Réagissant au discours d’Emmanuel Macron sur le «séparatisme islamiste», le Guide suprême des Frères musulmans* estime que ces propos sont inexacts «même d’un point de vue laïc». Il s’est ensuite lancé dans «des menaces à peine voilées contre la France», selon Marianne.
INTERNATIONAL – Lundi 5 octobre, le Guide suprême des Frères musulmans, Ibrahim Mounir, a publié un communiqué visant à exprimer son désaccord avec le discours d’Emmanuel Macron prononcé trois jours plus tôt sur la future loi «contre les séparatismes», particulièrement tournée contre le «séparatisme islamiste». D’après le magazine Marianne, qui a rapporté ses propos, il a également proféré «des menaces à peine voilées contre la France».
Ibrahim Mounir estime dans un premiers temps que Macron, lequel a cité les Frères musulmans parmi les associations contrevenant aux lois de la République, n’a pas respecté «les sentiments de plus de deux milliards de musulmans». Il pointe à ce propos une «flagrante contradiction» du Président entre son discours et «la liberté des humains, de l’égalité entre eux et de leur droit à exprimer leurs convictions».
Le leader de l’organisation islamique rappelle ensuite que «la pensée de la confrérie des Frères musulmans, qui émane de la religion à laquelle ses partisans sont attachés, a toujours su vaincre les bavures de certains régimes, qui œuvrent délibérément pour les pousser à renoncer à leur religion, et qui usent de dépassements illégaux et inhumains en vue de dénaturer cette religion». «Et tout le monde suit et connait ces dépassements», ajoute-t-il.
M.Mounir conclut en s’adressant directement à Emmanuel Macron: «Nous ne nous attendions pas à ce que votre discours porte de telles accusations que les gens trouvent inexactes, même d’un point de vue laïc». «Nous aurions préféré que cela ne soit pas proféré par la voix du Président de la République française».
Réactions au discours de Macron
L’offensive contre le «séparatisme islamiste» d’Emmanuel Macron n’a pas non plus fait l’unanimité au sein de la sphère politique française. Le 2 octobre, il a introduit son discours en admettant que «l’islamisme radical» était le cœur du sujet. Le projet de loi sera présenté le 9 décembre et débattu au Parlement en 2021.
Parmi les mesures citées, une obligation de neutralité dans les services publics, la possibilité de dissoudre des associations notamment «pour atteinte à la dignité de la personne» ainsi qu’une charte de laïcité obligatoire pour les associations qui demandent des subventions. Le chef de l’État a également exprimé sa volonté de bâtir «un islam des Lumières» en renforçant la formation des imams en France.
«Ce texte sera un coup pour rien», prédit le député Les Républicains Éric Ciotti. Marine Le Pen déplore quant à elle que «rien» n’ait été dit sur l’immigration, «terreau du fondamentalisme islamiste», tout en reconnaissant qu’un «certain nombre de ces mesure vont dans le bon sens».
Pour Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, ce discours est «une mise en scène dramatisante absolument inutile», puisque «la loi telle qu’elle est aujourd’hui permet de réprimer les actes délictueux tels que d’éventuels prêches, de quelque religion que ce soit». Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, regrette l’absence d’une inflexion de la politique économique et sociale.
Maderpost / Sputnik