Dur pour les lecteurs de l’APS et particulièrement pour les agenciers et décideurs dignes de ce nom, de lire l’Agence de presse sénégalaise (APS) dont la notoriété, crédibilité, fiabilité et rigueur ne souffraient d’aucun doute, tant en Afrique que partout ailleurs dans le monde, mais il faut croire que ce qui faisait la grandeur et primeur incontestées de l’APS en Afrique de l’Ouest a fondu pour se conjuguer en menu fretin de condition de travail et comptes rendus indignes d’une telle agence.
APS – Les libéraux, d’abord Me Abdoulaye Wade, ensuite Macky Sall son successeur, ont-ils tué APS ? Il faut que croire oui !
Aussi paradoxal que celui puisse paraître justement de leaders et chefs d’Etat se réclamant de la famille libérale, pour qui pourtant, l’information politique et de marché est essentielle pour le dynamisme et le développement de la démocratie et de la libre entreprise.
Savent-ils seulement que les organes, quels qu’ils soient, n’ont jamais mieux servis aussi bien les décideurs politiques et sociaux et le marché qu’en reprenant les articles d’agences aux tentacules et cellules plus importantes et disséminées dans les coins et recoins du pays ?
Le Sénégal, à l’instar des autres pays ayant rapidement compris l’importance des agences au style d’écriture passée au peigne fin, avait vite fait de miser sur l’APS dont la rapidité de l’information a pris une avancée significative avec l’avènement des TIC. Bien avant plusieurs agences ou pseudo agences nationales étroitement surveillées et parfois inexistantes, l’APS a pris ses marques pour s’imposer, aussi bien sous Léopold Sedar Senghor qu’Abdou Diouf, comme la Mecque des agences de presse nationales en Afrique.
Cependant, la politisation a outrance au bénéficie de la propagande gouvernementale constatée chez les titres gouvernementaux a glissé de plus en plus à l’APS sous les libéraux ou plutôt ceux qui s’en réclament, entraînant une déliquescence et l’inféodation à l’image de plusieurs titres privés.
Les difficultés d’accès au site d’APS, les lenteurs observées sur ses pages, les coquilles de plus en plus nombreuses, les récentes remontrances d’un photographe étranger dont une œuvre a été utilisée “sans autorisation” par APS a fait mal aux journalistes de la maison, surtout que le photographe reste convaincu que l’agence a “vendu” sa photo.
Ce qui est loin d’être vrai. L’APS “pompée par tout le monde ne gagne pas un franc”, dit, à raison, un journaliste de la maison à Maderpost. Mais le mal est fait.
“Cette photo n’est pas libre de droit, elle est publiée sans accord ni de l’auteur ni de Jeune Afrique, cette pratique n’est pas digne de l’Agence de Presse Sénégalaise qui est une référence au Sénégal et à l’international.”, dit le réclamant.
“Toutefois, la baisse de la qualité des papiers, les nombreuses coquilles, et la chute de la production, sont devenues une réalité chez nous. C’est triste à dire, mais c’est ainsi, l’APS est en train de perdre son âme d’agence. Nous savons tous pourquoi, mais il faut croire qu’on s’en fiche quelque part. Voilà où nous mène la politisation à outrance. On fait parachuter qui on veut, celui-ci nomme qui il veut, sauf quelqu’un de rigoureux et ça cela donne ce pataquès. Tout le monde regarde parce que cela arrange tout le gratin politique et jusqu’au palais. C’est pitoyable”, dit un journaliste.
Question simple de Maderpost. Jusqu’où le Président Macky Sall va-t-il laisser pourrir cette situation indigne de l’APS qui mérite bien plus d’égard qu’il en a eu lui-même pour elle ?
Charles FAYE