La présidentielle sénégalaise de février prochain est une belle occasion pour les électeurs, la société civile et les médias d’éprouver les candidats définitifs sur les nombreuses questions essentielles de souveraineté économique qui assaillent le pays ainsi que celle sombre de la boulimie foncière (Savana, Pointe Sarène par exemple) fort présente sous les deux régimes libéraux (2000 – 2023) parsemés de scandales fonciers dont plusieurs irrésolus.
FONCIER – Les corniches Est et Ouest transformées en blocs de béton n’intégrant aucun projet de ville ni perspective urbaine sinon des intérêts particuliers sont autant d’aspects sur lesquels les candidats doivent exprimer leurs avis et vision tout comme pour les coins paradisiaques de la Petite Cote, tel la Pointe Sarène par exemple, et autres cessions de terres agricoles au profit de capitaux sans plus d’amélioration de condition de vie des habitants.
En début de semaine, Maderpost s’intéressait au Savana dans un article dans lequel il soutenait que les promeneurs, sportifs, et plus particulièrement les amoureux des corniches de la capitale risquaient de déchanter en voyant des blocs de béton prendre place côté Corniche Est, au Savana particulièrement dont on parle de l’effacement de la carte. Ce qui entraînerait bien entendu des conséquences immédiates sur un pan d’histoire de Dakar et la natation sénégalaise, sur le paysage de la corniche Est, le poumon vert que constitue cet hôtel Savana, voire l’aspect sécuritaire du site abritant les plus hautes autorités civiles et militaires.
On parle de six niveaux de blocs de béton dans un espace peu ordinaire sur lequel fut interdit, en dépit de fortes pressions, la construction de quatre hôtels de chaine de réputation mondiale pour des raisons sécuritaires.
En effet, là où le Mercure a échoué à la Plage des Enfants, dans le contre-bas du Pullman anciennement Teranga, d’autres brands à Anse Bernard, au Niani, on pourrait voir des blocs de béton ériger au Savana au profit dit-on d’un certain Amadou Diagne Loum, qui plus est dans une zone du Cap Manuel hautement sécurisée du fait qu’elle abrite l’arrière-cour de la présidence, le petit palais, résidence officielle du chef de gouvernement où a établi ses bureaux le Premier ministre Amadou Ba, par ailleurs candidat à la présidentielle de 2024, les résidences du Chef d’état-major général des armées, le Haut commandement de la gendarmerie nationale.
Le problème n’est de s’en prendre à l’homme d’affaire sénégalais propriétaire du Club Med des Almadies où il est attendu un Sheraton depuis plus de dix ans, le Club Aldiana où il est attendu un Club Med depuis la même période, même si cela nous amène à nous demander si tant de béton sur le site Savana ne laisse pas augurer d’une privatisation du littoral comme cela se voit et a été le cas sur le terrain du club Med des Almadies où l’hôtel a donné place à des villas de luxe
Le problème est de préserver un cadre naturel et historique afin de le léguer aux générations futures pour qu’elles vivent et partagent un idéal que la nature a offert aux Dakarois à travers ses corniches de plus en plus livrées à des opérateurs qui les transforment en bastion de richesses au seul bénéfice de l’expression exclusive du pouvoir d’argent.
Nous sommes en droit de nous interroger, ce d’autant que l’homme d’affaire a été cité en mars 2022 par un membre du Collectif des jeunes de Pointe Sarène dans un intitulé « Pointe Sarène axe scandales fonciers ».
Cette affaire foncière de Pointe Sarène fit les choux gras de la presse.
Ledit collectif impliquant l’homme d’affaire et le ministre du Tourisme de l’époque, Mame Mbaye Niang, « dévoilait » « comment une bande a détourné 14 milliards 9 cent millions de francs CFA ». Vrai, Faux ! Cela fit beaucoup de bruit et l’on ne sait pas si le ministre porta plainte à l’époque contre X, comme il l’a fait les heures dernières contre des Tik Tokeurs s’en prenant à son honorabilité.
Toujours est-il que ledit collectif des jeunes évoquait l’ambition du milliardaire espagnol Luis Riu patron de RIU Hotels & Resorts, une chaîne hôtelière espagnole fondée en 1953 par Jean Riu comptant des hôtels dans les meilleures destinations du monde, d’acquérir 25 hectares à Pointe Sarène en 2018.
Selon les dires du collectif des jeunes de Pointe Sarène, lesdits 25 hectares passèrent de main en main. D’abord pour le compte d’Amadou Loum Diagne, à raison de 6000 FCFA pour un total d’un milliard cinq cent millions FCFA, ensuite à l’Espagnol à raison de 65 000 FCFA le même mètre carré, soit près de 15 milliards FCFA. Ledit collectif parla de délit d’initié.
Serait-ce une cabale contre le ministre Mame Mbaye Niang et Loum Diagne ? Serait-ce une dénonciation légitime ? La constante reste néanmoins la récurrente question foncière sur laquelle il devient impératif de s’arrêter afin de dégager toute forme de prédation.
L’occasion faisant le larron, la présidentielle 2024 est plus que jamais propice pour prendre rendez-vous avec un nouveau paradigme foncier renforcé par des politiques publiques, environnementales, urbaines et décisions de l’Etat central chargées d’étique et équité pour le bien de tous les Sénégalais.
Maderpost