sans décision ni idées. Au contraire ce sont des êtres bien-pensants avec qui, il serait plus judicieux et utile de collaborer qu’autre chose. La femme est un partenaire pour l’homme dès lors qu’elle a quitté son domicile familial après y avoir vécu l’essentiel de sa vie. Elle a besoin d’une oreille attentive, d’une épaule de consolation et tout acte réconfortant. Mais, notre société impose trop de conditions, rappelle trop de devoirs aux femmes et érige les hommes en héros. Ces hommes irresponsables qui ne prennent pas soins de leurs femmes encore moins de leurs enfants ne méritent aucune considération.
Ce sont de jeunes hommes aux têtes vides, des farfelus qui compensent leur faiblesse et manque par la violence. Ils sont soit dans des futilités abusives au point de ne pas satisfaire les besoins domestiques de leurs femmes mêmes les plus primaires soit ils manquent de courage et de personnalité pour les protéger des démons qui rôdent autour de leur ménage. D’autres types d’hommes les princes hautains et assoiffés d’autorité se croient avoir un chien de garde qui ne ménage aucun effort afin d’obéir leurs plus fou, incohérent et impertinent ordre. Là, c’est « je décide et tu appliques ». Il n’y a que leurs impertinentes idées qui comptent. La femme n’a presque jamais son mot à dire. Et même si elles essaient de poser leurs arguments, ces petits hommes bandent leurs milligrammes de muscles faisant savoir que c’est eux qui décident. Ah le fameux « may seu kilifeu », ils aiment bien rappeler que c’est eux le chef de famille et le dernier mot leur revient ! D’ailleurs voici une des formes de violences que subissent beaucoup de femmes.
La communication ne doit pas se faire de façon unilatérale, dans un couple le « Nous » doit beaucoup prendre le dessus sur le « Je ». Puisque chacun a un rôle à jouer, les conjoints doivent être des partenaires qui se respectent et évitent dans tous les cas de blesser l’autre. Chaque ressenti compte, personne n’a plus de droit que personne.
Enfin, à l’heure où nous en sommes, tous ces problèmes listés favorisent les divorces. A vrai dire, l’incompatibilité d’humeur, le défaut d’entretien et les problèmes avec la belle famille sont le package qui répond mieux à la lancinante question sur les nombreux divorces notés ces dernières années. (Fatou Binetou Dial, Mariage et divorce à Dakar, Karthala, 2008).
En fait, d’aucuns ont constaté que les jeunes ont un sérieux problème à faire durer leur mariage. Les arguments précités expliquent davantage le pourquoi. Et pourtant, étant dans une société aux-temps-tics, à mon humble avis aujourd’hui le courant devrait passer plus vite pour des conjoints partageant les mêmes centres d’intérêt et donc la même génération. Tous les ingrédients qui concourent à solidifier un couple sont assez présents pour que jaillissent le bonheur sur le visage des époux. Mais hélas !
Le climat social doit être mieux adapté pour les partenaires de vie dont le fruit de leur amour s‘il existe (enfant) devra prendre le prisme sur toutes leurs actions.
Enfin de compte, à l’ère du numérique, nombreux sont les couples qui tentent de sauver les apparences mais au fond et en toute sincérité ne sont pas heureux.
Toutefois, eu égard aux arguments développés plus haut, il importe de signaler qu’au Sénégal, les femmes souffrent et subissent beaucoup dans leur ménage. Certaines ne sont ni protégées par leurs maris ni par leurs propres familles promptes à leurs dire « mounieul » dans les moments les plus sombres.
Mais mounieul à quelles fins ?
Jusqu’où ira-t-on avec cette fameuse expression ?
Salimata DIENG, sociologue du travail et des organisations
Maderpost