L’association Guédiawaye hip-hop a élevé l’artiste rappeur Matador au rang de ‘’Grand Master’’ (Grand Maître) du hip hop, une manière de célébrer sa contribution au développement de ce courant musical.
Matador, Babacar Niang à l’état civil, est membre fondateur du groupe mythique ‘’Wa Bmg44’’ de la banlieue dakaroise de Thiaroye, un des précurseurs du hip hop au Sénégal et en Afrique.
L’hommage s’est déroulé, mercredi, lors du lancement officiel de la onzième édition du festival ‘’Guédiawaye by rap’’, dont le thème est « We celebrate Matador (nous célébrons Matador) ».
L’artiste a reçu cette distinction lors d’un concert organisé au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose et animé par le jeune rappeur Ashs the best.
‘’Nous [G hip hop] avons choisi de célébrer Matador parce que dans les années 1990, nous l’avons vu faire du rap. Il est l’un des précurseurs du hip hop en Afrique et particulièrement au Sénégal’’, a expliqué le rappeur Malal Talla alias Fou malade.
Le rappeur Matador a été élevé ‘’Grand Master Matador’’, a-t-il fait savoir.
Selon lui, ‘’célébrer Matador, c’est aussi revisiter trente ans de trajectoire opulente qui va de 1992 jusqu’à ce qu’il soit au sommet de son art aujourd’hui’’.
« Rendre hommage à Matador, c’est faire allégeance au hip hop sénégalais », a-t-il lancé.
« Trente ans de hip hop sénégalais, c’est presque autant d’années que notre homme a vouées à l’édifice de ce mouvement que nous chérissons tant, et auquel cette série d’œuvres commémoratives est dédiée », a poursuivi Fou Malade qui, à travers une exposition, est revenue sur le parcours de l’enfant de Thiaroye, dont le nom à l’état civil est Babacar Niang.
L’exposition a marqué l’attention des visiteurs sur les nombreuses réalisations de Matador mais aussi celle de sa famille du hip hop.
Pour Fou Malade, immortaliser « les actions héroïques » d’un artiste de son vivant est ‘’l’essence même de notre culture, habituellement exprimée sous forme d’auto-proclamation, de l’ego trip, pour reprendre un terme du jargon de notre milieu’’.
« Nous avons porté cette célébration à son honneur parce qu’il incarne parfaitement les valeurs intrinsèques de la culture urbaine, que sont +Peace, Love, Unity And living fun+ (paix, amour, unité et plaisir de vivre) », a fait valoir le président de G hip hop.
Présent à cette soirée, le secrétaire d’Etat à la Culture, Bakary Sarr, en charge des Industries culturelles et créatives et du Patrimoine Historique au ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture estime que le hip hop fait partie du patrimoine culturel.
‘’Nous accordons une place de choix au hip hop dans l’élaboration des politiques relatives à la culture parce que nous sommes convaincus de son apport substantiel, en raison de sa nature combative dans la souveraineté prônée par nos autorités’’, a déclaré M. Sarr.
‘’Le mouvement hip hop s’illustre de manière cruciale à chaque fois que l’avenir du Sénégal est en jeu à travers leur engagement citoyen’’, a-t-il souligné.
Le rap, longtemps considéré comme une musique de contestation aux Etats-Unis ou en Afrique, notamment au Sénégal, demeure aussi, selon les acteurs, une vraie force de propositions.
‘’Dans les années 1990, dans la banlieue dakaroise, à Thiaroye en particulier, dire que la société avait réservé à la jeunesse de ces contrées un avenir de délinquant, relevait d’un secret de polichinelle’’, a rappelé Matador, désormais élevé au rang de « Grand Master Matador ».
Il a confié avoir très vite compris que le hip hop et ses disciplines dérivées pouvaient dissuader cette jeunesse dont il fait partie de ce chemin périlleux.
Le lancement de la 11ème édition a enregistré la présence d’éminentes personnalités de la culture urbaine, en l’occurrence les rappeurs Didier Awadi de l’ancienne génération et Dip Doundou Guiss de la nouvelle vague, entre autres.
Matador a fait sa première production en 1998. En 2004, il a remporté le prix du meilleur album de l’année. Quatre ans après, il met sur le marché l’album solo tant attendu ‘’Xippil xoll’’ (Ouvre les yeux et regarde en wolof) qui tient toutes ses promesses.
Il s’est investi dans le développement du hip hop et préside ‘’Africulturban’’ (Association de 900 jeunes Hip hop) et reste plus que jamais le représentant de la « basse classe », voix des sans voix.
Le festival Guédiawaye By Rap se poursuit jusqu’au 29 décembre dans la capitale sénégalaise avec ce jeudi un concert à la prison du Camp pénal.
Maderpost / Aps